Die Hinrichtung
ou Né pour l'enfer du
réalisateur québécois Denis Héroux est une œuvre étrange.
Intrigante. Intéressante. Et pourtant si peu passionnante... si l'on
en écoute certains... Sorti six ans avant que Ted Kotcheff ne
réalise le film culte Rambo
dans lequel Sylverster Stallone incarnait un ancien béret vert de
retour dans son pays et dans lequel il se frottait au shérif d'une
petite bourgade du nom de Hope,
Espoir...
Tu parles d'un nom pour une ville qui accueille ses héros l'arme au
point... De manière réductrice, Die Hinrichtung
est étrillé et souvent considéré comme simple film d'horreur.
Terme reflétant moins le côté graphique du long-métrage que le
sentiment que ressentirent sans doute ces jolies infirmières prises
en otages par un ancien combattant du Viêt-nam qui de retour à la
vie civile semble avoir laissé derrière lui une partie de sa
cervelle lors du conflit qui opposa sa nation, l'Amérique, à ce
pays en forme de S et long de mille six-cent cinquante kilomètres du
nord au sud... L'un comme l'autre débarquent vêtus de kakis et
portent en bandoulière leur paquetage. Le premier apprendra la mort
de l'un de ses compagnons d'arme avant d'être traqué durant tout le
récit par le shérif de Hope, Will Teasle (l'acteur Brian Dennehy).
Tandis que le second développera une obsession pour une huitaine de
jeunes infirmières installées dans une maison de Belfast où
l'Armée républicaine irlandaise (plus communément appelée IRA)
lutte à l'époque contre la présence britannique sur le sol
irlandais ! ''Born
for Hell''
(''Né pour
l'enfer'')
tatoué sur le devant du bras gauche, Cain attend de pouvoir prendre
un prochain bateau en partance pour son pays mais d'ici là, il va
devoir trouver de quoi se loger et se nourrir. Personnage hautement
ambigu, dont les sourires parfois inattendus ne rassurent absolument
pas sur son état mental, marqué par la guerre, le jeune homme fait
partie de ceux qui furent tellement traumatisés par ce qu'ils
vécurent que leur retour à la vie normal est devenu presque
impossible... Co-production Germano-franco-italo-canadienne, Né
pour l'enfer n'a
pas très bonne réputation. Et ce, pour de mauvaises raisons. Non
pas que le film soit suffisamment monstrueux pour servir de
repoussoir mais celui-ci semble rencontrer quelques soucis d'ordre
technique.
Comme
sa mise en scène assez mollassonne et son écriture au rabais. Car
en effet, le héros est d'un attentisme qui trahit la faiblesse du
scénario de Géza von Radványi, F.G. Ranger et Fred Denger. Et
pourtant, il demeure avec le film du réalisateur québécois, un je
ne sais quoi de fascinant qui n'appartient en général qu'à ces
œuvres plus ou moins obscures que l'on (re)découvre sur le tard.
Celui-ci en fait partie. On pourrait même oser pousser le bouchon un
peu plus loin que la seule référence au long-métrage de Ted
Kotcheff en comparant Né pour l'enfer avec
l'un des plus grands traumatismes du cinéma d'horreur. En effet,
sous certaines entournures, et bien qu'ici le personnage demeure plus
''volubile'' que ne le sera sept ans plus tard le psychopathe du film
culte de Gerald kargl, Schizophrenia
(dans le rôle du tueur, l'acteur autrichien Erwin Leder y sera tout
simplement impressionnant), les deux œuvres ont plus de points en
communs qu'elles n'y paraissent. Portrait sans doute moins glauque et
glaçant que celui de ce tueur qui ne s'exprimera qu'en voix-off, Né
pour l'enfer n'en
est pas moins porté par l'étrange incarnation de l'acteur allemand
Mathieu Carrière dont les changements d'attitude et d'humeur
permanents empêchent une lecture concrète du personnage jusqu'à ce
qu'il décide finalement de s'introduire dans la maison que partagent
les infirmières afin de les violer et de les assassiner. Un peu de
nudité et de sang mais surtout, une galerie d'interprètes féminines
dont une partie auront connu ou connaîtront une véritable carrière
d'actrice. On pense notamment à l'américaine Debra Berger mais
aussi plus proche de nous aux françaises Myriam Boyer et Christine
Boisson ou à la canadienne Carole Laure. Notons également dans le
rôle de l'infirmière Catherine, l'actrice germano-autrichienne Eva
Mattes qui un an plus tard croisera la route du géniallissime
réalisateur allemand Werner Herzog, lequel lui offrira l'un des
trois principaux rôles de
La Ballade de Bruno.
Le long-métrage de Denis Héroux n'est pas anodin. S'inscrivant
dans son époque, le film laisse un curieux sentiment. Entre malaise,
épouvante, rejet et fascination. Mais ça, c'est pour celles et ceux
qui comme moi apprécieront. Pour les autres, tant pis pour eux...
merci
RépondreSupprimerTon blog est également un excellent pourvoyeur... d'autres blogs. Tel ce "Cinéphile Schizophrène" qui traite occasionnellement du cinéma "clandestin". De façon certes moins... fouillée que sur le mien mais très humoristique. Sois en à jamais remercié :-)
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