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mercredi 18 février 2015

Que La Bête Meure de Claude Chabrol (1969)



La Bretagne, 3 Janvier. Le petit Michel Thenier revient de la pèche lorsqu'il est renversé par une voiture roulant à vive allure. Le chauffeur ne s'arrête pas et continue sa route tandis que le corps de Michel gît sur le pavé. L'enfant meurt et son père, Charles, traumatisé par la mort de son fils, passe trois mois dans un hôpital psychiatrique. A l'issu de ce séjour, il retourne chez lui après avoir demandé à sa gouvernante Madame Lavenes de faire disparaître tout ce qui pourrait lui rappeler Michel.

Charles n'a désormais plus qu'un objectif : trouver celui ou celle qui a causé la mort de son fils. Durant cinq jours il retourne dans les environs du drame afin de recueillir un maximum d'éléments qui pourront l'aider à mettre la main sur l'identité du coupable. Il a en sa possession un petit carnet dans lequel il note tout ce qui lui passe par la tête. De la manière dont il va se venger, à celle qui va l'amener à l'assassin. Mais il a beau chercher, Charles ne parvient pas à mettre la main sur celui qui a tué Michel. L'écrivain ne peu désormis compter que sur le hasard. Et d'ailleurs, c'est le hasard qui le va le pousser vers celui qu'il cherche depuis des jours.

Sur une petite route de campagne, et alors que la pluie tombe à verse, Charles s'embourbe au milieu d'un chemin de terre. Heureusement pour lui, un homme passe par là et vient lui apporter son aide. Il apprend de cet homme qu'un véhicule s'est déjà retrouvé dans cette situation. Une mustang dont l'avant était abîmé. Conduite par un homme accompagné d'une jeune femme célèbre, la voiture s'était elle aussi embourbée, au même endroit. Le paysan se souvient très exactement de la date : le 3 Janvier, jour où le petit Michel a perdu la vie...

Que La Bête Meure est sans doute l'un des cinq meilleur films de Claude Chabrol. C'est encore une fois la bourgeoisie d'une petite province (cette fois-ci bretonne) qui sert de toile de fond à un drame éprouvant. Celui d'un homme dont le fils a été renversé par une voiture dont le propriétaire a pris la fuite. Facile alors de se mettre à la place du père et d'imaginer un scénario similaire au sien. Qui aurait envie d'oublier sans même penser à se venger ? Personne évidemment.

Mais comment permettre à cet homme qui part de rien de retrouver la piste du meurtrier sans tomber dans le grotesque ? C'est là le talent du grand Chabrol qui devance les a-priori du spectateur en leur proposant la seule issue finalement valable à la réussite du héros. Ce hasard qui parfois tombe à pique et qui ici permet à l'histoire de tenir la route et de relancer une intrigue qui tournerait sinon en rond.
Le personnage de Charles (campé par Michel Duchaussoy) n'est pas cet homme dur que l'on aurait pu imaginer. Il demeure de bout en bout d'un calme olympien, ce qui le différencie et crée un contraste saisissant avec celui de Paul Decourt (Jean Yanne) le coupable en question. Un homme que l'on déteste immédiatement. Un type dont la mort ne touchera personne, si ce n'est sa propre mère au tempérament similaire. L'intelligence du cinéaste est de faire évoluer le récit vers une voie inattendue. Le schéma classique de la vengeance est ici détruit jusqu'à la conclusion puisque cette haine dont Paul Decourt fait l'objet crée un nid de rancœur dont presque tous les personnages finissent par désirer sa mort.

Faisant référence à quelques écritures antiques célèbres, Que La Bête Meure a l'intelligence de ne pas se constituer comme une simple histoire de vengeance mais s'offre parfois des dialogues riches et une interprétation sensible et remarquable...

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