Ancien inspecteur de
police reconverti en professeur de criminologie, Takakura et son
épouse Yasuko déménagent et s'installent dans un nouveau quartier
lorsqu'ils font bientôt connaissance avec leur nouveaux voisins dont
un Nishino particulièrement étrange. D'abord réticent à l'idée
d'entrer en contact avec ses nouveaux voisins, ce dernier fini par
devenir affable. Surtout avec Yasuko qu'il invite bientôt à faire
connaissance avec sa femme, très malade. Cet époux et père de la
jeune Mio cultive cependant un comportement très étrange vis à vis
du couple. Pendant ce temps là, Takakura accepte la proposition de
son ancien collègue, l'inspecteur Nogami, d'enquêter sur une
affaire non résolue datant de six ans en arrière. Les parents d'une
jeune adolescentes ont effectivement disparu sans laisser la moindre
trace. Mais alors que la jeune fille elle-même était jusque là portée
disparue, Takakura et Nogami réalisent qu'elle vit toujours dans les
parages et qu'il lui arrive même de se rendre parfois dans son
ancien quartier, celui-là même où ses parents disparurent. Alors
que le professeur en criminologie et l'inspecteur de police enquêtent
de leur côtés, les soupçons se portent peu à peu sur le voisin de
Takakura dont l'épouse semble peu à peu attirée dans les filets
de celui que certains considèrent comme un monstre sans cœur...
Neuf ans après le
décevant Sakebi,
le cinéaste Kiyoshi Kurosawa revient sur le devant de
la scène cinématographique japonaise avec un thriller pour le moins
original et efficace. Contrairement à Sakebi,
Kuriipii
réussi là où l'autre échouait en mêlant cette fois-ci thriller
et horreur pure dans un contexte réaliste et urbain extrêmement
dérangeant. Le spectateur ne sera pas surpris outre mesure
d'apprendre que le voisin Nishino, interprété par un Teruyuki
Kawaga plus que convaincant est en lien direct avec l'affaire que
tente de résoudre le professeur Takakura qu'incarne l'acteur
Hidetoshi Nishijima. Aimant cultiver un goût certain pour les
univers morbides et anxiogènes, Kiyoshi Kurosawa repousse les
limites avec un fait-divers qu'il sera aisé de mesurer à certaines
histoires sordides qui parfois noircissent les pages des journaux d'information.
Tout
comme pour Sakebi,
Kuriipii décrit
une autorité parfois impuissante, du moins faisant preuve de
capacités réduites lorsqu'il s'agit de confondre le coupable. Cet
aspect de l'enquête permet au personnage de Nishino d'accumuler
les exactions sans que cela n'étonne personne avant l'arrivée de
Takakura dans la région ou du moins, sans que les autorités ne se
soient penchées sur le cas de ce très étrange individu vivant à
proximité du drame ayant eu lieu six ans auparavant. Bien que d'un
côté, ce détail puisse fournir matière à penser que le film soit
nourri d'un certain nombre d'incohérences, le spectateur pourra
juger bon du contraire au regard de l'attitude générale d'un
quartier habité par des voisins généralement peu enclins à vivre
auprès de leurs concitoyens. En faisant de la plupart des habitants
du coin des êtres asociaux incapables de communiquer avec leur prochain, Kiyoshi Kurosawa crée une sorte de
cercle d'où ne s'ébruite jamais aucun fait ou geste même
singulier de tel ou tel voisin.
Après,
le spectateur pourra toujours arguer de l'invraisemblance de certains
traits de caractère du long-métrage. Comme l'aisance avec laquelle
Nishino parvient à vampiriser Yasuko (l'actrice Yûko Takeuchi ),
une séquence laissant niaisement supposer que la nouvelle
''fascination'' de l'épouse du héros pour leur voisin psychopathe
pourrait avoir un lien direct avec sa passion pour la cuisine ou
l'amour pour leur chien Max. Absurde ? Oui, sans
conteste. Toujours est-il que Kuriipii
explore l'idée du coucou, cet oiseau rusé mais paresseux dont la
mère installe ses propres œufs dans le nid d'une autre femelle afin
de n'avoir pas à s'en occuper elle-même. C'est à peu de chose près
ce qui nous est dévoilé ici à travers le personnage de Nishino qui
dans un même ordre d'idée repousse davantage encore le principe en ne commettant
jamais lui-même le moindre meurtre. Bien que parfois improbable,
Kuriipii
bénéficie d'une sublime photographie automnale, de décors souvent
saisissants, d'une mise en scène parfaitement maîtrisée et d'une
solide interprétation...
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