Torcher un article peu
inspiré afin de se débarrasser définitivement de l’œuvre
cinématographique qui encombre ou se donner bonne conscience en
citant quelques articles se référant à ses qualités afin
d'expédier la chose sans se prendre les foudres des fans de son
réalisateur, voilà sans doute les deux seules alternatives capables
de contenter l'auteur du dit article sans qu'il n'ait cependant pas
l'impression de s'être totalement fourvoyé aux yeux de ses fidèles
lecteurs. Sakebi
(Retribution)
est de ces longs-métrages qui ne peuvent échapper à la polémique
qui veut que d'un côté certain le tiennent comme un grand film et
que de l'autre, les plus avisés selon moi, le considèrent comme une
œuvre plus proche de l'absurde dans tout ce que ce terme peu receler
de péjoratif. Pour mon premier Kiyoshi Kurosawa, j'avoue avoir
ressenti une certaine gêne, et même avoir été agacé, tiraillé
entre le sentiment de n'avoir pas su saisir la portée du récit tout
en ayant ressenti la sensation d'avoir été littéralement trompé
par la marchandise...
Car
sous un apparat qui ne pouvait qu'attirer mon attention, ce vrai
thriller et faux film de fantômes tels qu'on peut l'imaginer au Pays
du Soleil Levant est surtout une œuvre parfois si saugrenue que
l'approche sombre et désespérée de son auteur est très largement
éclipsée au profit d'une œuvre trop naïve pour convaincre
totalement. Subissant un récit brouillon, parfois inintéressant et
SURTOUT (et cela n'est bien entendu pas à mettre au crédit du
cinéaste japonais) un doublage en français pas du tout ''raccord''
avec le thème à mettre sur le compte d'un Patrick Poivey plus
convainquant lorsqu'il double Bruce Willis sur Die
Hard
que l'inspecteur Noboru Yoshioka incarné dans Sakebi
par l'acteur Kōji Yakusho, ce projet mutant de Kiyoshi Kurosawa se
casse en réalité la gueule dans presque tous les compartiments. Un
conseil pour commencer: veillez à regarder ce film en version
originale si vous ne voulez pas avoir l'étrange sensation de suivre
des images post-synchronisées par des voix françaises n'ayant pas la
moindre parcelle d'âme...
En
effet, il n'est pas interdit de penser que si la distance, ce fossé
insurmontable, qui sépare les ambitions de Sakebi
du
résultat final peuvent être l’œuvre d'un cinéaste incapable de
retranscrire la moindre émotion à l'écran, le spectateur français
aura comme recours pour justifier son opinion que de taper sur
l'incompréhensible choix de Patrick Poivey, plus à l'aise dans le
doublage du flic dont la ''déconne'' est le maître-mot que celui
dont l'esprit est à vif en raison d'un passé lourd de conséquences
et auquel est confiée une série de meurtres apparemment commis par
un seul et même homme. Impossible donc de réaliser à quel point la
performance de l'acteur principal peut être convaincante. Mais ce
qui demeure par contre une certitude, c'est qu'en s'attaquant ici à
l'un des plus fameux thèmes de la J-Horror
avec son fantôme moins effrayant encore que les entités invisibles
du pitoyable Paranormal Activity
d'Oren Peli (pire escroquerie cinématographique du siècle!!!),
Kiyoshi Kurosawa a raté le coche. Que l'on cherche le frisson ou pas
d'ailleurs car même si l'on est venu découvrir un thriller noir,
désespéré et nihiliste, rien ne peut mieux convaincre que le
déroulement de l'intrigue que quelque chose cloche dans la mise en
scène du cinéaste japonais. Pourtant, tout n'y est pas
définitivement bon à jeter aux ordures. Même si l'enquête vous
laisse indifférent (brouillonne et filmée avec la vigueur d'un
patient en phase terminale d'un cancer), que la ''femme en rouge''
ne vous fait dresser aucun poil sur le bras ni couler aucune goutte
d'eau gelée dans le dos, Sakebi
mérite tout de même d'être découvert pour une unique raison :
les états d'âmes de son principal personnage qui laissent entrevoir
une issue émouvante...
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