Après m'être égaré à
quelques reprises dans les tréfonds de l'âme humaine (Inexorable
de Fabrice du Welz, Fear X
de Nicolas Winding Refn, Keane de
Lodge Kerrigan), il est de bon ton, je pense, d'aller investir
d'autres types de divertissements, lesquels vont je l'espère me
permettre de ne pas sombrer au fond d'un puits comme les différents
héros de ces œuvres généreuses en terme de sinistrose. Une
thérapie par la science-fiction. Une ordonnance constituée non pas
de comédies mais plutôt de créatures venues d'ailleurs. De quoi
évacuer la pression psychologique qu'exercent parfois certains
longs-métrages qu'il n'est sans doute pas bon d'accumuler par
couches successives. Mais, que voulez-vous, les goûts, les envies,
les désirs et la nature profonde de chacun d'entre nous, ça ne se
contrôle pas. Et s'il y'en a qui demeurent persuadés que l'onanisme
guéri de tout les maux, même du cancer ou du diabète, ça n'est
certes pas moi qui critiquerai leur envie de tester la dernière
marque de Sopalin, rivés qu'ils sont devant leur écran
d'ordinateur ! J'oubliais de préciser que cet article n'a point
d'autre vocation que de parler cinéma même si à priori les
quelques phrases qui précèdent (ainsi que très certainement,
celles qui vont suivre) laissent penser le contraire. Ça n'est pas
que le Soleil m'ait rendu zinzin au point de divaguer, mais aborder
Monsters
de Gareth Edwards de manière sibylline me semble hors de propos.
Google étant mon ami, voilà que je découvre après cinquante ans
d'existence le sens véritable de ce terme aussi poétique pour nous,
les anciens, amateurs de belle langue, qu'étrange pour ces nouvelles
générations, naissant avec des facultés intellectuelles réduites.
Comprendre que la résonance phonétique du mot que l'on pourrait
pourtant comparer à la clarté cristalline d'une pensée signifie en
réalité son contraire...
Mais
alors, quel rapport avec Monsters ?
Aucun !!! À trop rapidement cliquer sur l'un des premiers
résultats obtenus par le plus célèbre moteur de recherche, on
pourrait se dire qu'avec sa gueule ''DominiqueStraussKahnesque'',
Gareth Edwards n'a pas vraiment le profil du type à avoir réalisé
le formidable Godzilla
de 2014. Mais un minimum d'observation permettra aux plus réactifs
de comprendre qu'il s'agit là d'un homonyme. Car en effet, à moins
que le britannique ait commencé dans la vie comme joueur de Rugby au
poste de demi de mêlée, il s'agit bien là d'une erreur
d'aiguillage. Avec une carrière débutée à la télévision en 2005
et seulement trois longs-métrages cinématographiques réalisés
entre 2010 et 2016 (le prochain arrive bientôt sous le titre True
Love,
ne vous en faites pas), on se dit que le bonhomme prend soin de
chacun de ses bébés ce qui, éventuellement, peut être qualifié
d'assez bonne nouvelle. Bon, en même temps, dix-neuf ans séparent
le nanardesque mais néanmoins cultissime The
Room
de Tommy Wiseau de son second long-métrage à venir, Big
Shark,
et pourtant... On sait à quel point son premier méfait a pu avoir
comme conséquences terribles sur la santé mentale de celles et ceux
qui ont eu le privilège d'assister au désastre !
(Post-Scriptum : perso, j'adooooore!!!)...
N'allez
pas croire que je noie le poisson en tentant de vous faire ingurgiter
la critique (fuyante) d'un film de science-fiction que je n'aurais
pas vu. Loin de moi l'idée d'entrer dans la peau de Didier Temple,
héros malheureux de Rien sur Robert
(Pascal Bonitzer) incarné par Fabrice Luchini à la fin du siècle
dernier. Lequel osait faire la critique d'un film d'origine bosniaque
sans l'avoir pourtant découvert. Se faisant par la suite humilier
par un Michel Piccoli/Ariel Chatwick-West grinçant ! Pas fou,
le bourdon ! Juste envie de reculer ce moment fatidique... Le
temps que ma température corporelle redescende en cette fin de
journée moite. Il est amusant de constater combien de nombreux et
même, très nombreux cinéastes et scénaristes ont une idée
archaïque d'hypothétiques civilisations extraterrestres. Si l'on
doit dresser une liste de films contenant des créatures humanoïdes
comme les envisagent concrètement les scientifiques et une seconde
référençant celles dont l'apparence est au mieux comparable à
celle de reptiles, devinez laquelle des deux ne contiendra pas sur
une seule feuille de papier ! Alors, imaginez une créature
immense, flasque et constituée d'une multitude de tentacules. Oui,
vous avez deviné ! Une pieuvre. Un poulpe. Non mais sans
déconner. Ouvrir le bal sous les mêmes oripeaux que le Cloverfield
de Matt Reeves réalisé deux ans plus tôt (usage d'infra-verts,
caméra portée à l'épaule, curseur du réalisme poussé à son
paroxysme) pour nous servir une bestiole qu'on imagine mal avoir
débarqué sur notre planète aux commandes d'un vaisseau spatial, ça
le fait pas vraiment. Mais bon, vu que trois minutes de film ne se
sont même pas encore écoulées, on va tout de même laisser sa
chance à Monsters...
Tiens,
d'ailleurs, un peu simpliste comme titre, non ? Alors, pour
commencer, le film de Gareth Edwards, quel que soit ce que semble
affirmer le synopsis, n'a pas grand chose à voir avec de la
science-fiction. Les apparitions de créatures y sont rares et font
plutôt appel au genre fantastique. Ensuite, le film semble tout
d'abord s'intéresser aux rapports que vont entretenir Andrew Kaulder
et Samantha Wynden. Le premier est journaliste pour le compte d'un
homme qui lui a confié la sécurité de sa fille puisque les deux
jeunes gens vont effectivement se retrouver au Mexique lors d'une
période de trouble durant laquelle l'armée est en guerre contre des
créatures hostiles qui se sont développées sur notre planète
après que de micro-organismes s'y soient échoués six ans
auparavant. Une croissance hors norme et en tout cas, pas très
réaliste, mais bon. Ce qui le demeure en revanche, c'est l'aspect
parfois documentaire de la mise en scène qui nous plonge au cœur
d'une population cherchant par tous les moyens à fuir le conflit et
à se réfugier aux États-Unis. Une allégorie mise en images à
travers le retour de deux jeunes américains dans leur propre pays.
Il faut reconnaître que Monsters possède
certains atouts, comme ces séquences situées en pleine jungle du
Costa-Rica. Malheureusement, en s'attardant un peu trop longuement
sur les rapports humains, le réalisateur délaisse trop souvent
l'action et les faits relatant la présence de créatures d'origine
extraterrestre. Le film de Gareth Edwards, c'est un peu le Into
the Wild (Sean
Penn) ou le A Ghost Story
(David Lowery) de la science-fiction. Un film parfois chiant comme la
mort même si en comparaison, Monsters ne
possède pas le même encéphalogramme plat que ses concurrents. Sept
ans plus tard, le britannique Alex Garland reprendra le concept de la
végétation mutant sous l'effet d'une présence extra terrestre avec
son décevant Annihilation.
Similaire dans son approche au très réussi District
9 de
Neill Blomkamp, Monsters
fait l'erreur grossière d'en rajouter dans le sentiment, effaçant
ainsi pratiquement toutes les sous-thématiques pourtant
passionnantes de son sujet : migration, invasion, action, guerre
étant alors plus ou moins placés au second plan. Dommage...
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