Trente ans après la
sortie de la première adaptation du chef-d’œuvre de l'écrivain
américain Stephen King, Pet Sematary revient
sur grand écran dans une version qui risque de faire suffoquer les
amateur du terrifiant roman sorti chez nous sous le titre Simetierre.
Frappé par ce que j'aurais tendance à nommer sous l'appellation
''Syndrome
Terminator Genisys'',
la cuvée 2019 signée à quatre mains par les réalisateurs Kevin
Kölsch et Dennis Widmyer, la nouvelle version de Pet
Sematary débute
effectivement de manière identique à celle que signa Mary Lambert
en 1989 (laquelle osa pondre une épouvantable séquelle trois ans
plus tard et n'ayant plus rien à voir avec le roman de Stephen
King). Et bien que quelques éléments fassent leur apparition pour
la toute première fois (la procession) et que d'autres aient disparu
(les traumatisants flash-back du chien et de l'adolescent ramenés à
la vie) ou aient été quelque peu modifié (les conditions dans
lesquelles est morte la sœur de Rachel Creed), nous sommes bien en
terrain conquis...
… du
moins jusqu'à ce que ce fameux ''Syndrome
Terminator Genisys''
qui consiste à bouleverser les certitudes (tout autant que les
habitudes) ne viennent artificiellement relancer l'intérêt. Entre
trahison envers le roman (et accessoirement, le film qui en découla
en 1989) et volonté de ''réécrire l'histoire'' pour se démarquer,
le spectateur aura tôt fait de choisir son camp. Si dans le fond,
l'un des événements fondateurs de cette véritable mythologie qui
fait du Pet
Sematary de Stephen King
l'un des axes centraux et l'un des plus terrifiants écrits de toute
l’œuvre de l'auteur de romans
beaucoup plus sombres conçus sous le pseudonyme de Richard Bachman,
dans la forme, Kevin
Kölsch et Dennis Widmyer prennent des chemins de traverses qui
trahissent la volonté de fondre leur adaptation dans une mouvance
qui, si elle est à la mode et donc prisée du jeune public, risque
au contraire de provoquer des remous parmi les fans de l'écrivain.
Concernant
le casting, rien à dire : c'est un sans fautes. Jason Clarke
est convaincant, comme le sont ceux qui incarnent les membres de sa
petite famille (Amy Seimetz, Jeté Laurence et Hugo Lavoie), ainsi
que l'excellent John Lithgow (L'Esprit de
Caïn
de Brian de Palma). On pourra juger l'incarnation du personnage de
Victor Pascow par l'acteur noir Obssa Ahmed comme d'un effet de mode
déjà entrevu dans l'immonde Tour Sombre de
Nikolaj Arcel dans lequel le Pistolero blanc Rolland devenait par on
ne sait quel autre miracle que celui d'un script désireux d'intégrer
son quota d'hommes de couleur, un black ! Un détail me
direz-vous. Oui, peut-être...
N'empêche,
les différentes apparitions du Victor Pascow incarné à l'époque
de Mary Lambert par Brad
Greenquist étaient nettement plus flippantes. Ici, le personnage est
inefficient, et donc, tout à fait inutile. Comme l'évocation de ces
monstres mécaniques qui passent en trombe sur la route qui sépare
la maison des Creed et de Jud Crandall. A force d'éviter de trop les
invoquer, le couple de cinéastes ne parvient plus à susciter la
moindre angoisse lorsqu'enfin, l'un de ces poids-lourds s'apprête à
franchir cette route dangereuse qui depuis tant d'années, à emporté
nombre d'animaux domestiques.
Pet
Sematary version
2019 possède une ambiance lourde, électrique et mortifère. Une
œuvre plus noire et nihiliste que son aînée qui déjà, offrait
une fin pessimiste. En choisissant de prendre un chemin différent en
ne faisant plus du jeune Gage la nouvelle victime de la route
traversant le territoire des Creed, Kevin Kölsch et Dennis Widmyer
réécrivent tout un pan du récit et offrent une incarnation (ici,
celle d'Ellie et non plus celle de Gage, pourtant terrifiant dans la
version de 1989) qui peine à convaincre et qui, reconnaissons-le,
frise même parfois le ridicule. Pour être très franc, une fois
zombifiée, il est amusant d'imaginer le comportement d'Ellie qui
plus âgée que son petit frère peut alors se révéler plus
dangereuse que lui. Sauf que la gamine que choisissent d'exhiber les
deux cinéastes se rapproche davantage d'une Linda Blair en mode
''possédée'' que d'une jeune enfant revenue d'entre les morts. Si
Pet Sematary cuvée
2019 n'est pas totalement raté, il n'apporte en revanche pas grand
chose en comparaison avec l’œuvre de Mary Lambert et encore moins
avec le roman de Stephen King. Sombre et parfaitement incarné, il ne
fera par contre peur qu'aux petits enfants qui pensent qu'une
créature se tapit, la nuit, dans le placard de leur chambre, ainsi
qu'à ceux que certaines légendes indiennes effraient. Pour le reste, le film de Kevin Kölsch et Dennis Widmyer est une honnête série B horrifique, sans plus...
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