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lundi 19 septembre 2022

Speak no Evil de Christian Tafdrup (2022) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Louise et Bjørn passent leurs vacances en Toscane en compagnie de leur fille Agnes lorsqu'ils font la connaissance d'un couple et de leur fils d'origine hollandaise avec lesquels ils vont très rapidement sympathiser. Au point que ces derniers, Karin et Patrick, vont inviter plusieurs mois plus tard les danois à passer un week-end chez eux. Reçus comme des amis de longue date, Louise et Bjørn vont très vite détecter chez leurs hôtes un comportement étrange. Voire, anormal. Le comportement vis à vis de leur fils Abel et leur extravagance va rapidement mettre la jeune femme mal à l'aise tandis que Bjørn se montrera toujours aussi poli et réservé malgré l'attitude de Patrick. Dans l'inconfort moral le plus total et n'y pouvant bientôt plus, le couple de danois décide alors de quitter les lieux en pleine nuit, sans avertir Karin et Patrick... Pour son troisième long-métrage, le réalisateur danois originaire de Copenhague Christian Tafdrup tente de frapper relativement fort. Speak No Evil (traduit chez nous sous le titre Ne dis rien) laisse dans le sillage de ses personnages un climat trouble typique de ce nouveau cinéma d'épouvante qui cherche davantage à faire travailler les méninges afin de faire défaillir la conscience du spectateur plutôt que de lui nouer l'estomac à travers des hectolitres de sang. L'un des aspects les plus remarquables du nouveau long-métrage de Christian Tafdrup est de décrire de manière apparemment innocente des traits de caractères divergents qui mèneront au clash entre deux couples d'origines et de mœurs différents. D'une certaine manière, le film réorganise à sa manière le mode de pensée Woke où tout est prétexte à la critique, du plus anodin des faits jusqu'au comportement le plus inacceptable. Où l'on juge d'un acte qui est contraire à nos principes sans qu'il n'apparaisse objectif de façon irrémédiable. Le réalisateur semble alors poser la question : de quel droit juge-t-on la manière d'élever son enfant ou de se comporter en société ? Est-on suffisamment soi-même exemplaire pour se targuer de pouvoir donner des leçons aux autres ?


Au-delà de cette réflexion très à la mode se cache un récit cauchemardesque qui repousse les limites de cette simple observation. Se complaisant dans une imagerie crépusculaire et une tension permanente, Speak No Evil ouvre des suppositions par dizaines tout en parvenant à garder le secret durant une bonne heure au moins. Le réalisateur danois accentue d'autant plus la pression que l'étau dans lequel est enfermé le couple Louise/ Bjørn (Sidsel Siem Koch et Morten Burian ) et leur fille Agnes (Liva Forsberg) semble ne devoir jamais se relâcher. Un peu à l'image de Identity de James Mangold dans lequel les personnages étaient sans cesse repoussés vers le même lieu de perdition, la famille danoise semble incapable de fuir leurs étranges hôtes (les ficelles étant parfois très grossières). Peu aidés en cela par un Bjørn se montrant en outre redoutablement passif, distant, voire terriblement lâche ! Une posture aussi inquiétante pour les siens que celle de Patrick et de son épouse dont l'attitude posée, presque normale dans toute sa singularité, effraie bien davantage que s'ils avaient immédiatement montré les dents ! Derrière son message des plus contemporain traité avec plus ou moins de cynisme et de rancœur par le danois, Speak No Evil est à la croisée des chemins entre ces films de couples ou de familles de timbrés traitant leur convives comme des membres à part entière de la leur et ces voleurs d'enfants qui se multiplient sur petits et grands écrans. Dans ses derniers retranchements, le film se montre d'une cruauté inouïe, Christian Tafdrup ne laissant aucun échappatoire possible à ce couple que l'on jugera par défaut comme possédant la morale la plus juste. Bien qu'étant relativement rude avec ceux dont on aurait aimé qu'il préserva l'existence et l'intégrité physique, Speak No Evil n'est cependant pas le traumatisme tant attendu. L'impression d'avoir déjà vu telle aventure au cinéma participe sans doute de cette légère déception et de cet ennui qui parfois s'installe au centre de l'intrigue. Au final, Speak No Evil est une œuvre plaisante qui ne marquera sans doute les esprits que de ceux qui ne sont pas encore coutumiers de ce genre d'expérience cinématographique...

 

1 commentaire:

  1. Appâté par la bande-annonce, je vais sans doute aller voir son remake US. Ca a l'air bien rude, en effet.

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