Réalisé en 1981 par le
réalisateur originaire de la province canadienne Manitoba, Jim
Makichuk, Ghostkeeper
est à ce jour son seul fait d'arme sur grand écran. Après avoir
persévéré à trois reprises dans la mise en scène mais cette
fois-ci pour la télévision à travers deux téléfilms et une
série, il a changé d'emploi pour devenir là encore en de rares
occasions, cameraman. Ghostkeeper est
une petite série B horrifique relativement minable malgré l'intérêt
qu'on pourrait porter à son scénario dont Jim Makichuk fut lui-même
l'auteur aux côtés de Doug MacLeod. Tourné à Banff dans la
province d'Alberta située elle aussi au Canada, le long-métrage
bénéficie pourtant de décors enneigés rappelant très fortement
le cadre servant d'intrigue au Shining
de Stanley Kubrick. Le film semble d'ailleurs avoir la volonté
d'évoquer le classique de l'épouvante en renvoyant l'un de ses
personnages crever de froid dans la neige en fin de projection après
qu'il semble avoir perdu la raison. Mais la comparaison s'arrête aux
portes de cette seule évocation tant l’œuvre de Jim Makichuk est
à mille lieues d'atteindre les qualités de celle réalisée par le
cinéaste américain un an auparavant. De là à affirmer que le
canadien aura opéré une tentative de plagiat, il n'y aura eu qu'un
pas... et des moyens financiers apparemment désastreux puisque le
fabuleux hôtel Overlook est ici remplacé par un ''concurrent'' aux
dimensions beaucoup plus modeste et aux intérieurs nettement moins
fastes. Les décors sont même d'une laideur telle, que l'on se
demande comment nos trois ''vedettes'' n'ont pas préféré se les
geler en restant couchés dans la neige une fois le soir venu plutôt
que de choisir d'y dormir dans l'une de ses chambres vides. D'autant
plus qu'à l'intérieur y rôdent de bien inquiétants personnages...
Jim
Makichuk défini des personnages relativement peu attachants ou en
tout cas passablement troubles. Entre un avocat friqué, arrogant,
cynique et macho (l'acteur Murray Ord dans le rôle de Marty)
accompagné d'une amie prénommée Chrissy (Sheri McFadden) qui
semble avoir le feu au c..., il n'y a guère que Jenny (l'actrice
Riva Spier) pour sembler être à peu près normale. Sauf que, ben
enfin, non ! Comme nous le dévoilera la suite du récit dans
lequel viendront également mettre les pieds dans le plat le
''Gardien
Fantôme''
du titre en la personne de l'actrice Georgie Collins dont la carrière
au cinéma demeurera éminemment plus importante que celle de la
plupart des interprètes et personnages puisqu'elle égalera presque
celle de Riva Spiner qui tourna à une trentaine d'occasions pour le
cinéma et la télévision en quarante-cinq ans de profession.
Ajoutons à cela un rejeton se prenant parfois pour le Leatherface
de Massacre à la tronçonneuse
interprété par Bill Grove et un Wendigo
qui selon la légende est une créature surnaturelle faisant partie
du folklore canadien et l'on obtient un long-métrage
horrrifico-fantastique qui malheureusement ne tient aucune de ses
promesses. Avouons tout de même que Georgie Collins s'avère parfois
assez impressionnante. L'expression qui se dégage de son apparence
est relativement bluffante même si ce seul élément ne suffit
pourtant pas à élever le long-métrage de Jim Makichuk au rang de
vrai film de peur. Plutôt de celui où l'ennui investit le moindre
recoin, le moindre petit bout de récit...
Car
en effet, Ghostkeeper est
chiant à mourir. À tel point que l'on a du mal à garder l’œil
ouvert. Le film est de plus particulièrement radin en terme
d'hémoglobine et ne fera bénéficier aux amateurs de gore que d'une
très courte séquence où les gouttes de sang sont si rares que l'on
pourrait presque les compter à la volée ! Ne parlons même pas
de la réalisation ou du jeu d'acteurs qui semblent ici concourir
afin d'obtenir le prix de la mise en scène et de l'interprétation
les plus pitoyables qui soient. Une impression que confirme un
doublage en français que, bien évidemment, nous ne mettrons pas sur
le dos du réalisateur ou de ses interprètes, mais qui termine
d'achever le potentiel d'une œuvre au final, totalement bâclée.
Des environnements repoussants, des interprètes parfois figés et
silencieux, semblants vouloir se remémorer leur texte, une intrigue
cruellement plate et des personnages parfaitement inutiles dont le
fameux Wendigo,
créature à visage humain que l'on ne découvrira qu'à deux ou
trois reprises pour un total de dix ou quinze secondes seulement. Le
réalisateur canadien tente de jouer avec les décors tristement
vides de l'hôtel, créant une ambiance faite de courants d'air
auxquels s'ajoute la partition musicale de Paul Zaza, mais rien n'y
fait. Le film est plombé par un rythme si lent que l'on s'ennuie
après seulement dix ou quinze minutes de projection. Et le calvaire
commence alors pour ceux qui trouvent le courage d'aller au terme de
ce Ghostkeeper sans
intérêt...
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