Lorsqu'en 1974 Tobe
Hooper réalise Massacre à la Tronçonneuse, il est bien loin
d'imaginer que son film va devenir l'une des œuvres horrifiques les
plus célèbres et les plus emblématique du genre. Trente ans après,
on en parle encore et de fait, il reste comme l'épisode (suites et
remakes confondus) le plus abouti. Trente ans plus tard, Marcus
Nispel tourne un remake presque fidèle à l'original. Et pour
appuyer cet aspect, il situe l'action en 1974, l'année où est censé
se dérouler le drame originel. Là où Hooper nous jetait à la face
une pellicule nauséeuse placée sous un soleil de cagnard, Nispel
lui préfère un climat ensoleillé, certes, mais beaucoup moins
pesant. Beaucoup d'aspects divergent entre le film original et son
remake.
Scénario, environnement
et casting de timbrés:
Les situations paraissent
être sensiblement les mêmes et pourtant, la version de 2003
s'éloigne de celle de 1974 tout en conservant un certain nombre de
points communs. La famille Tronçonneuse est
bien différente puisque désormais, on y trouve des grands-parents
bien vivants (un éclopé et une épouse rigide et bigote), un
(pseudo) shérif qui prend un peu trop à cœur son métier, et même
un gamin, seul élément de la famille à posséder un reste
d'humanité. On compte également quelques autres énergumènes tout
aussi frappés, notamment une gargantuesque femelle, aussi écœurante
qu'adipeuse. Exit l’autostoppeur (ici remplacé par la victime d'un
précédent massacre) et le cuistot-garagiste. On retiendra
évidemment la présence du célèbre Leatherface, personnage
emblématique de la saga sans lequel celle-ci n'a pas lieu d'être.
Les héros de cette
nouvelle mouture ne viennent pas rendre vite au cadavre exhumé de
deux d'entre eux mais reviennent du Mexique une peluche remplie
d'herbe. Très vite, le spectateur est placé au cœur de l'action
avec l'apparition d'une jeune femme hébétée croisant la route de
cinq jeunes adultes. Le point de départ d'une longue traque entre
une famille de dégénérés vivant dans une immense demeure au look
extérieur impressionnant, mais qui ne reflète cependant pas l'image
bienveillante d'une maison chaleureuse comme c'était le cas dans le
film original. Les angles précis de cet enfer de béton sont à
priori bien trop menaçants pour que l'on puisse imaginer les héros
y trouver de l'aide.
En
1974, les murs de la propriété renfermaient un univers monstrueux
et reflétant la folie de ses occupants. Il y régnait une atmosphère
dérangeante et étouffante que l'on a du mal à retrouver dans le
remake, malgré des décors soignés: Des murs suintant, des
réfrigérateurs remplis de bocaux à l'intérieur desquels baignent
des restes humains, et un sous-sol, véritable salle de torture où
Leatherface laisse libre cours à ses fantasmes nécrophiles.
Leatherface justement, qui, si dans le film de Hooper apparaissait
comme le monstre ultime caché derrière des masques de peau humaine,
n'est plus ici qu'une grotesque copie dont Marcus Nispel fait
l'immense erreur de nous montrer le vrai visage. La plus grosse (et
navrante) différence, c'est que son monstre nous est décrit comme
tel et jamais comme un homme. Celui de Hooper, malgré toute
l'horreur que l'on pouvait éprouver pour lui, demeurait bien un être
humain. Nispel cherche à rendre à tout prix l'ambiance de
l'original sans jamais y parvenir. Le grain si caractéristique du 16
mm ne pouvant pas être remplacé par de simples décors aussi
réussis soient-ils.
Rythme
et bande sonore:
Marcus
Nispel veut assurer un rythme soutenu et permanent. Une volonté
louable mais qui tombe à l'eau. En prenant son temps, Hooper
plantait le décor et nous accoutumait à ses personnages de
victimes, créant ainsi un lien entre eux et le spectateur. Beaucoup
moins sérieux, ceux de Nispel ne sont rien d'autres que des fumeurs
d'herbes obsédés par le sexe. S'il faut attendre une bonne
demi-heure avant que le périple de la seule et unique survivante du
film de Hooper n'arrive, le rythme est ensuite si soutenu qu'il ne
laisse plus le temps au spectateur de souffler. Le pourtant très
convainquant remake est au regard de son ancêtre relativement
ennuyeux si on les compare. Points de frissons ni de vrai malaise
donc. La musique pioche dans quelques classiques, quand Hooper nous
assénait une bande-son curieuse, industrielle, cacophonique et entremêlée de morceaux de country qui pour nous français,
rendaient encore plus dépaysant le voyage dans cet enfer américain
et rural.
Massacre
à la Tronçonneuse 2003 est donc un excellent remake mais qui à
côté de celui réalisé par Tobe Hooper fait tout de même pâle
figure...
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