Ted Bundy fait très
certainement partie des cas de tueurs en série les plus intéressants
ayant réellement existé. En tout cas, l'un des plus célèbres et
celui dont le procès fut à l'origine de l'appellation Serial
Killer qui est depuis usitée
dans les affaires criminelles mettant en cause des meurtriers ayant
commis au moins trois homicides. Extremely Wicked,
Shockingly Evil and Vile
n'est peut-être pas la première adaptation de cette sordide
histoire qui compte bien plus de meurtres que le minimum requis
(entre trente-sept victimes avouées et plus d'une centaine
supposées), mais elle reste cependant la plus originale puisque son
auteur prend le parti d'adapter la biographie d'Elizabeth Kendall The
Phantom Prince: My Life with Ted Bundy,
la jeune femme ayant partagé la vie du célèbre tueur en série
durant plusieurs années.
L'une
des particularités de Ted Bundy était son pouvoir de séduction. Bel
homme, instruit et intelligent, il finit par se défendre lui-même
devant un public en partie constitué de jeunes femmes séduites par
le charisme de cet ancien étudiant en droit. Le cinéaste Joe
Berlinger confie le rôle principal à l'acteur Zac Efron qui incarne
alors un Theodore Bundy plus vrai que nature et dont le mimétisme ne
s'arrête pas au véhicule du tueur (une volkswagen coccinelle beige)
ou au pull en acrylique à col roulé que l'accusé portait parfois
au tribunal, mais s'étend bien à l'étonnante ressemblance physique
du véritable Ted Bundy et de Zac Efron.
Extremely Wicked,
Shockingly Evil and Vile ne
se contente pas d'énumérer les meurtres du célèbre tueur en série
à travers des séquences choc et sanguinaires. Le réalisateur
préfère d'ailleurs faire l'impasse sur ces détails sordides pour
concentrer toute son intrigue sur les événements qui ont suivi le
témoignage téléphonique d'Elizabeth Kendall, laquelle donna le nom
de son petit ami, ce qui éveilla les soupçons de la police. Joe
Berlinger met en parallèle l'arrestation de Ted Bundy, l'enquête,
la réaction des médias et du public, ainsi que la lente érosion
psychologique celle qui croit alors être responsable du sort accordé
à celui qu'elle aime. Car bien qu'elle semble avoir reconnu son
petit ami lors de la diffusion d'un portrait-robot, ce qui paraît
effarant dans Extremely Wicked, Shockingly Evil
and Vile,
c'est la force de persuasion avec laquelle Elizabeth Kendall
continue d'être convaincue de l'innocence de celui qu'elle aime. A
ce titre, on ne sait alors si son refus de maintenir des rapports
même très lointains avec l'accusé (comprendre téléphonique alors
que Ted Bundy est en prison) est lié au fait que de l'avoir trahi la
mine ou si elle est désormais convaincue de sa culpabilité.
Extremely Wicked,
Shockingly Evil and Vile est
l'occasion d'assister à un travail d'adaptation relativement
rigoureux, majoritairement constitué de scènes de fiction
admirablement interprétées par Zac Efron, Lily Collins, Kaya
Scodelario, Haley Joél Osment, ou encore John Malkovitch qui
participe alors au projet en endossant le costume du juge Edward
Cowart qui mena les débats lors du fameux procès de l'accusé et
qui annonça le verdict de mort par électrocution, laissant parler
sa désolation de voir Ted Bundy gâcher ainsi un brillant avenir en
choisissant la voie du crime. Le film est aussi l'occasion de
découvrir un Ted Bundy manipulateur, cynique, se moquant des
institutions, allant jusqu'à relever de ses fonctions de défenseur,
son propre avocat lors d'un procès-spectacle (les caméras y furent
autorisées) frisant parfois le ridicule et le théâtral. Sans aucun
doute à la hauteur de l'excellent téléfilm-fleuve de Marvin J.
Chomsky The Deliberate Stranger
(avec Mark Harmon dans le rôle du tueur en série), Extremely
Wicked, Shockingly Evil and Vile dépasse
par contre très largement tout ce qui pu être produit sur grand
écran sur ce sujet depuis le début des années 2000.
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