Contrairement à ce que
la légende prétend, If... de
Lindsay Anderson n'est pas le premier long-métrage cinématographique
dans lequel apparu l'acteur britannique Malcom McDowell. Simplement,
il s'agit du premier dans lequel le public pu le découvrir
puisqu'après avoir tourné dans une dizaine de séries télévisées,
il interpréta le rôle de Billy dans Pas de
larmes pour Joy de
Ken Loach avant que les scènes où il intervenait ne soient
malheureusement supprimées. Ce drôle de titre terminé par trois
petits points qu'est If... s'inspire
en fait à l'origine du poème éponyme de l'écrivain britannique
Rudyard Kipling qui repose sur la vertu
britannique
de l'ère
victorienne
et dont le dernier vers est mondialement connu (''Tu
seras un homme mon fils''
servant lui-même de titre à l'adaptation que fit du poème le
romancier et conteur français André Maurois). If...,
le film, est surtout la première des trois rencontres que le public
fera avec le personnage de Mick Travis que l'on retrouvera à
l'occasion de deux autres longs-métrages réalisés par Lindsay
Anderson et toujours interprétés par Malcom McDowell, Le
Meilleur des mondes possible ! en
1973 et Britannia Hospital
neuf ans plus tard. Mais avant cela, If...
déroule
son intrigue au cœur d'un établissement scolaire privé situé en
Angleterre dans lequel les règles sont strictes. Il y est ordonné
de les suivre avec méthode et discipline sous peine de se voir
infliger des châtiments. Des punitions qui sont alors ordonnées et
pratiquées par Rowntree et les trois autres ''Whips''
qui l'accompagnent, ces quatre étudiants en dernière année étant
chargés d'imposer les règles et de maintenir la cohésion dans
l'enceinte de l'établissement...
Des
méthodes que réprouvent très rapidement les trois ''Croisés''
que sont Mick, Johnny et Wallace. Le premier qu'interprète donc
Malcom McDowell fait figure de meneur et près de trente ans avant la
fusillade de Columbine, une école de l'état du Colorado aux
États-Unis où les étudiants Eric Harris et Dylan Klebold tuèrent
en outre treize de leurs camarades, If... peut
faire figure d’œuvre sinon prophétique, du moins visionnaire
comme cela sera également le cas trois ans plus tard avec Orange
Mécanique
et son ultra violence de l'illustre réalisateur britannique Stanley
Kubrick. Une évocation qui n'a ici rien d'innocente puisque, faut-il
le savoir, c'est en découvrant Malcom McDowell dans le rôle de Mick
Travis que l'auteur de 2001, l'odyssée de
l'espace
lui offrit celui d'Alex dans son chef-d’œuvre d'anticipation.
Cette ironie dans le regard et ce sourire en biais qui feront la
légende de cet acteur à la carrière cinématographique incroyable,
passant du rôle de ce jeune révolté qu'est Mick Travis, à cet
adepte de l'ultra violence que sera Alex, avant de personnifier les
monstres humains que personnifièrent en leur temps Caligula (dans
l’œuvre éponyme de Tinto Brass en 1979) ou le tueur en série
Andrei Chikatilo dont il endossa le costume dans Evilenko
de David Grieco en 2004. En attendant, les élèves de ce prestigieux
collège britannique où s'apprêtent à en venir aux armes Mick et
ses deux amis sont le théâtre d'une discipline de fer où les
punitions et les brimades sont le quotidien des réfractaires...
If... fait
forcément échos aux événements qui se produisirent en mai de
la même année en France lors desquels les étudiants français
manifestèrent notamment contre le capitalisme et contre le pouvoir
gaulliste. Tourné en couleur mais également en noir et blanc
semble-t-il pour des raisons purement esthétiques et non
budgétaires, le long-métrage de Lindsay Anderson remportera la
Palme d'Or au festival de Cannes en 1969, deux ans après Blow-Up
de
Michelangelo Antonioni et juste un an avant
MASH
de Robert Altman mais fera scandale dans son propre pays. Bien que
Malcom McDowell n'ait pas encore été ''perverti'' par sa présence
dans l'extraordinaire Orange Mécanique,
on lui doit l'une des séquences les plus folles du long-métrage de
Lindsay Anderson. Une scène qui à l'origine n'était pas prévue
mais qui le voit faire l'amour avec une jeune femme sur le sol d'un
bar. Une séquence presque précurseur du spectacle absolument
délirant que nous offrira Stanley Kubrick trois ans plus tard. Si
aujourd'hui If...
pourra paraître désuet sous certains aspects, il faut comprendre
qu'à l'époque, l'évocation de l'homosexualité ou la pratique du
fouet en tant qu'acte punitif dont les relents de masochisme peuvent
encore se ressentir de nos jours devaient outrer une certaine
catégorie du public outre-Manche. Le film témoigne également de
méthodes d'éducation rigides pour lesquelles le réalisateur semble
n'avoir aucune forme de reconnaissance ou de sympathie. Le charme
britannique y intervient de manière ponctuelle, à travers l'accent
de ses interprètes, le cadre magnifique ou les uniformes des
étudiants mais certainement pas dans l'attitude des représentants
de l'éducation et de leurs subordonnés. À noter que le changement
d'humeur et d'attitude de Mick Travis intervient au moment même où
sa passion pour l'Afrique et sa culture s'exprime pour la première
fois lorsqu'il découvre l'image d'un homme de couleur au bras armé.
Des séquences fort évocatrices se multiplient alors, accompagnées
par une superbe version chantée du Missa
Luba,
lequel emploie des chants traditionnels congolais...
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