À l'origine, le Moloch
est une divinité originaire de la région de Canaan dans le Proche
Orient. D'après la Bible, le culte qui l'entoure le soumet à des
sacrifice d'enfants par le feu. Dans le contexte du premier
long-métrage du réalisateur et scénariste néerlandais Nico van
den Brink, il touche les membres d'une famille depuis de nombreuses
générations comme en témoigne la découverte sur un site de
fouille de plusieurs cadavres de femmes parfaitement conservés dans
la tourbe. Une matière propice à la préservation des matières
organiques qui va permettre à l'archéologue Jonas (l'acteur
Alexandre Willaume-Jantzen) de découvrir qu'elles sont toutes mortes
dans de violentes circonstances, la gorge tranchée. Mais le plus
grave dans toute cette histoire est que le culte semble être
toujours en activité puisqu'un soir et pour des raisons qui semblent
inconnues, l'un des participants aux fouilles pourtant réputé comme
non-violent va pénétrer dans la demeure des parents de Betriek
(Sallie Harmsen) et tenter de tuer sa mère Elske (Anneke Blok) avant
que son époux ne lui vienne en aide et n'assomme son agresseur...
Moloch
débute par un souvenir. Celui d'un drame survenu il y a trente ans
en arrière alors que Betriek n'était qu'une toute jeune enfant.
Assise et jouant dans l'une des pièces de la demeure de ses parents,
elle fut le témoin de bruits et de cris étranges qui se terminèrent
dans un bain de sang se déroulant à l'étage, juste au dessus de sa
tête. Trente ans plus tard, la jeune femme est devenue la mère de
la toute jeune Hannah (Noor van der Velden) avec laquelle elle
s'installe pour quelques jours chez ses parents. L'occasion pour elle
de renouer avec Jonas mais aussi, malheureusement, de replonger dans
le cauchemar qui trois décennies en arrière coûta la vie à sa
grand-mère...
Moloch (à
ne pas confondre avec le long-métrage éponyme réalisé par
Alexandre Sokourov en 1999), qui chez nous est disponible en VOD
depuis le 30 septembre dernier sous le titre Sacrifices
est
une œuvre singulière reposant sur un mythe qui fut très peu
représenté au cinéma. Évoqué dans le Cabiria
de l'italien Giovanni Pastrone en 1914, dans le Metropolis
du réalisateur allemand Friz Lang en 1922, dans Un
amour de sorcière
de René Manzor en 1997 ou encore dans la série Moloch
d'
Arnaud Malherbe en 2020, cette créature étrange apparaît ici sous
les traits disgracieux d'un être décharné et monstrueux. L'un des
atouts principaux du long-métrage de Nico van den Brink, c'est son
esthétique. Le directeur de la photographie Emo Weemhoff y effectue
en effet un travail remarquable qui ajoute à l'ambiance du
long-métrage une atmosphère toute particulière chargée
d'angoisse. Pourtant, le film pourra tout autant décontenancer le
public par son traitement relativement lent. Le réalisateur
néerlandais n'étant ici visiblement pas du genre à faire bondir
ses personnages et à ne pas les faire directement précipiter de
l'énigme jusqu'à sa résolution, Moloch
est émaillé de séquences longues et pesantes et le mystère tarde
à révéler la raison des étranges événements qui se déroulent
durant le récit...
Ce
qui d'un point de vue strictement sensoriel ne gâche en rien
l'expérience. Car Moloch
partage avec une certaine catégorie de longs-métrages
fantastico-horrifiques cet amour pour l'indicible et l'inconnu qui
font que d'une manière ou une autre l'on est happé par la chape de
mystère qui s'abat sur cette zone entourée par une tourbière qui
sert, sans mauvais jeu de mots, de terreau au récit. Les relations
dans le film sont l'un des points essentiels du récit. De la
difficulté des rapports entre l'héroïne et sa mère à la relation
naissante entre cette même Betriek et Jonas, cet archéologue qui
fascine ceux qui vont collaborer avec lui. Moloch
s’imprègne en outre de diverses légendes scandinaves. L’œuvre
confronte deux modes de pensée, deux types de comportement face à
ce qui semble irrationnel. D'un côté, il y a l'héroïne et son
passé lui permettant d'avoir une vue d'esprit beaucoup plus large
sur les événements tandis que le personnage de Jonas semble devoir
tout rationaliser. Aussi fragiles que paraissent être les bases sur
lesquelles repose le long-métrage du néerlandais, Moloch
est une surprise agréable. Certes, le film ne provoquera pas de
véritables remous parmi la communauté des amateurs de cinéma
d'épouvante ou de fantastique mais il a tout de même le mérite de
se distinguer. Une œuvre visuellement intéressante et qui vous
pénètre par son étrange atmosphère...
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