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mardi 12 juillet 2022

Monstrous de Chris Sivertson (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

!!! Attention, spoil en fin d'article !!!


Il est loin le temps où l'actrice Christina Ricci interprétait le rôle de Wednesday Addams dans La famille Adams de Barry Sonnenfeld. Depuis, la charmante gamine à grandi, mûri et s'est muée en une très belle femme consacrant le plus gros de sa carrière au petit écran. Ce qui ne l'a pas empêchée d'apparaître ponctuellement dans les salles obscures. Et notamment en 1998 dans l'excellent Buffalo '66 aux côtés de l'acteur, réalisateur, scénariste et musicien Vincent Gallo. Du cinéma ''indépendant'' à une époque où le mot avait encore du sens et ne servait pas que d'emballage à des réalisateurs venus d'un circuit pourtant nettement plus classique. Basé sur un scénario écrit par Carol Chrest dont il s'agit là du second vingt-deux ans après celui de The Prophet's Game de David Worth, Monstrous convie les spectateurs à suivre l'étrange aventure de Laura et de son fils Cody. Bien décidée à s'éloigner d'un mari violent, la jeune mère a emporté avec elle son fils et s'est réfugiée dans une très belle maison de campagne située dans une petite ville de la Californie. Nous sommes alors dans les années cinquante et pour son dernier long-métrage, l'auteur en 2013 de All Cheerleaders Die Chris Sivertson offre une insouciance et une rutilance qui ne seront peut-être pourtant que d'apparence. Décors, moyens de locomotions et costumes brillent de mille feux et Monstrous ressemble alors à ces réclames publicitaires que martèle par contre en noir et blanc le vieux poste de télévision qui trône dans le luxueux salon de cette charmante location dont le propriétaire (l'acteur Don Durrell) est un vieillard aimable et serviable et l'épouse (Colleen Camp) une ventripotente mégère. Éblouissante et d'une beauté qui lui est toute personnelle, engoncée dans des robes saturées de couleurs passant parfois par un noir nécessaire à sa lente transformation psychologique, Christina Ricci reste pour ceux qui s'étaient arrêtés à ses débuts de carrière, totalement méconnaissable. L'un des points forts de ce long-métrage qui oscille entre drame et fantastique est la profondeur de son personnage et l'approche relativement pudique de la mise en scène...


S'inventer une vie idyllique et ainsi fuir la cruelle vérité...


Ce qui alors pourrait apparaître comme la collision entre deux genres qui n'entretiennent que d'infimes rapports entre eux transforme l'exercice en un passionnant récit. Celui d'une femme contrainte de tout abandonner derrière elle pour son bien et celui de son fils, quitte à aborder la vie sous un nouveau jour, dans une nouvelle ville. Avec ce que cela comporte d'inconvénients et qui dans le cas présent prennent d'importantes proportions... Un fils qui n'entretient pas de rapports avec ses camarades de classe, victime d'épouvantables cauchemars nocturnes (ce qu'il partage d'ailleurs avec sa mère),jusqu'au jour où il affirme qu'une femme sortant des eaux de l'étang qui jouxte la propriété vient régulièrement le voir quand tombe la nuit. C'est là qu'intervient l'élément fantastique du récit que l'on pourrait de loin rapprocher de la J-Horror, tout auréolé que puisse être le film de l'esthétique occidentale de la moitié du vingtième siècle. Chris Sivertson rapproche son héroïne de celle de Changeling de Clint Eastwood. Une Christine Collins (Angelina Jolie) se perdant dans les affres de la psychiatrie lors de ses échanges avec le redoutable docteur Jonathan Steele. Malgré sa consommation d'alcool et ses craintes, Laura semble plus forte qu'il n'y paraît. Principalement constituée de vieux airs désuets, la bande musicale semble mimer celle de Bioshock, jeu vidéo rétro-futuriste sorti au milieu des années 2000 et à l'esthétique elle aussi similaire. Passant d'une obsolescence programmée avec l'arrivée prochaine du rock et plus tardivement de la pop, le fond sonore passe d'une diégétique ringarde à une extra-diégétique obsédante passée sous des couches de reverb particulièrement angoissantes. [SPOIL] Ceux qui savent faire travailler leurs méninges à plein régime risquent de deviner dans les premiers instants la réalité des curieux événements qui se produisent tout au long des deux premiers tiers du long-métrage. Se satisfaisant d'ailleurs ou non de l'ultime explication, laquelle n'est en fait pas très éloignée de l'issue d'un certain Sixième sens signé de M. Night Shyamalan. Ou quand le drame mène à la frontière de la folie. Ou comment perdre pied lorsque la douleur d'avoir perdu un être cher est insurmontable. Monstrous n'invente peut-être pas grand chose, mais le fait avec beaucoup de sagesse... Christina Ricci y est formidable et porte l’œuvre quasiment sur ses seules épaules... Magnifique...

 

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