Lorsque sort sur les
écrans américains Children of the Corn
(dont la traduction française, Les Démons du
Maïs,
laisse dès le départ envisager son accointance avec le domaine du
fantastique), plusieurs cinéastes se sont déjà penchés sur
l’œuvre de l'écrivain Stephen King. Brian de Palma avec Carrie,
Stanley Kubrick avec Shining (version
que Stephen King reniera quelque peu avant de participer bien plus
tard à l'élaboration d'une mini-série relativement médiocre
s'inspirant de son ouvrage éponyme), Lewis Teague avec Cujo,
ou encore John Carpenter avec Christine
et David Cronenberg avec The Dead Zone,
deux des meilleures adaptations de ses romans. Le petit écran lui
aussi commence à s'intéresser aux ouvrages de l'écrivain puisque
dès 1979, le cinéaste Tobe Hooper y fait une incartade avec le
téléfilm-fleuve Salem's Lot.
Children of the Corn
est l'adaptation de la nouvelle éponyme éditée avec d'autres
écrits dans le recueil de nouvelles Night
Shift (connu
chez nous sous le titre Danse
Macabre).
Comme
aurait dû avant tout le signifier ce film réalisé par le cinéaste
américain Fritz Kiersch dont il s'agissait de la première
réalisation avant que le titre français ne nous en apprenne un peu
trop sur son contenu dès l'entame, Children of
the Corn
n'est donc pas qu'un drame. Ce film aux allures de téléfilm qui fut
interdit chez nous aux moins de 16 ans lors de sa sortie en salle
oppose un couple de passage dans le Nebraska, qui à force de
tourner en rond, accepte de s'arrêter dans la petite ville fictive
de Gatlin. En chemin, Burton et son épouse Vicky ont renversé un
adolescent qui se trouvait au beau milieu de la route. En examinant
le cadavre, Burton comprend que le jeune garçon n'est pas mort des
blessures causées par l'accident mais que quelqu'un lui a tranché
la gorge.
Entourée
de champs de maïs, Gatlin est une petite communauté assez étrange.
Il semble qu'il n'y ait pas âme qui vive. Du moins n'y vivent aucun
adulte, les enfants ayant pris le pouvoir trois ans plus tôt après
avoir tué leurs parents. Dominés par le charismatique Isaac, chaque
enfant a abandonné le prénom que lui a donné ses parents pour un
autre, biblique. L'autorité d'Isaac est pourtant malmenée par le
plus zélé des adolescents. En effet, malachai s'oppose de plus en
plus à leur chef qui lui intime pourtant l'ordre de lui obéir à
défaut de quoi, tout ceux qui se mettront en travers de sa route
seront punis par le démon du maïs. Une créature diabolique qui
ordonne que lui soient sacrifiés ceux qui atteignent la majorité...
La
thématique de l'enfant diabolique a toujours été un sujet
passablement dérangeant. Alors, lorsque déboule cette adaptation
d'une nouvelle de l'écrivain d'épouvante Stephen King, avec ses
dizaines de gamins totalement voués à la cause d'un gourou lui-même
sous l'emprise d'un démon, on pouvait s'attendre au pire. Mais le
pire, viendra d'ailleurs... parce que, qu'on le veuille ou non,
Stephen King ou pas, Children of the Corn
ne fait pas partie du haut du panier en matière d'adaptation. Si
l'écrivain a connu des traitements bien pires que celui-ci (en
adaptant par exemple lui-même sa propre nouvelle Trucks
pour un résultat navrant sous le titre Maximum
Overdrive),
il en a également connu de bien meilleurs. En fait, le film de Fritz
Kiersch souffre surtout de la comparaison avec Les Révoltés de l'an 2000 du
cinéaste urugayen Narciso Ibáñez Serrador, considéré
objectivement comme un classique de l'anticipation réalisé six ans
auparavant. Children of the Corn manque
terriblement de profondeur et n'est qu'une succession de
courses-poursuites à pied dans une ville désertée entre un couple
d'adultes formé par le duo Peter Horton (dont la carrière au cinéma
sera relativement courte) et Linda Hamilton, la Sarah Connor de
Terminator.
Tout juste certains jeunes interprètes marquent par leur physique
inhabituel (John Franklin) ou par la rage qu'ils développent pour leur
personnage (Courtney Gains), ainsi que quelques scènes qui pour
l'époque se révélaient relativement rares (le meurtre des parents
ou ceux d'enfants). Pour un téléfilm, le fond et la forme
passeraient aisément. Mais pour un long-métrage ayant connu une
sortie cinéma, le résultat demeure léger. A noter que Children
of the Corn
a tout de même remporté le prix du meilleur film fantastique au
Festival international du film fantastique de Bruxelles en 1984 et a
depuis connu plusieurs suites puisque jusqu'à maintenant, la saga
compte neuf volets dont le dernier Children of
the Corn: Runaway date
de 2018...
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