Il se dégage de Il
Profumo della Sgnora in Nero de
Francesco Barilli une certaine ironie. Ne provenant non pas du récit
lui-même mais de cette relation toute professionnelle qui unit alors
le temps d'un tournage le réalisateur et scénariste italien
Francesco Barilli et son actrice principale, la franco-américaine
Mimsy Farmer. Une interprète qui se rêvait sans doute dans la peau
d'une future grande star du cinéma mais qui ne parvint à
majoritairement apparaître que dans de nombreuses séries B. Dont
fit partie selon elle ce Parfum de la dame en
noir
dont le titre, trompeur, n'a aucun lien avec le roman éponyme de
l'écrivain français Gaston leroux et que la jeune femme ne cessa
pas de considérer comme l'un des plus mauvais films dans lesquels
elle joua durant sa carrière d'actrice. À reconsidérer la chose,
l'ironie invoquée proviendrait donc du fait qu'en opposition aux
remarques blessantes que fit l'actrice à l'encontre du réalisateur
italien, le film demeurerait sans doute comme l'un des plus réussis
dans la carrière de la jeune femme. Ce qui n’empêchera pas pour
autant à Il Profumo della Signora in Nero de
connaître un bide dans son pays d'origine, refusant ainsi à son
auteur son accès sur le territoire américain ! Mimsy Farmer
passera une partie importante de sa carrière sur grand écran à
prendre des risques en interprétant des rôles difficiles (celui de
Helen Wells dans l'excellent La traque
de Serge Leroy), en jouant dans des œuvres profondément ambiguës
comme le Macchie Solari d'Armando
Crispino ou Rêve de singe
de Marco Ferreri tout en croisant la route de cinéastes aussi
différents que Dario Argento, Georges Lautner, José Giovanni, Lucio
Fulci ou encore l'acteur et réalisateur Terence Hill ! En 1974,
c'est donc aux côtés du réalisateur Francesco Barilli que la
jeune actrice alors âgée de vingt-neuf ans va intégrer le casting
d'une œuvre étrange et fantastique. Un giallo original et exotique,
proche des univers de Roman Polanski et de Lewis Carroll...
D'emblée
l'on est conquis par la sublime partition musicale du compositeur
italien Nicola Piovani qui ouvre le bal et qui durant sa carrière
travailla en outre pour Federico Fellini, Nanni Moretti, Bigas Luna
et même Roberto Benigni ou les français Danièle Thompson, Daniel
Cohen et Philippe Lioret. Une musique belle et pénétrante précédent
des passages nettement plus inquiétants poursuivant les tourments de
l'héroïne Sylvia. Cette jeune femme qui ne s'est jamais tout à
fait remise d'un traumatisme d'enfance dont elle fut le témoin :
la mort de sa mère, laquelle trompait en outre son époux parti en
mer avec un individu des plus salaces. Mais alors que son existence
semble avoir repris son cours de manière tout à fait normale, c'est
lors d'un dîner auprès de représentants africains que revient en
boucle le souvenir douloureux d'une enfance partagée entre le désir
de revoir son père et la découverte de sa mère dans les bras d'un
autre. Sylvia crée alors inconsciemment autour d'elle un univers où
se matérialisera en outre celle qu'elle fut étant enfant, d'où
cette projection de l'univers de Lewis Carroll et ce parallèle avec
Alice au pays des
merveilles.
De Polanski, si la majeur partie des spectateurs auront surtout
retenu l'étrange cohorte de personnages faisant peu ou prou
référence aux voisins de la fragile Rosemary de son Rosemary's
baby,
Il Profumo della Signora in Nero semble
également faire le lien avec ce qui deux ans plus tard prendra forme
dans l'esprit du cinéaste polonais : Le
locataire
Trelkovsky et ses visions cauchemardesques d'assauts identifiés
comme les symptômes d'une maladie mentale. Car tel est aussi le
sujet du long-métrage de Francesco Barilli qui traite ici d'un
traumatisme enfoui jusque là et qui dès sa ''réincarnation'' dans
le présent va avoir des conséquences terribles. Le réalisateur
multiplie les effets de miroirs et mêle réalité et fantasmagorie
au point de tromper non seulement son héroïne mais également les
spectateurs qui s'y perdent à ne plus savoir quel est le vrai du
faux. Drame ou fantastique ? La fin elle-même viendra apporter
une réponse outrancière laissant malgré tout certaines questions
sans réponses. Il Profumo della Signora in Nero
fait figure de double tragédie : pour l'insuccès que le film
rencontra et pour celle de son héroïne, touchante Mimsy Farmer, qui
rejeta en bloc le film et son auteur, alors amoureux éphémère de
son actrice... Troublant...
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