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jeudi 23 septembre 2021

If... de Lindsay Anderson (1968) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Contrairement à ce que la légende prétend, If... de Lindsay Anderson n'est pas le premier long-métrage cinématographique dans lequel apparu l'acteur britannique Malcom McDowell. Simplement, il s'agit du premier dans lequel le public pu le découvrir puisqu'après avoir tourné dans une dizaine de séries télévisées, il interpréta le rôle de Billy dans Pas de larmes pour Joy de Ken Loach avant que les scènes où il intervenait ne soient malheureusement supprimées. Ce drôle de titre terminé par trois petits points qu'est If... s'inspire en fait à l'origine du poème éponyme de l'écrivain britannique Rudyard Kipling qui repose sur la vertu britannique de l'ère victorienne et dont le dernier vers est mondialement connu (''Tu seras un homme mon fils'' servant lui-même de titre à l'adaptation que fit du poème le romancier et conteur français André Maurois). If..., le film, est surtout la première des trois rencontres que le public fera avec le personnage de Mick Travis que l'on retrouvera à l'occasion de deux autres longs-métrages réalisés par Lindsay Anderson et toujours interprétés par Malcom McDowell, Le Meilleur des mondes possible ! en 1973 et Britannia Hospital neuf ans plus tard. Mais avant cela, If... déroule son intrigue au cœur d'un établissement scolaire privé situé en Angleterre dans lequel les règles sont strictes. Il y est ordonné de les suivre avec méthode et discipline sous peine de se voir infliger des châtiments. Des punitions qui sont alors ordonnées et pratiquées par Rowntree et les trois autres ''Whips'' qui l'accompagnent, ces quatre étudiants en dernière année étant chargés d'imposer les règles et de maintenir la cohésion dans l'enceinte de l'établissement...


Des méthodes que réprouvent très rapidement les trois ''Croisés'' que sont Mick, Johnny et Wallace. Le premier qu'interprète donc Malcom McDowell fait figure de meneur et près de trente ans avant la fusillade de Columbine, une école de l'état du Colorado aux États-Unis où les étudiants Eric Harris et Dylan Klebold tuèrent en outre treize de leurs camarades, If... peut faire figure d’œuvre sinon prophétique, du moins visionnaire comme cela sera également le cas trois ans plus tard avec Orange Mécanique et son ultra violence de l'illustre réalisateur britannique Stanley Kubrick. Une évocation qui n'a ici rien d'innocente puisque, faut-il le savoir, c'est en découvrant Malcom McDowell dans le rôle de Mick Travis que l'auteur de 2001, l'odyssée de l'espace lui offrit celui d'Alex dans son chef-d’œuvre d'anticipation. Cette ironie dans le regard et ce sourire en biais qui feront la légende de cet acteur à la carrière cinématographique incroyable, passant du rôle de ce jeune révolté qu'est Mick Travis, à cet adepte de l'ultra violence que sera Alex, avant de personnifier les monstres humains que personnifièrent en leur temps Caligula (dans l’œuvre éponyme de Tinto Brass en 1979) ou le tueur en série Andrei Chikatilo dont il endossa le costume dans Evilenko de David Grieco en 2004. En attendant, les élèves de ce prestigieux collège britannique où s'apprêtent à en venir aux armes Mick et ses deux amis sont le théâtre d'une discipline de fer où les punitions et les brimades sont le quotidien des réfractaires...


If... fait forcément échos aux événements qui se produisirent en mai de la même année en France lors desquels les étudiants français manifestèrent notamment contre le capitalisme et contre le pouvoir gaulliste. Tourné en couleur mais également en noir et blanc semble-t-il pour des raisons purement esthétiques et non budgétaires, le long-métrage de Lindsay Anderson remportera la Palme d'Or au festival de Cannes en 1969, deux ans après Blow-Up de Michelangelo Antonioni et juste un an avant MASH de Robert Altman mais fera scandale dans son propre pays. Bien que Malcom McDowell n'ait pas encore été ''perverti'' par sa présence dans l'extraordinaire Orange Mécanique, on lui doit l'une des séquences les plus folles du long-métrage de Lindsay Anderson. Une scène qui à l'origine n'était pas prévue mais qui le voit faire l'amour avec une jeune femme sur le sol d'un bar. Une séquence presque précurseur du spectacle absolument délirant que nous offrira Stanley Kubrick trois ans plus tard. Si aujourd'hui If... pourra paraître désuet sous certains aspects, il faut comprendre qu'à l'époque, l'évocation de l'homosexualité ou la pratique du fouet en tant qu'acte punitif dont les relents de masochisme peuvent encore se ressentir de nos jours devaient outrer une certaine catégorie du public outre-Manche. Le film témoigne également de méthodes d'éducation rigides pour lesquelles le réalisateur semble n'avoir aucune forme de reconnaissance ou de sympathie. Le charme britannique y intervient de manière ponctuelle, à travers l'accent de ses interprètes, le cadre magnifique ou les uniformes des étudiants mais certainement pas dans l'attitude des représentants de l'éducation et de leurs subordonnés. À noter que le changement d'humeur et d'attitude de Mick Travis intervient au moment même où sa passion pour l'Afrique et sa culture s'exprime pour la première fois lorsqu'il découvre l'image d'un homme de couleur au bras armé. Des séquences fort évocatrices se multiplient alors, accompagnées par une superbe version chantée du Missa Luba, lequel emploie des chants traditionnels congolais...

 

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