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samedi 12 novembre 2022

La Course à la mort de l'an 2000 de Paul Bartel (1975) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Mettons de côté tout ce qui a été réalisé jusque là et remontons jusque dans les années soixante-dix et quatre-vingt pour y découvrir que les sports furent parfois le théâtre de quelques longs-métrages d'anticipation devenus parfois cultes. La mode des sports extrêmes où la mort rôde sur le chemin des athlètes semble avoir connu un engouement dès l'année 1975 puisqu'au beau milieu des seventies les spectateurs virent éclore quelques pellicules particulièrement gratinées. Rollerball de Norman Jewison, Les gladiateurs de l'an 3000 conjointement réalisé par Allan Arkush , Nicholas Niciphor et Roger Corman et puis, bien évidemment, l'improbable La Course à la mort de l'an 2000 de Paul Bartel. La décennie suivante ne sera pas en reste puisque les États-Unis et la France exploiteront à quelques années d'intervalle, des types de jeux télévisés étonnamment similaires. Outre-atlantique sera réalisé Running Man sous la houlette de Paul Michael Glazer (le célèbre flic brun et frisé de la série Starsky et Hutch) et dans l'hexagone, Le Prix du danger sous celle du réalisateur français Yves Boisset... Mais revenons en 1975 avec La Course à la mort de l'an 2000 de Paul Bartel sorti sur le territoire américain sous le titre Death Race. Une œuvre au contenu invraisemblable. Du moins, de nos jours puisque l'on aurait du mal à imaginer que certains aspects du scénario puissent être mis en pratique alors que la bienséance est désormais de mise. Imaginez donc un long-métrage dans lequel une course de voiture constituée de cinq bolides permettrai aux pilotes d'engranger des points chaque fois qu'il écraseraient un piéton. Pour corser le propos et le rendre encore plus provocateur, femmes, enfants et vieillards rapporteraient beaucoup plus de points que d'écraser des hommes. Et là, vous vous dites : nooooon ! Ils n'oseraient tout de même pas filmer la mort de celles et ceux dont la préservation est moralement prioritaire à celle des individus de sexe masculin ? Et bien si, très chers lecteurs. Et dans le genre, le film de Paul Bartel met la barre très haut. Du moins, pour l'époque puisque les corps s'embrochent sur des piquets, se font rouler dessus et autres joyeusetés. Tout ceci dans la bonne humeur de commentateurs jubilant chaque fois que l'un des pilotes ôte la vie d'un badaud !


Pour son second long-métrage après la comédie horrifique Private Parts signée trois ans auparavant, le réalisateur originaire de New York se paie le luxe d'un casting trois étoiles puisque les deux principaux représentants de cette course à la mort située dans un futur dystopique ne sont rien moins que Sylvester Stallone qui l'année suivante connaîtra un succès mondial en incarnant le plus célèbre boxeur de l'histoire du cinéma ainsi que David Carradine qui entre 1972 et cette année 1975 fut la vedette de la série Kung-Fu. Et s'il en demeure certains qui se posent la question qui de la boxe ou de cet art martial l'emporte, la réponse se trouve justement dans La Course à la mort de l'an 2000 puisque les deux hommes s'y affronteront. Bon, il est vrai que de parler de Kung-fu est un brin exagéré puisque l'un et l'autre des deux hommes useront tout d'abord de leurs poings mais face à Kwai Chang Caine dit ''Petit Scarabée'', Rocky Balboa ne fera pas le poids et se retrouvera au tapis. Preuve aussi qu'une musculature développée n'est pas le signe d'une supériorité physique. Mais passons. C'était il y a plus de trente ans et dans mon souvenir, le long-métrage de Paul Bartel était demeuré comme une œuvre parfaitement jouissive. Non pas que de voir d'innocentes victimes était réjouissant (quoique!) mais par sa folie, son énergie (le film est en effet essentiellement constituée de séquences mettant en scène les bolides) et certains détails proprement hallucinants (le véhicule arborant une croix gammée, l'engouement du public, les infirmières volant dans les airs au contact des pare-chocs etc...), le film se montrait particulièrement créatif et provocateur. Mais ça, c'était il y a bien longtemps. Car si le message moral (car message il y a) laissé derrière lui évoque les dérives de notre société et des prises de conscience qui au final s'avéreront justes, le scénario est plutôt faiblard...


Voire même souvent inexistant. À contrario, il est amusant de redécouvrir aujourd'hui La Course à la mort de l'an 2000 puisque d'une certaine manière, la pratique consistant à écraser et tuer de pauvres innocent fait désormais partie de notre quotidien. Là où les motos ont remplacé les bolides lors de rodéos urbains et là où la presse a remplacé les show télévisés et les arènes de plein air, le prix à remporter n'est évidemment pas le même. C'est qu'il faut garder un minimum de morale, tout de même. Du moins, jusqu'au jour où de tels crimes ne seront punis que par quelques réprimandes (hein ? Quoi ? C'est déjà le cas ? Ou ? En France ? Merde alors !!!) et non plus par de la prison ! De nos jours, redécouvrir le film de Paul Bartel aura sans doute très légèrement moins d'effets que de se goinfrer de mousse au chocolat pour se retrouver au final avec une bonne grosse crise de foie. Pas déplaisant à revoir mais plutôt (et surtout) très décevant. Le film a beau être culte, il faut surtout l'avoir connu à l'époque de sa sortie ou du moins dans la décennie qui suivit sa projection en salle car de nos jours, la folie s'étant emparée des hommes, peu seront les spectateurs qui feront la grimace devant le propos du film. Si d'un côté La Course à la mort de l'an 2000 semble être à proprement parler visionnaire, il a en revanche assez mal vieilli. Par le passé, un monument provocateur mais aujourd'hui, un objet passablement désuet...

 

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