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lundi 10 septembre 2018

Les Vieux Fourneaux de Christophe Duthuron (2018) - ★★★★★★★★☆☆




Lorsque l'on entre dans une salle de cinéma, c'est dans la nature humaine de choisir un film en fonction du nom du réalisateur, des interprètes, ou bien même de l'histoire. Concernant Les Vieux Fourneaux (inspiré de la bande dessinée franco-belge du même nom de Wilfrid Lupano et Paul Cauuet), il devient très vite évident que le choix du spectateur s'est tout d'abord porté sur le noms des acteurs. Et même si le récit tourne autour de trois vieux compagnons, le spectateur pourra élargir son champ d'intérêt non pas seulement autour de Pierre Richard, d'Eddy Mitchell ou de Roland Girault, mais également de Myriam Boyer et de Henri Guybet. L’œuvre de Christophe Duthuron, dont il s'agit ici de la première réalisation pour le grand écran, même s'il est avant tout centré sur ses trois principaux personnages, peut être vu comme un hommage à une partie de la vieille garde du cinéma français à une époque où le jeunisme est roi. Lequel sera ici uniquement incarné par l'actrice Alice Pol qui dans le cadre, se fond plutôt bien. Ici, il ne faudra chercher d'originalité que dans la réunion de trois acteurs qui n'avaient jamais joué ensemble. Car tout commence comme dans bon nombre de longs-métrages.
Un enterrement. Celui de Lucette, épouse d'Antoine. C'est l'occasion ou jamais pour Mimile et Pierrot de retrouver celui qu'il avaient perdu de vue depuis des années. L'occasion également de sortir Mimile de sa maison de retraite et d'écarter pour un moment le réactionnaire Pierrot de sa routine de délinquant à la petite semaine s'en prenant au système en bouchant notamment les serrures des institutions capitalistes !


Malgré l'âge de ses interprètes, Les Vieux Fourneaux est un souffle d'air relativement frais qui ne fait pas l'impasse sur une catégorie des spectateurs en ne visant que les plus jeunes d'entre eux. La preuve que même les anciens ont encore des choses à raconter même s'ils n'ont plus rien à prouver depuis longtemps. A commencer par Pierre Richard qui retrouve le personnage qu'il se façonna durant le courant des années soixante-dix. Celui du Distrait, de Je sais rien, Mais je dirai Tout... un doux rêveur. Un gaffeur. Mais réactionnaire avant tout, n'hésitant jamais à dire ce qu'il pense des institutions, surtout lorsqu'il s'agit des politiques, de l'Armée, ou de l’Église. Le cheveu fou, le regard myope, et cette éternelle capacité à s'agiter comme si les années n'avaient pas de prise sur lui, il mène la danse avec brio, nous replongeant très loin en arrière. Le Pierre Richard que l'on aime et qui s'était peut-être un peu effacé au bénéfice d'une interprétation non moins excellente (le superbe Un Profil pour Deux de Stéphane Robelin).

A ses côtés, Eddy Mitchell. Le chanteur. L'acteur, surtout. Qui oserait oublier le Nono de Coup de Torchon de Bertrand Tavernier, Albert Grelleau de La Totale de Claude Zidi, Gérard Tilier, de Le Bonheur est dans le Prè d’Étienne Chatiliez, ou encore (oserais-je), Frank du cultissime nanar Frankenstein 90 d'Alain Jessua ? Mais aussi, qui a vraiment envie de se rappeler du navrant L'Oncle Charles, signé lui aussi par Étienne Chatiliez ? Ici, il incarne le personnage de Mimile, un individu que l'on considérerait presque d'anecdotique en comparaison de ses deux compagnons, certains critiques ayant fait l'amalgame entre son interprétation forcément moins volubile que celle de Pierre Richard ou Roland Girault, et la mollesse de son personnage. Une évidence pourtant si l'on considère qu'Eddy Mitchell y incarne un personnage ayant moins bien vieilli que ses deux comparses.


 Et puis, en face de ces deux excellents interprètes, Roland Girault. Le Pierre de Trois Hommes et un Couffin de Coline Serreau, ou le personnage principal de La Vie dissolue de Gérard Floque de Georges Lautner pour ne citer que ces seuls exemples. Un acteur rare. N'apparaissant plus que très ponctuellement sur grand écran.

Les Vieux Fourneaux n'est pas qu'un prétexte pour réunir ces trois monolithes du septième art. C'est également l'occasion pour Christophe Duthuron de nous offrir une comédie émouvante, et surtout largement plus poétique que celles dont nous abreuve un cinéma français qui en la matière s’appauvrit dangereusement depuis quelques années malgré quelques coups d'éclats (Tout le Monde Debout de et avec Franck Dubosc, Le retour du Héros de Laurent Tirard tous deux sortis cette année). Le cinéaste possède cette capacité d'offrir aux spectateurs, autant d'occasions de rire que de verser des larmes. Et c'est là, alors, que le scénario entre en jeu. Car ce qui n'aurait pu être qu'un road movie pour club du troisième âge se transforme en un conte magnifiquement mis en images (quelques merveilleux effets visuels accompagnent le sujet), et surtout interprété par quelques seconds rôles au moins aussi importants que les trois cités plus haut. Henri Guybet, dans la peau de Garan-Servier, un drôle de personnage libidineux, sénile, mais ô combien attachant. Puis celle que l'on regrettera de n'avoir pas vu plus longtemps à l'écran : l'actrice Myriam Boyer, qui dans le rôle de Berthe, portera en partie sur ses épaules la douloureuse responsabilité d'une tragédie qui aura marqué tout un village avant d'émouvoir une salle de cinéma toute entière... Un petit bijou de tendresse où le rire et l'émotion se mêlent merveilleusement bien...



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