Carrie au Bal du
Diable revêt,
dans la carrière de l'écrivain Stephen King et du réalisateur
Brian de Palma, une importance considérable. Pour le célèbre
écrivain, il s'agit du premier roman, qu'il aurait paraît-il conçu
sur une machine à écrire installée dans un réduit, sur une
machine à laver. Écrit en 1972, accepté par la maison d'édition
Doubleday en 1973 et publié en 1974. Le succès est instantanné sur
le territoire américain puisque dès la première année, Carrie
se vend à hauteur de 13 000 exemplaires, soit presque la moitié de
ceux qui sont alors mis en circulation. Deux ans plus tard, le
cinéaste Brian de Palma s'empare du roman après l'avoir lu sur les
conseils d'un ami et réalise donc son adaptation au cinéma sur la
base d'un scénario écrit par Lawrence D. Cohen. Lorsque le cinéaste
débute le tournage de Carrie
(titre original qui conserve toute la simplicité de celui du roman),
il n'a derrière lui qu'une poignée de courts-métrages mais déjà
neuf longs-métrages dont Sœurs de Sang (qui
est déjà, un hommage à son mentor Alfred Hitchcock),
l'extraordinaire comédie fantastique et musicale Phantom
of the Paradise,
ou encore l'excellent Obsession.
Carrie au Bal du Diable n'est
donc pas sa première incartade dans le domaine du fantastique mais
l'une des rares dont il confiera l'écriture à un autre. Il y exploite à
nouveau le principe du Split-Screen (écran partagé permettant
divers points de vue d'une même séquence) auquel il donnera ses
lettres de noblesses à travers plusieurs de ses longs-métrages.
Pour
l'actrice Sissy Spacek, Carrie au Bal du Diable
revêt également une grande importance puisque si cette jeune femme
qui a l'époque du tournage avait déjà 27 ans alors qu'elle en
paraît dix de moins (le film évoque une adolescente de dix-sept
ans), a déjà tourné auprès de Michael Ritchie (Carnage)
ou de Terrence Malick (La Ballade Sauvage),
le rôle qu'elle tiendra dans le film de Brian de Palma demeurera
sans doute comme son plus célèbre.
Carrie
n'est pas vraiment une adolescente comme les autres. Effacée,
timide, et physiquement beaucoup moins gracieuse que ses camarades
d'école, elle découvre avec stupeur ses premières règles. Mais la
jeune femme, qui vit avec une mère bigote n'a pas conscience de ce
qui est en train de lui arriver. Victime des quolibets de la part de
ses camarades, elle n'a malheureusement pas l'occasion de trouver
chez sa génitrice le réconfort et la paix auxquels elle aspire.
Cette dernière ose même lui affirmer que ses saignements sont les
conséquences de ses péchés. Trouvant du réconfort non pas auprès
de sa mère donc, mais de son professeur d'éducation physique (Betty
Buckley, que l'on découvrit chez nous dans la série Huit,
ça Suffit!),
Carrie semble bénéficier d'un certain relâchement auprès de l'une
de ses camarades, Susan Snell (incarnée par l'actrice Amy Irving que
le cinéaste réembauchera sur le plateau de Fury
en 1978 et que l'on a pu revoir très récemment dans Unsane
de Steven Soderbergh cette année), qui toute honteuse du traitement
qu'elle et ses camarades font subir à Carrie, va demander à son
petit ami d'accepter d'accompagner Carrie au bal de fin d'année.
Mais derrière cette invitation se trame en réalité une vengeance
organisée par l'odieuse Chris Hargensen (Nancy Allen, Blow
Out,
Robocop,
etc...)
Carrie au Bal du
Diable
aurait dû être pour la jeune fille, l'entrée dans l'adolescence.
Mais grâce ou à cause de ses premières règles tardives, c'est
dans le monde des adultes qu'elle va entrer. Ces premières règles
sont le signe d'une abondance d'hémoglobine à venir. De ce fameux
bal du Diable que souligne le titre. Si Sissy Spacek est
littérallement incarnée dans le rôle de Carrie, l'actrice Piper
Laurie hante totalement le personnage de Margaret White, la mère de
l'adolescente. L’œuvre de Brian de Palma est parfois d'un terrible
inconfort, la gamine n'ayant que de très brèves occasions de vivre
en paix. Entre ses camarades et sa mère, fanatique religieuse,
Carrie est prise dans un étau qui se resserre de plus en plus autour
d'elle. La seule échappatoire semble venir de ce don de télékynésie
qu'elle semble d'abord ne pas être en mesure de contrôler et qui
sera le bras de sa vengeance lors d'un final apocalyptique dominé
par un rouge criard. La purification dans le sang. Si quelques images
laissent imaginer un film gore (le sang du seau n'est même pas
humain), Carrie au Bal du Diable
est relativement sobre, avec quelques effets plutôt sympathiques
évoquant le pouvoir de Carrie (la crucifixion de la mère étant un
première pas vers l’autonomie et la liberté). Le film sortira sur
les écrans américains le 3 novembre 1976 et en France le 22 avril
de l'année suivante après avoir fait un passage remarqué au
festival d'Avoriaz en janvier où il remporta le Grand Prix ainsi
qu'une Mention Spéciale pour son interprète principale. Aux
États-Unis, le film est nominé à diverses occasions dont les
Oscars de 1977 (de la meilleure actrice pour Sissy Spacek et
meilleure actrice dans un second rôle pour Pieper Laurie). Stephen
King entrait, grâce au long-métrage de Brian de Palma, dans la
légende des auteurs de romans fantastiques et d'épouvante...
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