Un
an après Quand
l'Embryon Part Braconner,
Koji Wakamatsu développe à nouveau avec Les
Anges Violés
une part de ses obsessions envers la gente féminines. Après avoir
fait preuve d'une saisissante animosité envers l'adultère et la
séparation, il montre cette fois-ci une véritable amertume envers
certaines pratiques sexuelles déviantes (pour l'époque) comme le
lesbianisme et le voyeurisme. Invité par un quintette d'infirmières
dirigé par une sixième dans un foyer, un intrus qui passait par là
est attiré par le groupe de jeunes femmes et poussé à jeter un œil
par delà un trou pratiqué dans un mur. Celui-ci donnant sur une
chambre à l'intérieur de laquelle s'offrent l'une à l'autre deux
des infirmières, plutôt que de profiter du spectacle, le jeune
homme bondit à l'intérieur de la pièce et abat l'une des deux
femmes.
Commence alors un drôle de spectacle dans lequel l'homme
joue le rôle d'un bourreau et les cinq infirmières encore en vie
celui de ses proies.
Piégées
entre les quatre murs de leur propre demeure, les infirmières
attendent avec fébrilité le sort que leur a destiné le jeune homme
qu'elles-mêmes ont invité. L'homme est donc armé d'une arme à feu
dont il use sur une seconde, une troisième, un quatrième
infirmière. Elles tombent les unes après les autres et ce qui rend
plus dur encore pour les suivantes l'idée même de mourir est de
disparaître sans en connaître les raisons.
"Il
y a un serpent enroulé sur lui-même qui te pousse à tuer des gens"
L'une
d'elles pourtant, la plus âgée et donc la plus mûre, tente de
mettre un terme aux agissements du tueur. Elle dialogue avec lui. Ou
plutôt, elle monologue puisque lui est encore sans doute ailleurs et
pas encore prêt à entendre ce que lui confie l'ange qui dresse son
portrait. La jeune femme affirme tout et son contraire mais devant
l’impassibilité du jeune homme se révise et fuit devant ce
dernier, allant même jusqu'à se réfugier derrière la protection
de chair et de sang que représente la dernière des infirmières
encore vivante.
Les
Anges Violés
est le prolongement du précédent film de Koji Wakamatsu. Au delà
de ses obsessions, il y développe également son amour pour
l'érotisme, démultipliant les corps féminins dénudés et les
exposant parfois à outrance devant l’œil pervers de l'objectif.
Au départ on assiste à la lente dégradation mentale d'un être qui
assume avec la plus grande des difficultés de se retrouver devant la
"Femme". Ensuite, les plans répétés de cadavre filmés
jusqu'à la démesure reflètent plus l'esprit tourmenté du cinéaste
qui abuse de vas et viens dans un mouvement qui se rapproche du
tangage d'un bateau prêt à sombrer dans des eaux troubles. On
remarquera d'ailleurs que Koji Wakamatsu insiste surtout sur le corps
de la troisième victime, allongée sur le dos et baignant dans un
mare de sang après avoir reçu une balle dans le bas ventre. Tout un
symbole, une manière définitive de refuser à la féminité de
s'exprimer. Plus de rapports sexuels possibles et aucune fécondité
envisageable non plus. A moins qu'il ne s'agisse de la représentation
maladive du cinéaste pour les règles, signe de fécondité chez la
femme et début du chaos qui mène forcément à quelque chose de
beaucoup trop pernicieux pour que ce jeune homme accepte de la
laisser vivre.
Avant
d'abandonner ses spectateurs à une poésie étrange dont le sujet
est difficilement perceptible,
Koji
Wakamatsu offre une scène hallucinante durant laquelle il libère
l'une de ses victimes en la transformant en l'un de ces fameux Anges
Violés.
Si le sacrifice reste filmé en noir et blanc, le résultat exhibé
devant le regard de l'une des deux seules rescapées est lui proposé
tout en couleurs maladives. Celles-ci expriment toute l'atrocité de
l'acte et donnent davantage à l'ensemble les atours d'une
antichambre de l'Enfer plutôt qu'à ceux d'un chemin pavé de
lumière menant au paradis.
Les
Anges Violés
reste de nos jours bien sobre. Brutal et dénudé (au sens propre
comme au figuré), il se regarde lui-même comme une curiosité, un
délice japonais déviant qui ravira avant tout les amoureux du
septième art avides de découverte.
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