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lundi 10 septembre 2018

L'Hermine de Christian Vincent (2015) - ★★★★★★★★☆☆




Hier soir France 2 consacrait son émission Un jour, un Destin à l'acteur Fabrice Luchini. Mais avant cela, la chaîne proposait l'une de ses dernières incarnations au cinéma avec L'Hermine de Christian Vincent, l'auteur de l'excellent La Séparation avec Daniel Auteuil, ou même La Discrète, lequel était déjà incarné par Fabrice Luchini, auquel le cinéaste opposait l'actrice Judith Henry. Un an avant que le réalisateur et scénariste Bruno Dumont ne prenne tout le monde à revers en utilisant ce maître es éloquence dans un rôle où ses qualités d'interprète étaient mises à mal, Christian Vincent propose aux spectateurs de prendre place dans un tribunal où va se jouer le procès d'un homme (Martial Beclin, incarné par Victor Pontecorvo), accusé d'avoir porté des coups sur sa petite fille de sept mois, la menant tout droit à la mort. Face à lui, son épouse (Incroyable Candy Ming dans la peau de Jessica Marton), un public, des témoins (à charge et à décharge), des jurés, et surtout, un président d'assises à la très mauvaise réputation qui de surcroît, semble de très mauvaise humeur pour cette première journée d'audience. Parmi les jurés se trouve Ditte Lorensen-Côtelet. Pour le président Michel Racine, cette jeune femme d'une quarantaine d'années n'est pas une inconnue puisque quelques années en arrière, elle fut celle qui lui sauva la vie après qu'il fut emmené d'urgence à l’hôpital à la suite d'un grave accident. Michel n'a jamais oublié cette belle danoise naturalisée française depuis vingt ans. Entre le procès qui devra déterminer la culpabilité ou l'innocence de Martial Beclin et la flamme ravivée d'un amour qui ne s'est jamais concrétisé entre eux, Michel va devoir composer entre l'éloquence due à son rang de président de cours d'assises et ses sentiments qui n'ont jamais vraiment cessé d'exister envers Ditte...

Vingt-cinq ans après La Discrète, Christian Vincent et Fabrice Luchini se retrouvent donc à nouveau pour une œuvre qui rassure sur la capacité du cinéaste à faire transpirer une certaine émotion entre les individus parcourant son cinéma, la puissance de son écriture (il est également l'auteur du scénario original), et l'interprétation exceptionnelle de son principal interprète. L'Hermine possède les contours d'un docu-fiction sans l'aspect rébarbatif du procédé. C'est donc dans l'univers très particulier d'un tribunal des assises que pénètre la caméra du cinéaste, conviant à l'occasion une brochette d'interprètes exceptionnels, lesquels vont littéralement donner vie et corps à leur personnage respectif. Aux côtés de l'immense Fabrice Luchini, des valeurs sûres qui montent peu à peu. Dans le rôle de Jourd'hui, l'avocat de la défense, l'acteur Michaël Abiteboul. D'abord excessivement distant (certains jurés lui reprocheront d'ailleurs de passer davantage de temps au téléphone qu'assis près de son client), son personnage ne s'exprimera véritablement qu'à une unique occasion, mais alors, quel moment ! Vient ensuite Corinne Masiero, qui dans la peau d'un juré brut de décoffrage fait montre d'une capacité à s'adapter à tout type de rôle, ses origines douaisiennes, dans le Nord, l'ayant sans doute beaucoup aidée.

Mais celle qui demeure peut-être parmi les plus convaincants des interprètes reste encore l'actrice Candy Ming, dont le visage si particulier collera finalement parfaitement au rôle que lui confiera Christian Vincent. Dans la peau de l'épouse de l'accusé, elle incarne à la perfection cette mère de famille d'un milieu social très modeste. Une interprétation sublimée en partie par la présence au casting de plusieurs seconds rôles incarnés par des acteurs amateurs. En effet, il est difficile alors de distinguer pour qui ne connaîtrait pas encore Candy Ming, qui d'elle et des témoins qui passent à la barre sont professionnels ou non. N'oublions pas non plus l'actrice danoise Sidse Babett Knudsen qui dans le rôle de Ditte, incarne la femme fantasmée par un Fabrice Luchini au sommet de son art. Une fois encore, et vingt-cinq ans plus tard, Christian Vincent oppose à l'acteur une alter ego à la féminité extrêmement touchante. De ces histoires d'amour presque aussi innocentes que bouleversante dont l'issue n'est jamais déterminée avant la fin.

Christian Vincent opte donc pour le réalisme. Un choix fort judicieux qui ne pouvait qu'être mis à contribution par un Fabrice Luchini épatant, face auquel le cinéaste oppose un myriade d'excellents interprètes. L'Hermine a beau sembler parfois modeste dans la forme, il n'en demeure pas moins que le film de Christian Vincent est une réussite totale...

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