Après avoir signé un certain nombre d’œuvres plutôt
remarquables dont Le village en
2004 est et demeurera sans doute à jamais mon préféré et d'autres
déjà nettement plus anecdotiques, pour ne pas dire carrément
ratées (After Earth en
2013), le réalisateur, scénariste et producteur américain
d'origine indienne M. Night Shyamalan semble avec son dernier né
intitulé Trap,
avoir décidé de marquer le pas. Comme épuisé par l'incessant
travail de réflexion qui le contraint chaque fois à renouveler la
matière nécessaire permettant à ses fans de se satisfaire de ses
ingénieux twists qui en général surviennent en fin de récit. À
l'issue d'un spectacle parfois objectivement ''spectaculaire'' (si
l'on oublie de recouper l’œuvre avec l'une des grandes références
signées par Brian De Palma en 1998, Snake Eyes),
il n'est pas impossible de rester coi devant l'aventure assez
pittoresque à laquelle nous venons d'être conviés. Alors que la
seconde partie peut être envisagée comme la pleine expression d'un
mythe qui veut qu''en chassant le naturel, celui-ci revient au galop,
la première prend une tournure qui l'éloigne de cette intimité qui
définissait à une certaine époque, la relation qu'entretenaient
entre eux certains personnages créés par le réalisateur. Dans le
rôle de Cooper Abbott, l'excellent Josh Hartnett incarne un père de
famille qui accompagne sa fille lors d'un concert donné par Lady
Raven (chanteuse interprétée par la fille de M. Night Shyamalan,
Saleka Shyamalan). Alors que la star du R'N'B
enchaîne les tubes et les costumes, plusieurs centaines de membres
d'une unité d'intervention débarquent sur place afin de
circonscrire les lieux. Le but de ces hommes surarmés conduits par
la profileuse Josephine Grant (l'actrice britannique Hayley Mills)
est clair : il s'agit en effet pour eux d'identifier et
d'arrêter celui que les médias nomment Le
Boucher.
Un tueur en série qui à ce jour a fait douze victimes. Piégé
parmi des milliers de fans venus assister au concert de leur
chanteuse préférée, M. Night Shyamalan ne fait pas longtemps
mystère de l'implication de Cooper dans toute cette affaire puisque
d'emblée l'on comprend à travers une vidéo diffusée en direct par
son propre téléphone qu'il est lui-même ce tueur monstrueux qui
après avoir torturé puis assassiné ses victimes les a découpées
en morceaux avant de les abandonner à différents endroits... D'une
part, cette première partie semble être l'occasion pour le
réalisateur de mettre en avant sa fille Saleka qui dans la vie est
chanteuse.
Une
promotion spectaculaire qui lui permet de la mettre en scène lors
d'un show musical millimétré. M. Night Shyamalan ne se contentera
pourtant pas de lui offrir uniquement l'opportunité d'apparaître
sous ses apparats d'artiste-chanteuse mais lui octroiera également
plus tard un rôle plus important qu'il n'y paraît. Si Trap
semble s'éloigner du schéma habituel du réalisateur, c'est d'abord
parce qu'avec un luxe de détails tous plus absurdes les uns que les
autres, M. Night Shyamalan s'amuse à confronter le héros à une
armada de flics lors de séquences durant lesquelles il parvient à
éviter les pièges un peu trop facilement. Et ce, à un tel degré
d'invraisemblance qu'il paraît évident que le réalisateur a choisi
de prendre à contre-pied les attentes du public. Plus qu'un
thriller, Trap
a tout l'air de vouloir fureter avec la comédie. Ce qui, à force,
est effectivement le cas. Porté par un Josh Hartnett véritablement
iconique, accompagné par la jeune Ariel Donoghue qui incarne la
fille du tueur, Riley, le long-métrage a beau montrer la facette la
plus ironique de son auteur, le spectacle est bien là. La seconde
partie,bien que n'étant pas totalement dénuée de séquences aussi
improbables que lors de la première moitié, M. Night Shyamalan
l'envisage par contre d'une toute autre manière, revenant à ses
premières amours, chassant le bruit et la fureur de la salle de
concert pour prendre comme cadre l'intimité du tueur. Le réalisateur
semble alors reprendre goût au genre qui habituellement définit
précisément son style, Josh Hartnett continuant ainsi de hanter
l'objectif de la caméra. Si l'on accepte le principe imposé par son
auteur, Trap se
révèle être une bonne surprise. Même si la facilité avec
laquelle le tueur s'en sort à chaque fois tue le suspens dans
l’œuf ! On remettra en outre en question la scène lors de
laquelle la fille du réalisateur tente de se faire passer pour la
mère du tueur lors d'une séquence de manipulation psychologique
totalement ridicule. Ou lorsque la jeune femme est enfermée dans la
salle de bain des Abbott et que derrière celle-ci, le père de
famille/tueur en série la tambourine plutôt que d'essayer de la
défoncer ! Des séquences qui participent sans doute de la volonté
deM.
Night Shyamalan d'observer une mise en scène volontairement moins
réfléchie que par le passé. Un pied de nez flagrant qui ne plaira
pourtant pas forcément à tout le monde...
Vu au ciné cet été, comme tu le sais. D'accord avec ton article. Un film assez surprenant (je m'attendais à autre chose) mais un Shyamalan mineur. Si mes souvenirs sont bons, pas un coup de feu ni une goutte de sang versée. L'inanité dans laquelle évolue cette pauvre "génération Z", entre réseaux "sociaux" et pseudo-artistes archi-commerciaux dont il ne restera rien, est bien retranscrite.
Vu au ciné cet été, comme tu le sais. D'accord avec ton article. Un film assez surprenant (je m'attendais à autre chose) mais un Shyamalan mineur. Si mes souvenirs sont bons, pas un coup de feu ni une goutte de sang versée. L'inanité dans laquelle évolue cette pauvre "génération Z", entre réseaux "sociaux" et pseudo-artistes archi-commerciaux dont il ne restera rien, est bien retranscrite.
RépondreSupprimerEt merci pour la B-A ;-)
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