En y réfléchissant
bien, cela faisait un moment que je ne m'étais pas lancé dans un
cycle et c'est pourquoi j'ai décidé d'évoquer ces jours prochains
l'un des plus fameux trios d'humoristes hexagonaux qui, certains
d'entre nous ne le savent peut-être pas, étaient cinq à l'origine,
lors de leur rencontre et de leur apparition dans l'émission culte
de Philippe Bouvard, Le Petit Théâtre de Bouvard.
En effet, aux côtés de Smaïn et de Seymour Brussel, Didier
Bourdon, Bernard Campan et Pascal Légitimus formèrent le groupe des
Inconnus le 23 juin
1984 pour y interpréter un certain nombre de sketchs qui,
avouons-le, avec le temps ont bien mal vieilli. Les cinq hommes
tournent ensemble un seul et unique long-métrage en 1985. Le culte
Le Téléphone Sonne Toujours Deux Fois
(titre faisant référence au Facteur Sonne Toujours
Deux Fois réalisé en
1946 par le cinéaste américain Tay Garnett), une comédie policière
dans laquelle apparaissent notamment Jean-Claude Brialy, Clémentine
Célarié, Henri Courseaux, Darry Cowl, Michel Galabru, Jean Yanne ou
encore Patrick Sébastien (et la liste est encore très longue!).
Après avoir rencontré le succès dans les années quatre-vingt dix
avec l'excellente série d'émissions parodiques La
Télé des Inconnus,
c'est en 1995 que Didier
Bourdon, Bernard Campan et Pascal Légitimus réapparaissent sur
grand écran sous le nom des Inconnus
(le premier et le troisième ayant cependant tourné dans divers
longs-métrages jusqu'à maintenant) avec Les
Trois Frères.
Réalisé par Didier Bourdon et Bernard Campan, le film est un
immense succès et frôle les sept millions d'entrées pour un budget
initial égal à 7 150 000 euros.
Si
les trois humoristes interprètent trois demi-frères qui ne se sont
jamais connu, le scénario de Didier Bourdon, Bernard Campan et
Michel Lengliney (Il est Génial Papy !
de Michel Drach) joue sur les différences sociales de ces trois
hommes que rien n'aurait pu rapprocher si ce n'est un héritage de
trois millions de francs laissé derrière lui par une mère qu'ils
n'ont jamais connue. Comme cela sera généralement le cas dans les
films des Inconnus,
les trois acteurs ne s'embarrassent pas de pseudonymes puisque chacun
d'entre eux est ''reconnu'' sous son véritable prénom. C'est ainsi
que Didier Bourdon incarne Didier Jean-Marie Latour, vigile dans un
supermarché et supposé futur gendre de son patron avec la fille
duquel il a prévu de faire sa vie. En réalité, un prétexte pour
réussir son existence professionnelle. Scrutant les clientes à
l'aide d'un réseau de caméra trafiquées par ses soins et
installées dans les cabines d'essayage, il ne le sait pas encore,
mais il est le père d'un petit Michaël (Antoine du Merle), fils de
Christine Rossignol (Marine Jolivet) avec laquelle il eut une liaison quelques années
auparavant. Bernard Campan, lui, interprète Bernard Michel Latour,
petit acteur sans envergure qui pour péniblement subvenir à son
existence accepte de travailler sur les marchés pour son ami Albert
(Albert Dray). Quant à Pascal Légitimus, il incarne Pascal Eusèbe
Latour, cadre ambitieux d'une entreprise de communication et
''propriétaire'' d'un luxueux appartement de cent mètres carré
environs.
Gros
succès de cette année 1995, Les Trois Frères
est l'une de ces comédies cultes que l'on peut revoir sans cesse et
sans jamais s'en lasser. En faisant croiser la route de ces trois
frères qui n'ont absolument rien en commun, Bernard Campan, Pascal
Légitimus et Didier Bourdon offrent une vision critique sous-jacente
de notre société jamais rébarbative et démontrent que dans le
désarroi le plus total, les liens familiaux même les plus ténus
permettent de se soutenir et de relever la tête. Une vision, certes,
puérile, voire utopique, mais néanmoins à l'origine de scènes
toutes plus cultes les unes que les autres. Au hasard, on pense
notamment au rendez-vous chez le notaire, les quelques scènes
situées chez la belle-famille de Didier (dont un beau-père raciste
savoureusement interprété par l'acteur et comédien Pierre
Meyrand), la séquence des ''acides'', le repas chez Pascal, la
visite de l'huissier (Maître Gonzalez interprété par l'excellent
Jean-François Pastout) ou encore le passage à l'émission de
télévision Le
Millionnaire
tout à fait dans le ton des pastiches que créa le trio lors de
leurs diverses interventions télévisuelles dans La
Télé des Inconnus.
Le long-métrage est l'occasion de retrouver des seconds rôles
irrésistibles avec en premier plan Bernard Farcy dans le rôle de
Steven Marchand, le patron de Pascal, Élie Sémoun dans celui de son
bras-droit Brice, ou encore Bruno Lochet et Yolande Moreau
(ex-Deschiens) dans ceux des propriétaires du PMU. Certaines
répliques demeurent toujours aussi fameuses, comme ''le jus de
fruit'', ''le monochorme de Whiteman'', tout comme certains détails
demeurent inoubliables comme l'entreprise de communication dont tous
les employés portent une queue de cheval à l'effigie du boss, ou
Didier, Bernard et Pascal contraints de se grimer pour échapper aux
forces de l'ordre, convaincus d'avoir causé la mort de l'huissier.
Culte !
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