Je me disais qu'après
l'insupportable affront qui me fut fait lors du visionnage du
désastreux B.C. Butcher de Kansas Bowling, il fallait
que je me refasse une santé devant une autre production Troma.
Non pas en faisant une cure à base de Toxic Avenger,
de Class Of Nuke'Em High
ou de Poultrygeist : Night of the Chicken Dead,
tellement cultes et évidents qu'il aurait été trop facile de me
laisser à redécouvrir une énième fois ces classiques de la
société créée dans les années soixante-dix par le tout aussi
culte Lloyd Kaufman, mais plutôt en allant dénicher LA perle rare.
Le film inédit (ou presque puisque existant tout de même dans une
version ATROCEMENT doublée dans notre langue), l'objet quasiment
introuvable si ce n'est sous l'impulsion de l'un des nombreux
cinéphages qui multiplient ''l'upload'' d’œuvres parfois
improbables sur le net. En fait de perle, disons que si j'ai bien
réussi à trouver une production bien moins connue que les illustres
longs-métrages cités plus haut, The Newlydeads
est plutôt du genre perl...ouse, que le véritable joyau que
j'espérais vainement découvrir.
Durant
une heure... dix-sept minutes... et dix secondes, j'ai tenté de
saisir dans quelle mesure ce film signé du réalisateur Joseph Merhi
(auteur, tout de même, de trente-trois métrages entre 1986 et 2012)
aurait pu être envisagé comme une œuvre méritant que l'on s'y
attarde un minimum. Soixante-dix sept minutes à me triturer les
méninges tout en demeurant indifférent au récit se déroulant sous
mes yeux. C'est peut-être dans le mélange de sources d'inspiration
qu'évoque le film que le spectateur trouvera la clé. Je veux bien
évidemment parler de celle qui lui est propre. La mienne n'a pas eu
besoin d'aller chercher très loin. Esthétiquement, The
Newlydeads
ressemble, au hasard, à la série Angoisse
(aussi connue sous le titre original Thriller)
dans une version sous acides. Mais la comparaison entre cette fameuse
série britannique horrifique datant des années soixante-dix et le
film de Joseph Merhi s'arrêtant là, il fallait trouver d'autres
points de comparaison. À dire vrai, The
Newlydeads
ressemble à un vieux soap fauché, interprété avec la finesse
d'une enclume par des actrices et acteurs (vous êtes priés de rire
à l'énoncé) visiblement piochés au hasard à l'entrée d'un
centre commercial.
Lorsque
le génie se fait la malle avec une valise remplie des billets prévus
pour le budget du film, voilà ce que ça donne. Pas aussi miséreux
que B.C. Butcher tout
en étant aussi inintéressant, The Newlydeads
est
de ces calvaires que personne n'oserait imposer au violeur de sa
fille ou au meurtrier de son épouse. L'histoire (ah, car il y en a
une?) : un travel... euh, pardon : un travesti débarque
dans un hôtel, loue une chambre et drague le propriétaire des lieux
qui, le pauvre, est bien le seul à ne s'être pas encore rendu
compte que la séduisante blonde qu'il a en face de lui est une
folle. Enfin, un pédé, une tata, une fiotte ou un homosexuel,
appelez-le comme vous le voulez. Après avoir tenté de repousser les
assauts de ce client aux mœurs très particulières, le proprio le
tue en lui plantant un tournevis dans la tempe (cherchez pas. Le
meurtre n'est évidemment pas un hommage au Dawn
of the Dead
de George Romero, les amateurs comprendront). Revenu d'entre les
morts, le travesti va venir semer la zizanie au cœur de l’hôtel
dans lequel de nombreux touristes ont réservé une chambre. Des
clients qui vont du jeune couple aimant baiser devant la caméra au
duo de grabataires dont on se fiche royalement du sort qui pourrait
leur être accordé.
Joseph
Merhi signe une œuvre hybride, entre film de fantômes et slasher,
le travesti ayant eu le temps de revêtir une robe blanche et
d'arborer un maquillage aussi foireux que ceux des zombies d'un
certain Bruno Mattei (dont je respecte cependant infiniment l’œuvre
cinématographique). La bande-son de John Gonzalez (compositeur d'une
petite soixantaine de partitions pour le cinéma et la télévision)
est (sans doute) involontairement glauque. A l'entendre, on a
l'impression que le type devait découvrir l'instrument qu'il avait
entre les mains pour la première fois. Trois notes, pas plus, le
doigt appuyé de longues secondes, créant ainsi des nappes lugubres
que n'importe quel néophyte en matière de musique aurait été
capable de composer en quelques secondes.
Outre
la musique, on notera la performance de Jimmy Williams, acteur dont
l'incroyable charisme envoûte le spectateur. Il n'a pas son pareil
pour faire croire à celui-ci qu'il est mauvais acteur... Pardon ?
Ah, excusez-moi. On me dit dans l'oreillette que le bonhomme est
authentiquement mauvais. Je me disais aussi, une telle intensité,
une telle profondeur dans le vide artistique ne pouvait être
concevable qu'à partir du moment où l'incarnation était confiée à
un individu peu coutumier du métier d'acteur (neuf apparitions tout
de même dans divers longs-métrages et séries télévisées). Je
raconte beaucoup de bêtises, mais il faut me comprendre. Il s'agit
d'une thérapie m'évitant de ressentir le besoin d'ouvrir la
porte-fenêtre du salon, de saisir mon ordinateur et de le jeter par
la fenêtre avant de prendre la décision, ferme et définitive, d'en
terminer avec le septième art !!! Il y a des instants de
solitude absolue dont vient de faire partie le film de Joseph Merhi.
L'une des pires expériences cinématographiques de toute mon
existence... Où sont mes calmants ?
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