La Bretagne, 3 Janvier.
Le petit Michel Thenier revient de la pèche lorsqu'il est renversé
par une voiture roulant à vive allure. Le chauffeur ne s'arrête pas
et continue sa route tandis que le corps de Michel gît sur le pavé.
L'enfant meurt et son père, Charles, traumatisé par la mort de son
fils, passe trois mois dans un hôpital psychiatrique. A l'issu de ce
séjour, il retourne chez lui après avoir demandé à sa gouvernante
Madame Lavenes de faire disparaître tout ce qui pourrait lui
rappeler Michel.
Charles n'a désormais
plus qu'un objectif : trouver celui ou celle qui a causé la
mort de son fils. Durant cinq jours il retourne dans les environs du
drame afin de recueillir un maximum d'éléments qui pourront l'aider
à mettre la main sur l'identité du coupable. Il a en sa possession
un petit carnet dans lequel il note tout ce qui lui passe par la
tête. De la manière dont il va se venger, à celle qui va l'amener
à l'assassin. Mais il a beau chercher, Charles ne parvient pas à
mettre la main sur celui qui a tué Michel. L'écrivain ne peu
désormis compter que sur le hasard. Et d'ailleurs, c'est le hasard
qui le va le pousser vers celui qu'il cherche depuis des jours.
Sur une petite route de
campagne, et alors que la pluie tombe à verse, Charles s'embourbe au
milieu d'un chemin de terre. Heureusement pour lui, un homme passe
par là et vient lui apporter son aide. Il apprend de cet homme qu'un
véhicule s'est déjà retrouvé dans cette situation. Une mustang
dont l'avant était abîmé. Conduite par un homme accompagné d'une
jeune femme célèbre, la voiture s'était elle aussi embourbée, au
même endroit. Le paysan se souvient très exactement de la date :
le 3 Janvier, jour où le petit Michel a perdu la vie...
Que La Bête Meure
est sans doute l'un des cinq meilleur films de Claude Chabrol. C'est
encore une fois la bourgeoisie d'une petite province (cette fois-ci
bretonne) qui sert de toile de fond à un drame éprouvant. Celui
d'un homme dont le fils a été renversé par une voiture dont le
propriétaire a pris la fuite. Facile alors de se mettre à la place
du père et d'imaginer un scénario similaire au sien. Qui aurait
envie d'oublier sans même penser à se venger ? Personne
évidemment.
Mais comment permettre à
cet homme qui part de rien de retrouver la piste du meurtrier sans
tomber dans le grotesque ? C'est là le talent du grand Chabrol
qui devance les a-priori du spectateur en leur proposant la seule
issue finalement valable à la réussite du héros. Ce hasard qui
parfois tombe à pique et qui ici permet à l'histoire de tenir la
route et de relancer une intrigue qui tournerait sinon en rond.
Le personnage de Charles
(campé par Michel Duchaussoy) n'est pas cet homme dur que l'on
aurait pu imaginer. Il demeure de bout en bout d'un calme olympien,
ce qui le différencie et crée un contraste saisissant avec celui de
Paul Decourt (Jean Yanne) le coupable en question. Un homme que l'on
déteste immédiatement. Un type dont la mort ne touchera personne,
si ce n'est sa propre mère au tempérament similaire. L'intelligence
du cinéaste est de faire évoluer le récit vers une voie
inattendue. Le schéma classique de la vengeance est ici détruit
jusqu'à la conclusion puisque cette haine dont Paul Decourt fait
l'objet crée un nid de rancœur dont presque tous les personnages
finissent par désirer sa mort.
Faisant référence à
quelques écritures antiques célèbres, Que La Bête Meure
a l'intelligence de ne pas se constituer comme une simple histoire de
vengeance mais s'offre parfois des dialogues riches et une
interprétation sensible et remarquable...
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