Hier soir France 2
consacrait son émission Un jour, un Destin
à l'acteur Fabrice Luchini. Mais avant cela, la chaîne proposait
l'une de ses dernières incarnations au cinéma avec L'Hermine
de Christian Vincent, l'auteur de l'excellent La
Séparation
avec Daniel Auteuil, ou même La Discrète,
lequel était déjà incarné par Fabrice Luchini, auquel le cinéaste
opposait l'actrice Judith Henry. Un an avant que le réalisateur et
scénariste Bruno Dumont ne prenne tout le monde à revers en utilisant
ce maître es
éloquence dans un rôle où ses qualités d'interprète étaient
mises à mal, Christian Vincent propose aux spectateurs de prendre
place dans un tribunal où va se jouer le procès d'un homme (Martial
Beclin, incarné par Victor Pontecorvo), accusé d'avoir porté des
coups sur sa petite fille de sept mois, la menant tout droit à la mort.
Face à lui, son épouse (Incroyable Candy Ming dans la peau de
Jessica Marton), un public, des témoins (à charge et à décharge),
des jurés, et surtout, un président d'assises à la très mauvaise
réputation qui de surcroît, semble de très mauvaise humeur pour
cette première journée d'audience. Parmi les jurés se trouve Ditte
Lorensen-Côtelet. Pour le président Michel Racine, cette jeune
femme d'une quarantaine d'années n'est pas une inconnue puisque
quelques années en arrière, elle fut celle qui lui sauva la vie
après qu'il fut emmené d'urgence à l’hôpital à la suite d'un grave
accident. Michel n'a jamais oublié cette belle danoise naturalisée
française depuis vingt ans. Entre le procès qui devra déterminer
la culpabilité ou l'innocence de Martial Beclin et la flamme ravivée
d'un amour qui ne s'est jamais concrétisé entre eux, Michel va
devoir composer entre l'éloquence due à son rang de président de
cours d'assises et ses sentiments qui n'ont jamais vraiment cessé
d'exister envers Ditte...
Vingt-cinq ans après La Discrète,
Christian Vincent et Fabrice Luchini se retrouvent donc à nouveau
pour une œuvre qui rassure sur la capacité du cinéaste à faire
transpirer une certaine émotion entre les individus parcourant son
cinéma, la puissance de son écriture (il est également l'auteur du
scénario original), et l'interprétation exceptionnelle de son
principal interprète. L'Hermine possède
les contours d'un docu-fiction sans l'aspect rébarbatif du procédé.
C'est donc dans l'univers très particulier d'un tribunal des assises
que pénètre la caméra du cinéaste, conviant à l'occasion une
brochette d'interprètes exceptionnels, lesquels vont littéralement
donner vie et corps à leur personnage respectif. Aux côtés de
l'immense Fabrice Luchini, des valeurs sûres qui montent peu à peu.
Dans le rôle de Jourd'hui, l'avocat de la défense, l'acteur Michaël
Abiteboul. D'abord excessivement distant (certains jurés lui
reprocheront d'ailleurs de passer davantage de temps au téléphone
qu'assis près de son client), son personnage ne s'exprimera
véritablement qu'à une unique occasion, mais alors, quel moment !
Vient ensuite Corinne Masiero, qui dans la peau d'un juré brut de
décoffrage fait montre d'une capacité à s'adapter à tout type de
rôle, ses origines douaisiennes, dans le Nord, l'ayant sans doute
beaucoup aidée.
Mais
celle qui demeure peut-être parmi les plus convaincants des
interprètes reste encore l'actrice Candy Ming, dont le visage si
particulier collera finalement parfaitement au rôle que lui confiera
Christian Vincent. Dans la peau de l'épouse de l'accusé, elle
incarne à la perfection cette mère de famille d'un milieu social
très modeste. Une interprétation sublimée en partie par la
présence au casting de plusieurs seconds rôles incarnés par des
acteurs amateurs. En effet, il est difficile alors de distinguer pour
qui ne connaîtrait pas encore Candy Ming, qui d'elle et des témoins
qui passent à la barre sont professionnels ou non. N'oublions pas
non plus l'actrice danoise Sidse Babett Knudsen qui dans le rôle de
Ditte, incarne la femme fantasmée par un Fabrice Luchini au sommet
de son art. Une fois encore, et vingt-cinq ans plus tard, Christian
Vincent oppose à l'acteur une alter ego à la féminité extrêmement
touchante. De ces histoires d'amour presque aussi innocentes que
bouleversante dont l'issue n'est jamais déterminée avant la fin.
Christian
Vincent opte donc pour le réalisme. Un choix fort judicieux qui ne
pouvait qu'être mis à contribution par un Fabrice Luchini épatant, face
auquel le cinéaste oppose un myriade d'excellents interprètes.
L'Hermine a
beau sembler parfois modeste dans la forme, il n'en demeure pas moins
que le film de Christian Vincent est une réussite totale...
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