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jeudi 5 septembre 2019

Kuriipii de Kiyoshi Kurosawa (2016) - ★★★★★★★☆☆☆



Ancien inspecteur de police reconverti en professeur de criminologie, Takakura et son épouse Yasuko déménagent et s'installent dans un nouveau quartier lorsqu'ils font bientôt connaissance avec leur nouveaux voisins dont un Nishino particulièrement étrange. D'abord réticent à l'idée d'entrer en contact avec ses nouveaux voisins, ce dernier fini par devenir affable. Surtout avec Yasuko qu'il invite bientôt à faire connaissance avec sa femme, très malade. Cet époux et père de la jeune Mio cultive cependant un comportement très étrange vis à vis du couple. Pendant ce temps là, Takakura accepte la proposition de son ancien collègue, l'inspecteur Nogami, d'enquêter sur une affaire non résolue datant de six ans en arrière. Les parents d'une jeune adolescentes ont effectivement disparu sans laisser la moindre trace. Mais alors que la jeune fille elle-même était jusque là portée disparue, Takakura et Nogami réalisent qu'elle vit toujours dans les parages et qu'il lui arrive même de se rendre parfois dans son ancien quartier, celui-là même où ses parents disparurent. Alors que le professeur en criminologie et l'inspecteur de police enquêtent de leur côtés, les soupçons se portent peu à peu sur le voisin de Takakura dont l'épouse semble peu à peu attirée dans les filets de celui que certains considèrent comme un monstre sans cœur...

Neuf ans après le décevant Sakebi, le cinéaste Kiyoshi Kurosawa revient sur le devant de la scène cinématographique japonaise avec un thriller pour le moins original et efficace. Contrairement à Sakebi, Kuriipii réussi là où l'autre échouait en mêlant cette fois-ci thriller et horreur pure dans un contexte réaliste et urbain extrêmement dérangeant. Le spectateur ne sera pas surpris outre mesure d'apprendre que le voisin Nishino, interprété par un Teruyuki Kawaga plus que convaincant est en lien direct avec l'affaire que tente de résoudre le professeur Takakura qu'incarne l'acteur Hidetoshi Nishijima. Aimant cultiver un goût certain pour les univers morbides et anxiogènes, Kiyoshi Kurosawa repousse les limites avec un fait-divers qu'il sera aisé de mesurer à certaines histoires sordides qui parfois noircissent les pages des journaux d'information.

Tout comme pour Sakebi, Kuriipii décrit une autorité parfois impuissante, du moins faisant preuve de capacités réduites lorsqu'il s'agit de confondre le coupable. Cet aspect de l'enquête permet au personnage de Nishino d'accumuler les exactions sans que cela n'étonne personne avant l'arrivée de Takakura dans la région ou du moins, sans que les autorités ne se soient penchées sur le cas de ce très étrange individu vivant à proximité du drame ayant eu lieu six ans auparavant. Bien que d'un côté, ce détail puisse fournir matière à penser que le film soit nourri d'un certain nombre d'incohérences, le spectateur pourra juger bon du contraire au regard de l'attitude générale d'un quartier habité par des voisins généralement peu enclins à vivre auprès de leurs concitoyens. En faisant de la plupart des habitants du coin des êtres asociaux incapables de communiquer avec leur prochain, Kiyoshi Kurosawa crée une sorte de cercle d'où ne s'ébruite jamais aucun fait ou geste même singulier de tel ou tel voisin.

Après, le spectateur pourra toujours arguer de l'invraisemblance de certains traits de caractère du long-métrage. Comme l'aisance avec laquelle Nishino parvient à vampiriser Yasuko (l'actrice Yûko Takeuchi ), une séquence laissant niaisement supposer que la nouvelle ''fascination'' de l'épouse du héros pour leur voisin psychopathe pourrait avoir un lien direct avec sa passion pour la cuisine ou l'amour pour leur chien Max. Absurde ? Oui, sans conteste. Toujours est-il que Kuriipii explore l'idée du coucou, cet oiseau rusé mais paresseux dont la mère installe ses propres œufs dans le nid d'une autre femelle afin de n'avoir pas à s'en occuper elle-même. C'est à peu de chose près ce qui nous est dévoilé ici à travers le personnage de Nishino qui dans un même ordre d'idée repousse davantage encore le principe en ne commettant jamais lui-même le moindre meurtre. Bien que parfois improbable, Kuriipii bénéficie d'une sublime photographie automnale, de décors souvent saisissants, d'une mise en scène parfaitement maîtrisée et d'une solide interprétation...

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