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mardi 22 octobre 2024

Trap de M. Night Shyamalan (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Après avoir signé un certain nombre d’œuvres plutôt remarquables dont Le village en 2004 est et demeurera sans doute à jamais mon préféré et d'autres déjà nettement plus anecdotiques, pour ne pas dire carrément ratées (After Earth en 2013), le réalisateur, scénariste et producteur américain d'origine indienne M. Night Shyamalan semble avec son dernier né intitulé Trap, avoir décidé de marquer le pas. Comme épuisé par l'incessant travail de réflexion qui le contraint chaque fois à renouveler la matière nécessaire permettant à ses fans de se satisfaire de ses ingénieux twists qui en général surviennent en fin de récit. À l'issue d'un spectacle parfois objectivement ''spectaculaire'' (si l'on oublie de recouper l’œuvre avec l'une des grandes références signées par Brian De Palma en 1998, Snake Eyes), il n'est pas impossible de rester coi devant l'aventure assez pittoresque à laquelle nous venons d'être conviés. Alors que la seconde partie peut être envisagée comme la pleine expression d'un mythe qui veut qu''en chassant le naturel, celui-ci revient au galop, la première prend une tournure qui l'éloigne de cette intimité qui définissait à une certaine époque, la relation qu'entretenaient entre eux certains personnages créés par le réalisateur. Dans le rôle de Cooper Abbott, l'excellent Josh Hartnett incarne un père de famille qui accompagne sa fille lors d'un concert donné par Lady Raven (chanteuse interprétée par la fille de M. Night Shyamalan, Saleka Shyamalan). Alors que la star du R'N'B enchaîne les tubes et les costumes, plusieurs centaines de membres d'une unité d'intervention débarquent sur place afin de circonscrire les lieux. Le but de ces hommes surarmés conduits par la profileuse Josephine Grant (l'actrice britannique Hayley Mills) est clair : il s'agit en effet pour eux d'identifier et d'arrêter celui que les médias nomment Le Boucher. Un tueur en série qui à ce jour a fait douze victimes. Piégé parmi des milliers de fans venus assister au concert de leur chanteuse préférée, M. Night Shyamalan ne fait pas longtemps mystère de l'implication de Cooper dans toute cette affaire puisque d'emblée l'on comprend à travers une vidéo diffusée en direct par son propre téléphone qu'il est lui-même ce tueur monstrueux qui après avoir torturé puis assassiné ses victimes les a découpées en morceaux avant de les abandonner à différents endroits... D'une part, cette première partie semble être l'occasion pour le réalisateur de mettre en avant sa fille Saleka qui dans la vie est chanteuse.


Une promotion spectaculaire qui lui permet de la mettre en scène lors d'un show musical millimétré. M. Night Shyamalan ne se contentera pourtant pas de lui offrir uniquement l'opportunité d'apparaître sous ses apparats d'artiste-chanteuse mais lui octroiera également plus tard un rôle plus important qu'il n'y paraît. Si Trap semble s'éloigner du schéma habituel du réalisateur, c'est d'abord parce qu'avec un luxe de détails tous plus absurdes les uns que les autres, M. Night Shyamalan s'amuse à confronter le héros à une armada de flics lors de séquences durant lesquelles il parvient à éviter les pièges un peu trop facilement. Et ce, à un tel degré d'invraisemblance qu'il paraît évident que le réalisateur a choisi de prendre à contre-pied les attentes du public. Plus qu'un thriller, Trap a tout l'air de vouloir fureter avec la comédie. Ce qui, à force, est effectivement le cas. Porté par un Josh Hartnett véritablement iconique, accompagné par la jeune Ariel Donoghue qui incarne la fille du tueur, Riley, le long-métrage a beau montrer la facette la plus ironique de son auteur, le spectacle est bien là. La seconde partie,bien que n'étant pas totalement dénuée de séquences aussi improbables que lors de la première moitié, M. Night Shyamalan l'envisage par contre d'une toute autre manière, revenant à ses premières amours, chassant le bruit et la fureur de la salle de concert pour prendre comme cadre l'intimité du tueur. Le réalisateur semble alors reprendre goût au genre qui habituellement définit précisément son style, Josh Hartnett continuant ainsi de hanter l'objectif de la caméra. Si l'on accepte le principe imposé par son auteur, Trap se révèle être une bonne surprise. Même si la facilité avec laquelle le tueur s'en sort à chaque fois tue le suspens dans l’œuf ! On remettra en outre en question la scène lors de laquelle la fille du réalisateur tente de se faire passer pour la mère du tueur lors d'une séquence de manipulation psychologique totalement ridicule. Ou lorsque la jeune femme est enfermée dans la salle de bain des Abbott et que derrière celle-ci, le père de famille/tueur en série la tambourine plutôt que d'essayer de la défoncer ! Des séquences qui participent sans doute de la volonté de M. Night Shyamalan d'observer une mise en scène volontairement moins réfléchie que par le passé. Un pied de nez flagrant qui ne plaira pourtant pas forcément à tout le monde...

 

 

 

2 commentaires:

  1. Vu au ciné cet été, comme tu le sais. D'accord avec ton article. Un film assez surprenant (je m'attendais à autre chose) mais un Shyamalan mineur. Si mes souvenirs sont bons, pas un coup de feu ni une goutte de sang versée. L'inanité dans laquelle évolue cette pauvre "génération Z", entre réseaux "sociaux" et pseudo-artistes archi-commerciaux dont il ne restera rien, est bien retranscrite.

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