!!! Attention, spoil en fin d'article !!!
Il est loin le temps où
l'actrice Christina Ricci interprétait le rôle de Wednesday Addams
dans La famille Adams de
Barry Sonnenfeld. Depuis, la charmante gamine à grandi, mûri et
s'est muée en une très belle femme consacrant le plus gros de sa
carrière au petit écran. Ce qui ne l'a pas empêchée d'apparaître
ponctuellement dans les salles obscures. Et notamment en 1998 dans
l'excellent Buffalo '66
aux côtés de l'acteur, réalisateur, scénariste et musicien
Vincent Gallo. Du cinéma ''indépendant''
à une époque où le mot avait encore du sens et ne servait pas que
d'emballage à des réalisateurs venus d'un circuit pourtant
nettement plus classique. Basé sur un scénario écrit par Carol
Chrest dont il s'agit là du second vingt-deux ans après celui de
The Prophet's Game
de David Worth, Monstrous
convie les spectateurs à suivre l'étrange aventure de Laura et de
son fils Cody. Bien décidée à s'éloigner d'un mari violent, la
jeune mère a emporté avec elle son fils et s'est réfugiée dans
une très belle maison de campagne située dans une petite ville de
la Californie. Nous sommes alors dans les années cinquante et pour
son dernier long-métrage, l'auteur en 2013 de All
Cheerleaders Die
Chris Sivertson offre une insouciance et une rutilance qui ne seront
peut-être pourtant que d'apparence. Décors, moyens de locomotions
et costumes brillent de mille feux et Monstrous
ressemble alors à ces réclames publicitaires que martèle par
contre en noir et blanc le vieux poste de télévision qui trône
dans le luxueux salon de cette charmante location dont le
propriétaire (l'acteur Don Durrell) est un vieillard aimable et
serviable et l'épouse (Colleen Camp) une ventripotente mégère.
Éblouissante et d'une beauté qui lui est toute personnelle,
engoncée dans des robes saturées de couleurs passant parfois par un
noir nécessaire à sa lente transformation psychologique, Christina
Ricci reste pour ceux qui s'étaient arrêtés à ses débuts de
carrière, totalement méconnaissable. L'un des points forts de ce
long-métrage qui oscille entre drame et fantastique est la
profondeur de son personnage et l'approche relativement pudique de la
mise en scène...
S'inventer une vie idyllique et ainsi fuir la cruelle vérité...
Ce
qui alors pourrait apparaître comme la collision entre deux genres
qui n'entretiennent que d'infimes rapports entre eux transforme
l'exercice en un passionnant récit. Celui d'une femme contrainte de
tout abandonner derrière elle pour son bien et celui de son fils,
quitte à aborder la vie sous un nouveau jour, dans une nouvelle
ville. Avec ce que cela comporte d'inconvénients et qui dans le cas
présent prennent d'importantes proportions... Un fils
qui n'entretient pas de rapports avec ses camarades de classe,
victime d'épouvantables cauchemars nocturnes (ce qu'il partage
d'ailleurs avec sa mère),jusqu'au jour où il affirme qu'une femme
sortant des eaux de l'étang qui jouxte la propriété vient
régulièrement le voir quand tombe la nuit. C'est là qu'intervient
l'élément fantastique du récit que l'on pourrait de loin
rapprocher de la J-Horror,
tout auréolé que puisse être le film de l'esthétique occidentale
de la moitié du vingtième siècle. Chris Sivertson rapproche son
héroïne de celle de Changeling
de Clint Eastwood. Une Christine Collins (Angelina Jolie) se perdant
dans les affres de la psychiatrie lors de ses échanges avec le
redoutable docteur Jonathan Steele. Malgré sa consommation d'alcool
et ses craintes, Laura semble plus forte qu'il n'y paraît.
Principalement constituée de vieux airs désuets, la bande musicale
semble mimer celle de Bioshock,
jeu vidéo rétro-futuriste sorti au milieu des années 2000 et à
l'esthétique elle aussi similaire. Passant d'une obsolescence
programmée avec l'arrivée prochaine du rock et plus tardivement de
la pop, le fond sonore passe d'une diégétique ringarde à une
extra-diégétique obsédante passée sous des couches de reverb
particulièrement angoissantes. [SPOIL] Ceux qui savent faire
travailler leurs méninges à plein régime risquent de deviner dans
les premiers instants la réalité des curieux événements qui se
produisent tout au long des deux premiers tiers du long-métrage. Se
satisfaisant d'ailleurs ou non de l'ultime explication, laquelle
n'est en fait pas très éloignée de l'issue d'un certain Sixième
sens
signé de M. Night Shyamalan. Ou quand le drame mène à la frontière
de la folie. Ou comment perdre pied lorsque la douleur d'avoir perdu
un être cher est insurmontable. Monstrous
n'invente peut-être pas grand chose, mais le fait avec beaucoup de
sagesse... Christina Ricci y est formidable et porte l’œuvre
quasiment sur ses seules épaules... Magnifique...
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