Réalisateur d'un peu
plus d'une vingtaine de longs-métrages dont le film de guerre Shell
Shock
en 1964 sous le pseudonyme de Harold Perkins ou le film de
science-fiction End of the World
en 1977, l'américain John Hayes réalisait en 1970 le très étrange
Dream no Evil
avec dans le rôle principal de Grace MacDonald, l'actrice Brooke
Mills. À ses côtés, et dans le rôle de son père Timothy
MacDonald, l'acteur Edmond O'Brien. À l'origine sorti sous le titre
de The Faith Healer (Le
Guérisseur de la foi), le film fut d'abord interdit aux moins de
dix-sept ans par la MPAA
(association interprofessionnelle américaine défendant les intérêts
des six plus grands studios hollywoodiens) avant de sortir sous son
véritable nom et d'être simplement classifié PG,
ce qui constitue un avertissement pour les parents qui doivent alors
donner leur accord à leur progéniture, certaines séquences pouvant
heurter ces derniers. Le récit tourne autour d'une guérisseuse
itinérante interprétée, donc, par Brooke Mills. Une jeune femme
qui au contact des malades est capable de les guérir. À l'origine,
la jeune femme était une enfant souffrant de l'absence de ses
parents puisque inscrite dans un orphelinat. L'origine d'un mal-être
qui constituera la substance d'un récit dont la recherche du père
semble être le point culminant..
Plus
drame que véritable film d'horreur, Dream no
Evil
élude une grande partie de l'histoire personnelle de la gamine
finalement adoptée et que l'on retrouve bien des années plus tard
sur la route en compagnie de son petit ami, le docteur Patrick Bundy
(Paul Prokop), du frère de ce dernier, le révérend Paul Jessie
Bundy (Michaelk Pataki), et d'un curieux croque-mort interprété par
l'inquiétant Marc Lawrence, à la filmographie longue comme un bras et
surtout connu pour avoir joué les brigands, notamment dans
L'Homme au Pistolet d'Or
de Guy Hamilton en 1974 ou Marathon Man de
John Schlesinger en 1976. L'absence du père et le profond désir de
sa fille de l'avoir à ses côtés est sujet à l’ambiguïté d'un
scénario qui laisse durant un temps planer le doute quant à la
réelle présence ou non du père de l'héroïne. Du moins, jusqu'à
ce que soit révélée la vérité. Car Dream no
Evil
tourne en réalité autour de la personnalité trouble de son héroïne
qui, convaincue de son pouvoir de guérison, fantasmera sur celle de
son père, bras armé fantasmé tuant ceux qui tournent autour de Grace...
Surviennent
alors quelques séquences fantasmagoriques plutôt convaincantes.
Comme celle du ranch soudainement vidée de la présence
patriarcale, ou la chambre de la jeune femme qui précipitamment, se
transforme en un lieu décrépit, témoin d'une relation père/fille
qui n'a jamais vraiment eu lieu. Et puis, il y a ces quelques
meurtres qui surviennent à leur tour, dont celui du croque-mort,
propriétaire libidineux d'un bordel, particulièrement horrible
puisque asséné à l'aide d'un bistouri. Constamment nappé d'une
chape d'onirisme, Dream no Evil n'est
pas sans rappeler l'un des chefs-d’œuvre du réalisateur
franco-polonais Roman Polanski, Répulsion
réalisé quatre ans auparavant et qui mettait en scène une
Catherine Deneuve en proie à une véritable hostilité envers les
hommes. Toutes proportions gardées, le film de John Hayes est plutôt
agréable à suivre même s'il a plutôt mal vieilli. Son atmosphère et son approche atypiques
en font une œuvre à part et parfois ambiguë. Une curiosité...
Vive le débat d'idées et d'opinions, surtout si elles divergent, et qu'elles sont argumentées.
RépondreSupprimerPour moi, le Venin de la peur reste un film expérimental qui échoue en cours de route.
Effectivement, on ressent assez clairement une rupture de ton, et d'intrigue, quand la route des tueurs "oniriques" est abandonnée pour se substituer à une intrigue classique, avec un(e) meurtrière doté(e) d'un mobile classique.
Lucio Fulci avait clairement dit, cela renforce mon sentiment de rupture de ton dans ce film, que l'idée de base était véritablement psychanalytique : les assassins devaient venir de l'inconscient de Carole. Il s'agissait des pantins humains sur la balançoire.
Edmond Amati, qui craignait de perdre le public, avait donc insisté pour renouer avec une intrigue classique.
Quel dommage ! On aurait obtenu un film réellement avant-gardiste, ce que notre Carole est d'ailleurs resté, et il aurait été en avance d'une bonne génération sur un assassin venu du monde des rêves, c'est à dire, de manière très vulgarisée, Freddy Kreuger. Fulci en voulait d'ailleurs pas mal à Wes Craven pour ce premier emprunt. Le second étant celui de Gatto nel cervello qui anticipait quelque peu Freddy sort de la nuit.