Drôle de film que The
Corpse Grinders
de Ted V. Mikels qui signifie littéralement Les
broyeurs de cadavres.
Tout un programme pour une œuvre crapoteuse, sorte de mixture
hybridant Uninvited
de
Greydon Clark et son chat meurtrier avec le Motel
Hell
de Kevin Connor et son couple de fermiers produisant une viande fumée
d'origine disons... plus que douteuse. Visiblement fauché comme les
blés, le film revêt une esthétique générale vraiment spéciale.
Des décors sordides, et des interprètes piochés on ne sait où
(maisons de retraite ? Asiles de fous ? Campagne profonde?)
incarnant des individus tous plus louches les uns que les autres.
Autant dire que la joie et la bonne humeur ne sont pas les premières
sensations qui se dégagent de The Corpse
Grinders.
Le genre de pellicule qui dérange, met mal à l'aise. Décors
crasseux, polos tâchés, œil glauque et regard de poisson mort.
L'univers dépeint est désespérant de tristesse mais offre
immédiatement au long-métrage son cachet d’œuvre culte ! Le
genre de film que l'on rangera dans la même catégorie que le Buio
Omega de
Joe D'Amato, le Blood Feast
ou le 2000 Maniac
de Herschell Gordon Lewis, La dernière maison
sur la gauche de
Wes Craven, I Drink Your Blood
de David E. Durston, le Bloodsucking Freaks
de Joel M. Reed ou encore l'un des plus mythiques d'entre tous (bien
que beaucoup trop surestimé), The Last House on
Dead End Street
de Roger Watkins...
L'histoire
met en scène Caleb (l'acteur Warren Ball qui après deux comédies,
puis The Corpse Grinders et
enfin un court-métrage, ''pfuiiit'', disparaîtra des radars) et son
épouse Cleo (Ann Noble dont la carrière ne fera pas non plus de
vagues avec cinq films seulement entre 1970 et 1973), deux redneck
parmi les plus étranges auxquels ait donné naissance le septième
art. Lui, récupère des cadavres récemment enterrés afin de les
vendre au boss de l'entreprise Lotus
Cat Food Company. Elle, passe son temps à prendre soin de sa poupée
qu'elle traite comme sa propre fille. Autant dire que ces deux là
sont complètement en marge de la société. Habités jusque dans les
vêtements qu'ils portent, les deux interprètes incarnent un couple
sinon terrifiant, du moins dérangeant. Le boss de la Lotus Cat Food
Company s'appelle
Landau et est quant à lui interprété par l'acteur Sandorf
Mitchell. Inutile de préciser que comme les deux précédents et
comme le reste du casting d'ailleurs, ce dernier n'a pas fait de
grande carrière au cinéma puisque celle-ci s'est subitement arrêtée
en 1973. On se dit qu'après avoir fait la connaissance du couple
Caleb/Cleo on va pouvoir respirer un peu d'air frais. Mais c'est mal
connaître le réalisateur et ses scénaristes Arch Hall Sr. et Joe
Cranston qui persévèrent dans la description d'une Amérique
malade. Les employés de la Cat
Food Company
n'ont absolument pas besoin d'ouvrir les lèvres pour s'avérer
eux-mêmes très malaisants. Drucilla Hoy et Charles Fox (lesquels
auraient mérité une place de choix parmi les figurants de Vol
au dessus d'un nid de coucou
de Milos Forman) incarnent respectivement un vieillard physiquement
repoussant ainsi qu'une drôle d'employée muette et unijambiste !
On
l'aura compris, l'intrigue tourne autour d'une entreprise alimentaire
spécialisée dans la nourriture pour chats. Une usine qui pour
pallier à ses difficultés financières passe par un réseau très
particulier, celui qui permet justement à Caleb et son épouse de
gagner leur vie. Des boites de conserve préparées à base de viande
humaine. Bon appétit ! The Corpse Grinders
prend
alors une tournure étonnante. En effet, après l'absorption de la
dite nourriture, les chats deviennent agressifs et commencent à s'en
prendre à leurs maîtres. Le docteur Howard Glass (Sean Kennedy,
seul acteur ayant poursuivi une véritable carrière dans le cinéma)
et l'infirmière Angie Robinson (Monika Kelly) décident d'enquêter
après qu'une attaque féline ait fait une nouvelle victime. Pas le
temps de s'ennuyer devant ce petit film horrifico-policier dont la
durée n'excède pas les soixante-treize minutes, génériques de
début et de fin compris. Dans le numéro 32 du magazine américain
Psychotronic
Video,
Ted V. Mikels révélait que le scénario lui plaisait tant qu'il en
négocia le tarif auprès d'Arch Hall immédiatement après l'avoir
lu. Depuis sa sortie, The Corpse Grinders semble
avoir attiré nombre de ''fanatiques'' puisque partout dans le monde,
certains continuent à évoquer le film lorsqu'ils rencontrent son
réalisateur. Reconnaissons tout de même qu'en matière d'horreur le
film s'avère relativement ingrat envers les amateurs. Peu de sang et
encore moins de gore, le film trouve surtout son intérêt dans son
étrange casting et son scénario original...
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