Gamera, créature du type
Kaijû eiga,
naît sous l'impulsion du cinéaste japonais Noriaki Yuasa en 1965,
lequel consacrera presque exclusivement son métier de réalisateur à
cette tortue monstrueusement grande se nourrissant notamment de
l'énergie produite par les centrales nucléaires. A l'origine,
Gamera n'est pas l’antagoniste habituellement dévoilé dans ce
genre de longs-métrages produits par la Toho
mais bien une créature pacifiste comme en témoigne Daikaijū
Gamera,
premier film mettant en scène cette tortue gigantesque réveillée
d'un long sommeil hivernal en Antarctique. En effet, c'est lors du
survol d'une base par des avions d'origine inconnue abattus par
l'armée américaine qu'une explosion nucléaire va réveiller la
bête. Tout d'abord mécontente, on découvre assez vite que ses
intentions initiales ne sont pas mauvaises. Bien au contraire, alors
que Gamera détruit un phare, sans doute très énervé de n'avoir
pas pu prolonger son sommeil, il sauve la vie d'un jeune garçon
suspendu dans le vide. Pourtant face au phénomène, et contre l'avis
de l'enfant passionné par les tortues, suppliant les adultes de ne
pas faire de mal à Gamera, l'armée se prépare à l'offensive dans
le but d'éradiquer la créature. Contrairement à leurs attentes,
les hauts gradés constatent avec effroi que non seulement les armes
sont inefficaces, mais que Gamera se nourrit de l'énergie qu'elles
produisent. C'est en collaboration avec l'armée américaine, après
avoir vainement expérimenté une arme secrète, que les japonais
décident de faire appel à leurs nouveaux alliés ainsi qu'à la
science, afin de produiire un plan Z qui débarrassera définitivement
la planète de Gamera...
Second
long-métrage de Noriaki Yuasa après un Dai
gunju Nezura
qui impliquait déjà des créatures gigantesques, Daikaijū
Gamera
est donc l'occasion d'assister à la naissance de Gamera sur grand
écran. Nous sommes en pleine Ère Shōwa (Ere de paix éclairée,
par opposition à l'Ère Heisei qui prendra la relève dès le 8
janvier 1989), et Gamera y est décrit comme une tortue géante et
préhistorique révellée de son sommeil suite à l'explosion d'une
bombe atomique tandis qu'à partir de 1995, il est issu des
expériences menées par les atlantes afin d'éliminer Gyaos, un
monstre ailé assoiffé de sang. S'il est le premier à mettre en
vedette Gamera, Daikaijū
Gamera
est aussi et surtout le dernier Kaijû
eiga qui sera tourné en noir et blanc et le premier à offrir un
rôle important à un enfant. Le rôle de Gamera est en définitive,
assez compliqué à définir réellement dans ce premier long-métrage
puisque le contraste entre son comportement vis à vis de l'enfant et
celui qu'il entretient d'une manière générale avec l'humanité
laisse tantôt à penser qu'il est pacifiste, alors qu'il se révèle
plus tard, particulièrement agressif. Beaucoup plus tard, à
l'Ère Heisei, la société de production cinématographique
japonaise Kadokawa
Herald Pictures
tranchera définitivement en faisant de Gamera une icône à
l'attention du jeune public.
Pour
une première aventure, Daikaijū
Gamera
nous offre l'habituel spectacle de destruction massive. L'équipe en
charge des effets-spéciaux multiplie les maquettes avec plus (la
centrale géothermique) ou moins (certains avions et bateaux) de
bonheur. Le film intègre des séquences de 'stock-shots'
pris
dans diverses archives de guerre et incruste, là encore avec plus ou
moins de bonheur, certains personnages. Gamera, quant à lui, est
incarné par un acteur se fondant dans le costume plus que rigide de
la créature qui par rapport à d'autres (au hasard, Godzilla), se
voit affublé d'une carapace fort peu confortable. La créature,
nantie d'une peau et d'une carapace résistant à toutes épreuves,
possède des capacités extraordinaires lui permettant de cracher des
flammes (après les avoir absorbées), et de voler dans les airs
après avoir rétracté ses pattes et sa gueule à l'intérieur de sa
carapace. De la résistance de Gamera découle donc une conclusion
qui n'est que temporaire comme on le devine assez rapidement.
Majoritairement
interprété par des acteurs japonais (Dai gunju Nezura, Harumi
Kiritachi, Junichiro Yamashita, Yoshiro Uchida, etc...), il est
intéressant de noter que pour le marché américain, Daikaijū
Gamera
a été rallongé de plusieurs séquences notamment interprétées
par Albert Dekker, Brian Donlevy ou John Baragrey, tous, comme on le
devine, d'origine américaine. Très gros succès au Japon, le film
connaîtra une suite intitulée Daikaijū
kessen: Gamera tai Barugon
dès l'année suivante mais cette fois-ci réalisée par Shigeo
Tanaka. Noriaki Uasa reprendra quant à lui les rennes de la
franchise dès 1967 et ne la lâchera plus jusqu'à la fin de l'Ère
Shōwa...
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