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samedi 13 octobre 2018

Cycle Stephen King : Firestarter de Mark L. Lester (1984) - ★★★★★☆☆☆☆☆



J'ai bien failli regretter d'avoir passé presque deux heure devant Firestarter. Bien failli ne pas être tendre avec lui également. Parce que tout a relativement mal commencé. Mise en scène morose et montage mixant présent et flash-backs faillirent nuire au bon déroulement d'une séance dont je n'ai pas attendu les quinze premières minutes pour penser arrêter en route, la projection. Mais non, j'ai tenu. Jusqu'au bout. Jusqu'à ce qu'enfin perce ce détail qui m'a fait changer d'avis, du moins pendant quelques instants, avant que la routine ne reprenne le relais. Cette gamine, tendrement touchante, perdue dans une destinée de marginale, avec son père. Avec, également, leur pouvoir respectif. Lui, Andrew McGee, qui plus jeune, en compagnie de sa future épouse Vicky Tomlinson, morte depuis, accepta au temps de l'université, de suivre un programme scientifique visant à tester un hallucinogène du nom de LOT-6, dont ils ne se doutaient alors sans doute pas des conséquences qu'il aurait sur leur santé mentale. De leur expérience, de leur amour et de leur union est née Charlie, donc. Cette charmante petite tête blonde en possession d'un immense pouvoir de pyrokinésie qui intéresse de très près des membres d'une agence gouvernementale à la tête de laquelle se situe le Capitaine James Hollister.

Mignonne, Charlie... Mais aussi capable d'entrer dans des rages folles et dévastatrices. Drew Barrymore, la petite Gertie du E.T. l'extra-terrestre de Steven Spielberg, avec lequel, on le constate assez vite, Firestarter entretient des rapports. L'emploi de la jeune actrice n'est donc pas le fruit du hasard. Son père, lui, est incarné par l'acteur et réalisateur David Keith. Non, non, pas Kurt Russel... David Keith. Et si leur ressemblance est parfois troublante, il s'agit bien de lui. Son rôle à lui est aussi émouvant. Prenant également la place de son épouse décédée (Heather Locklear qui ne fera qu'une courte apparition), il sacrifie son existence pour celle de sa petite fille. Pour la protéger des méchants qui veulent l'utiliser à des fins militaires. Et pour incarner ces individus malveillants, le cinéaste Mark L. Lester (que l'on connaît surtout chez nous pour avoir réalisé Class of 1984 deux ans auparavant et Commando l'année suivante) convoque notamment Martin Sheen (qui incarnait déjà un gouverneur sociopathe relativement inquiétant dans The Dead Zone de David Cronenberg l'année précédente, ou le père d'un gamin victime des exactions de la secte Santeria dans l'anxiogène The Believers de John Schlesinger) et George C. Scott (l'un des principaux interprètes du Docteur Folamour de Stanley Kubrick ou celui du terrifiant The Changeling de Peter Medak).

Firestarter souffre d'un manque terrible d'implication de la part du réalisateur. Comme des bouts de pellicule mis bout à bout résumant un ouvrage écrit de la main de Stephen King sans véritable engouement. Après l'éveil miraculeux d'un scénario à l'encéphalogramme pratiquement plat, celui-ci fait une nouvelle crise lors du dernier tiers, et ça n'est certes pas le final apocalyptique qui fera oublier et regretter que Mark L. Lester n'ait pas fait preuve d'un peu plus de vigueur pour une œuvre dont le matériau de base était pourtant riche de promesses. Les protagonistes disparaissent comme ils sont apparus. Dans une certaine indifférence renforcée par l'immonde et cafardeuse bande musicale du groupe allemand Tangerine Dream. On imagine ce qu'aurait pu donner un Firestarter confié à John Carpenter qui au départ était pressenti à la mise en scène (un choix abandonné à la suite de l'échec du pourtant cultissime The Thing). Un long-métrage dispensable même si curieusement, le visage de la jeune Charlie reste imprimé durant de longues minutes après le générique de fin...

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