J'ai bien failli
regretter d'avoir passé presque deux heure devant Firestarter.
Bien failli ne pas être tendre avec lui
également. Parce que tout a relativement mal commencé. Mise en
scène morose et montage mixant présent et flash-backs faillirent
nuire au bon déroulement d'une séance dont je n'ai pas attendu les
quinze premières minutes pour penser arrêter en route, la
projection. Mais non, j'ai tenu. Jusqu'au bout. Jusqu'à ce qu'enfin
perce ce détail qui m'a fait changer d'avis, du moins pendant
quelques instants, avant que la routine ne reprenne le relais. Cette
gamine, tendrement touchante, perdue dans une destinée de marginale,
avec son père. Avec, également, leur pouvoir respectif. Lui, Andrew
McGee, qui plus jeune, en compagnie de sa future épouse Vicky
Tomlinson, morte depuis, accepta au temps de l'université, de suivre
un programme scientifique visant à tester un hallucinogène du nom
de LOT-6, dont ils ne se doutaient alors sans doute pas des
conséquences qu'il aurait sur leur santé mentale. De leur
expérience, de leur amour et de leur union est née Charlie, donc.
Cette charmante petite tête blonde en possession d'un immense
pouvoir de pyrokinésie qui intéresse de très près des membres
d'une agence gouvernementale à la tête de laquelle se situe le
Capitaine James Hollister.
Mignonne, Charlie... Mais
aussi capable d'entrer dans des rages folles et dévastatrices. Drew
Barrymore, la petite Gertie du E.T. l'extra-terrestre de
Steven Spielberg, avec lequel, on le constate assez vite,
Firestarter
entretient des rapports. L'emploi de la jeune actrice n'est donc pas
le fruit du hasard. Son père, lui, est incarné par l'acteur et
réalisateur David Keith. Non, non, pas Kurt Russel... David Keith.
Et si leur ressemblance est parfois troublante, il s'agit bien de
lui. Son rôle à lui est aussi émouvant. Prenant également la
place de son épouse décédée (Heather Locklear qui ne fera qu'une
courte apparition), il sacrifie son existence pour celle de sa petite
fille. Pour la protéger des méchants qui veulent l'utiliser à des
fins militaires. Et pour incarner ces individus malveillants, le
cinéaste Mark L. Lester (que l'on connaît surtout chez nous pour
avoir réalisé Class of 1984
deux ans auparavant et Commando
l'année suivante) convoque notamment Martin Sheen (qui incarnait
déjà un gouverneur sociopathe relativement inquiétant dans The
Dead Zone
de David Cronenberg l'année précédente, ou le père d'un gamin
victime des exactions de la secte Santeria
dans
l'anxiogène The Believers
de John Schlesinger) et George C. Scott
(l'un des principaux interprètes du Docteur
Folamour de
Stanley Kubrick ou celui du terrifiant The
Changeling de
Peter Medak).
Firestarter
souffre d'un manque terrible d'implication de la part du réalisateur.
Comme des bouts de pellicule mis bout à bout résumant un ouvrage
écrit de la main de Stephen King sans véritable engouement. Après
l'éveil miraculeux d'un scénario à l'encéphalogramme pratiquement
plat, celui-ci fait une nouvelle crise lors du dernier tiers, et ça
n'est certes pas le final apocalyptique qui fera oublier et regretter
que Mark L. Lester n'ait pas fait preuve d'un peu plus de vigueur
pour une œuvre dont le matériau de base était pourtant riche de
promesses. Les protagonistes disparaissent comme ils sont apparus.
Dans une certaine indifférence renforcée par l'immonde et
cafardeuse bande musicale du groupe allemand Tangerine Dream. On imagine ce qu'aurait pu donner un Firestarter confié à John Carpenter qui au départ était pressenti à la mise en scène (un choix abandonné à la suite de l'échec du pourtant cultissime The Thing). Un
long-métrage dispensable même si curieusement, le visage de la
jeune Charlie reste imprimé durant de longues minutes après le
générique de fin...
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