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lundi 6 mai 2019

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Ted Bundy - Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile de Joe Berlinger (2019) - ★★★★★★★☆☆☆



Ted Bundy fait très certainement partie des cas de tueurs en série les plus intéressants ayant réellement existé. En tout cas, l'un des plus célèbres et celui dont le procès fut à l'origine de l'appellation Serial Killer qui est depuis usitée dans les affaires criminelles mettant en cause des meurtriers ayant commis au moins trois homicides. Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile n'est peut-être pas la première adaptation de cette sordide histoire qui compte bien plus de meurtres que le minimum requis (entre trente-sept victimes avouées et plus d'une centaine supposées), mais elle reste cependant la plus originale puisque son auteur prend le parti d'adapter la biographie d'Elizabeth Kendall The Phantom Prince: My Life with Ted Bundy, la jeune femme ayant partagé la vie du célèbre tueur en série durant plusieurs années.
L'une des particularités de Ted Bundy était son pouvoir de séduction. Bel homme, instruit et intelligent, il finit par se défendre lui-même devant un public en partie constitué de jeunes femmes séduites par le charisme de cet ancien étudiant en droit. Le cinéaste Joe Berlinger confie le rôle principal à l'acteur Zac Efron qui incarne alors un Theodore Bundy plus vrai que nature et dont le mimétisme ne s'arrête pas au véhicule du tueur (une volkswagen coccinelle beige) ou au pull en acrylique à col roulé que l'accusé portait parfois au tribunal, mais s'étend bien à l'étonnante ressemblance physique du véritable Ted Bundy et de Zac Efron.

Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile ne se contente pas d'énumérer les meurtres du célèbre tueur en série à travers des séquences choc et sanguinaires. Le réalisateur préfère d'ailleurs faire l'impasse sur ces détails sordides pour concentrer toute son intrigue sur les événements qui ont suivi le témoignage téléphonique d'Elizabeth Kendall, laquelle donna le nom de son petit ami, ce qui éveilla les soupçons de la police. Joe Berlinger met en parallèle l'arrestation de Ted Bundy, l'enquête, la réaction des médias et du public, ainsi que la lente érosion psychologique celle qui croit alors être responsable du sort accordé à celui qu'elle aime. Car bien qu'elle semble avoir reconnu son petit ami lors de la diffusion d'un portrait-robot, ce qui paraît effarant dans Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile, c'est la force de persuasion avec laquelle Elizabeth Kendall continue d'être convaincue de l'innocence de celui qu'elle aime. A ce titre, on ne sait alors si son refus de maintenir des rapports même très lointains avec l'accusé (comprendre téléphonique alors que Ted Bundy est en prison) est lié au fait que de l'avoir trahi la mine ou si elle est désormais convaincue de sa culpabilité.

Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile est l'occasion d'assister à un travail d'adaptation relativement rigoureux, majoritairement constitué de scènes de fiction admirablement interprétées par Zac Efron, Lily Collins, Kaya Scodelario, Haley Joél Osment, ou encore John Malkovitch qui participe alors au projet en endossant le costume du juge Edward Cowart qui mena les débats lors du fameux procès de l'accusé et qui annonça le verdict de mort par électrocution, laissant parler sa désolation de voir Ted Bundy gâcher ainsi un brillant avenir en choisissant la voie du crime. Le film est aussi l'occasion de découvrir un Ted Bundy manipulateur, cynique, se moquant des institutions, allant jusqu'à relever de ses fonctions de défenseur, son propre avocat lors d'un procès-spectacle (les caméras y furent autorisées) frisant parfois le ridicule et le théâtral. Sans aucun doute à la hauteur de l'excellent téléfilm-fleuve de Marvin J. Chomsky The Deliberate Stranger (avec Mark Harmon dans le rôle du tueur en série), Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile dépasse par contre très largement tout ce qui pu être produit sur grand écran sur ce sujet depuis le début des années 2000.

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