Mettons de côté tout ce
qui a été réalisé jusque là et remontons jusque dans les années
soixante-dix et quatre-vingt pour y découvrir que les sports furent
parfois le théâtre de quelques longs-métrages d'anticipation
devenus parfois cultes. La mode des sports extrêmes où la mort rôde
sur le chemin des athlètes semble avoir connu un engouement dès
l'année 1975 puisqu'au beau milieu des seventies les spectateurs
virent éclore quelques pellicules particulièrement gratinées.
Rollerball
de Norman Jewison, Les gladiateurs de l'an 3000
conjointement réalisé par Allan Arkush , Nicholas Niciphor et
Roger Corman et puis, bien évidemment, l'improbable La
Course à la mort de l'an 2000
de Paul Bartel. La décennie suivante ne sera pas en reste puisque
les États-Unis et la France exploiteront à quelques années
d'intervalle, des types de jeux télévisés étonnamment similaires.
Outre-atlantique sera réalisé Running Man
sous la houlette de Paul Michael Glazer (le célèbre flic brun et
frisé de la série Starsky et Hutch)
et dans l'hexagone, Le Prix du danger sous
celle du réalisateur français Yves Boisset... Mais revenons en 1975
avec La Course à la mort de l'an 2000
de Paul Bartel sorti sur le territoire américain sous le titre Death
Race.
Une œuvre au contenu invraisemblable. Du moins, de nos jours puisque
l'on aurait du mal à imaginer que certains aspects du scénario
puissent être mis en pratique alors que la bienséance est désormais
de mise. Imaginez donc un long-métrage dans lequel une course de
voiture constituée de cinq bolides permettrai aux pilotes
d'engranger des points chaque fois qu'il écraseraient un piéton.
Pour corser le propos et le rendre encore plus provocateur, femmes,
enfants et vieillards rapporteraient beaucoup plus de points que
d'écraser des hommes. Et là, vous vous dites : nooooon !
Ils n'oseraient tout de même pas filmer la mort de celles et ceux
dont la préservation est moralement prioritaire à celle des
individus de sexe masculin ? Et bien si, très chers lecteurs.
Et dans le genre, le film de Paul Bartel met la barre très haut. Du
moins, pour l'époque puisque les corps s'embrochent sur des piquets,
se font rouler dessus et autres joyeusetés. Tout ceci dans la bonne
humeur de commentateurs jubilant chaque fois que l'un des pilotes ôte
la vie d'un badaud !
Pour
son second long-métrage après la comédie horrifique Private
Parts
signée trois ans auparavant, le réalisateur originaire de New York
se paie le luxe d'un casting trois étoiles puisque les deux
principaux représentants de cette course à la mort située dans un
futur dystopique ne sont rien moins que Sylvester Stallone qui
l'année suivante connaîtra un succès mondial en incarnant le plus
célèbre boxeur de l'histoire du cinéma ainsi que David Carradine
qui entre 1972 et cette année 1975 fut la vedette de la série
Kung-Fu.
Et s'il en demeure certains qui se posent la question qui de la boxe
ou de cet art martial l'emporte, la réponse se trouve justement dans
La Course à la mort de l'an 2000
puisque les deux hommes s'y affronteront. Bon, il est vrai que de
parler de Kung-fu est un brin exagéré puisque l'un et l'autre des
deux hommes useront tout d'abord de leurs poings mais face à Kwai
Chang Caine dit ''Petit Scarabée'', Rocky Balboa ne fera pas le
poids et se retrouvera au tapis. Preuve aussi qu'une musculature
développée n'est pas le signe d'une supériorité physique. Mais
passons. C'était il y a plus de trente ans et dans mon souvenir, le
long-métrage de Paul Bartel était demeuré comme une œuvre
parfaitement jouissive. Non pas que de voir d'innocentes victimes
était réjouissant (quoique!) mais par sa folie, son énergie (le
film est en effet essentiellement constituée de séquences mettant
en scène les bolides) et certains détails proprement hallucinants
(le véhicule arborant une croix gammée, l'engouement du public, les
infirmières volant dans les airs au contact des pare-chocs etc...),
le film se montrait particulièrement créatif et provocateur. Mais
ça, c'était il y a bien longtemps. Car si le message moral (car
message il y a) laissé derrière lui évoque les dérives de notre
société et des prises de conscience qui au final s'avéreront
justes, le scénario est plutôt faiblard...
Voire
même souvent inexistant. À contrario, il est amusant de redécouvrir
aujourd'hui La Course à la mort de l'an 2000
puisque d'une certaine manière, la pratique consistant à écraser
et tuer de pauvres innocent fait désormais partie de notre
quotidien. Là où les motos ont remplacé les bolides lors de rodéos
urbains et là où la presse a remplacé les show télévisés et les
arènes de plein air, le prix à remporter n'est évidemment pas le
même. C'est qu'il faut garder un minimum de morale, tout de même.
Du moins, jusqu'au jour où de tels crimes ne seront punis que par
quelques réprimandes (hein ? Quoi ? C'est déjà le cas ?
Ou ? En France ? Merde alors !!!) et non plus par de
la prison ! De nos jours, redécouvrir le film de Paul Bartel
aura sans doute très légèrement moins d'effets que de se goinfrer
de mousse au chocolat pour se retrouver au final avec une bonne
grosse crise de foie. Pas déplaisant à revoir mais plutôt (et
surtout) très décevant. Le film a beau être culte, il faut surtout
l'avoir connu à l'époque de sa sortie ou du moins dans la décennie
qui suivit sa projection en salle car de nos jours, la folie s'étant
emparée des hommes, peu seront les spectateurs qui feront la grimace
devant le propos du film. Si d'un côté La
Course à la mort de l'an 2000 semble
être à proprement parler visionnaire, il a en revanche assez mal
vieilli. Par le passé, un monument provocateur mais aujourd'hui, un
objet passablement désuet...
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