Avec Jagged Edge,
avant dernier long-métrage du réalisateur Richard Marquand qui
avant cela réalisa notamment Psychose Phase 3
en 1979, Le Retour du Jedi
en 1983 et French Lover
l'année suivante, les spectateurs furent victimes en 1985 de l'une
des manipulations les plus remarquable à laquelle ait donné
naissance le septième art. Scénariste, journaliste et romancier, le
hongrois Joe Eszterhas a en effet écrit un scénario dont la
perversité n'a d'égal que son incroyable dénouement. Pourtant,
Jagged Edge
qui chez nous est sorti sous le titre À Double
Tranchant,
a tout du long-métrage classique mettant en scène le procès d'un
homme accusé du double meurtre de son épouse et de leur
gouvernante. Mais là où l’œuvre de Richard Marquand se démarque
du tout commun, c'est dans l'évolution de l'intrigue et donc, du dit
procès, où chaque intervention, chaque témoin vient remettre en
cause les acquis. Pour accentuer le réalisme et faire de l'héroïne
remarquablement interprétée par l'actrice Glenn Close, la
''victime'' elle aussi des apparences, scénariste et réalisateur
lui font porter le poids de la mort d'un homme qu'elle n'a pas su
faire acquitter quatre ans plus tôt alors qu'elle le savait
innocent. Un condamné qui d'ailleurs vient justement de se suicider
dans sa cellule, quelques jours seulement avant le procès de Jack
Forrester, l'homme accusé d'avoir tué sa femme et la gouvernante.
De quoi fragiliser l'avocate Teddy Barnes...
Comme
le veut ce type de long-métrage, une bonne partie est consacrée au
procès à proprement parler. Aux côtés d'un Jeff Bridges séducteur
incarnant Jack Forrester et face à un Peter Coyote capable de faire
disparaître des éléments de l'enquête n'allant pas dans le sens
qu'il voudrait voir prendre au procès, Glenn Close campe une avocate
en tailleur couleur crème, brune ou bleue, rayé ou non pour laquelle chaque détail
compte (n'impose-t-elle pas à son client de porter un costume de
couleur bleu foncé ?). Au détour de plusieurs séquences, le
spectateur aura tout loisir de retrouver des seconds rôles
intéressants. À l'image de Lance Henriksen, de Marshall Colt
(lequel est essentiellement connu chez nous pour avoir été l'un des
deux personnages centraux de la série télévisée Loterie
diffusée en 1983), de James Karen (que l'on a pu notamment découvrir
dans certaines œuvres fantastiques telles Poltergeist
de Tobe Hopper en 1982,
Le Retour des Morts-Vivants
de Dan O'Bannon en 1985 ou L'Invasion vient de
Mars l'année
suivante). Mais l'on retiendra certainement surtout celle de Robert
Loggia qui dans la peau de l'investigateur Sam Ranson est fidèle à
lui-même, c'est à dire totalement crédible...
Ici,
le spectateur ne doit surtout pas s'attendre à de quelconques scènes
d'action ou de cascades. Pas de fusillades entre police en gangsters.
Non, juste le récit diabolique d'une affaire judiciaire que seuls
les plus malins ou les plus aguerris à ce genre de mécanique
parviendront à dénouer avant les toutes dernières minutes. Glenn
Close et Jeff Bridges brillent dans ce duo dont la relation s'avère
parfois ambiguë plus que de mesure. Peter Coyote en avocat
impitoyable capable d’annihiler tout sens moral au profit du
résultat est lui aussi remarquable. En fait, ce qui généralise les
personnages de cette incroyable machination demeure cette forme
d’ambiguïté qui parasite un certain nombre d'entre eux. Jagged
Edge
est une très grande réussite. Richard Marquand et ses interprètes
font honneur au scénario de Joe Eszterhas. Imparable !!!
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