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jeudi 5 septembre 2019

Sakebi de Kiyoshi Kurosawa (2007) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



Torcher un article peu inspiré afin de se débarrasser définitivement de l’œuvre cinématographique qui encombre ou se donner bonne conscience en citant quelques articles se référant à ses qualités afin d'expédier la chose sans se prendre les foudres des fans de son réalisateur, voilà sans doute les deux seules alternatives capables de contenter l'auteur du dit article sans qu'il n'ait cependant pas l'impression de s'être totalement fourvoyé aux yeux de ses fidèles lecteurs. Sakebi (Retribution) est de ces longs-métrages qui ne peuvent échapper à la polémique qui veut que d'un côté certain le tiennent comme un grand film et que de l'autre, les plus avisés selon moi, le considèrent comme une œuvre plus proche de l'absurde dans tout ce que ce terme peu receler de péjoratif. Pour mon premier Kiyoshi Kurosawa, j'avoue avoir ressenti une certaine gêne, et même avoir été agacé, tiraillé entre le sentiment de n'avoir pas su saisir la portée du récit tout en ayant ressenti la sensation d'avoir été littéralement trompé par la marchandise...

Car sous un apparat qui ne pouvait qu'attirer mon attention, ce vrai thriller et faux film de fantômes tels qu'on peut l'imaginer au Pays du Soleil Levant est surtout une œuvre parfois si saugrenue que l'approche sombre et désespérée de son auteur est très largement éclipsée au profit d'une œuvre trop naïve pour convaincre totalement. Subissant un récit brouillon, parfois inintéressant et SURTOUT (et cela n'est bien entendu pas à mettre au crédit du cinéaste japonais) un doublage en français pas du tout ''raccord'' avec le thème à mettre sur le compte d'un Patrick Poivey plus convainquant lorsqu'il double Bruce Willis sur Die Hard que l'inspecteur Noboru Yoshioka incarné dans Sakebi par l'acteur Kōji Yakusho, ce projet mutant de Kiyoshi Kurosawa se casse en réalité la gueule dans presque tous les compartiments. Un conseil pour commencer: veillez à regarder ce film en version originale si vous ne voulez pas avoir l'étrange sensation de suivre des images post-synchronisées par des voix françaises n'ayant pas la moindre parcelle d'âme...

En effet, il n'est pas interdit de penser que si la distance, ce fossé insurmontable, qui sépare les ambitions de Sakebi du résultat final peuvent être l’œuvre d'un cinéaste incapable de retranscrire la moindre émotion à l'écran, le spectateur français aura comme recours pour justifier son opinion que de taper sur l'incompréhensible choix de Patrick Poivey, plus à l'aise dans le doublage du flic dont la ''déconne'' est le maître-mot que celui dont l'esprit est à vif en raison d'un passé lourd de conséquences et auquel est confiée une série de meurtres apparemment commis par un seul et même homme. Impossible donc de réaliser à quel point la performance de l'acteur principal peut être convaincante. Mais ce qui demeure par contre une certitude, c'est qu'en s'attaquant ici à l'un des plus fameux thèmes de la J-Horror avec son fantôme moins effrayant encore que les entités invisibles du pitoyable Paranormal Activity d'Oren Peli (pire escroquerie cinématographique du siècle!!!), Kiyoshi Kurosawa a raté le coche. Que l'on cherche le frisson ou pas d'ailleurs car même si l'on est venu découvrir un thriller noir, désespéré et nihiliste, rien ne peut mieux convaincre que le déroulement de l'intrigue que quelque chose cloche dans la mise en scène du cinéaste japonais. Pourtant, tout n'y est pas définitivement bon à jeter aux ordures. Même si l'enquête vous laisse indifférent (brouillonne et filmée avec la vigueur d'un patient en phase terminale d'un cancer), que la ''femme en rouge'' ne vous fait dresser aucun poil sur le bras ni couler aucune goutte d'eau gelée dans le dos, Sakebi mérite tout de même d'être découvert pour une unique raison : les états d'âmes de son principal personnage qui laissent entrevoir une issue émouvante...

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