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lundi 19 septembre 2022

Goodnight Mommy de Matt Sobel (2022) - ★★★★★★☆☆☆☆

 

 


 

La gémellité au cinéma est un sujet passionnant qui fut à l'origine d'un nombre important de longs-métrages dont peu sortirent finalement du lot. Que l'on évoque l’absurde duo formé par Arnold Schwarzenneger et Danny DeVito dans Jumeaux d'Ivan Reitman ou la série B Double Impact de Sheldon Lettich dans laquelle l'acteur belge Jean-Claude Van Damme incarnait le double rôle des frères Alex et Chad Wagner, reconnaissons que les quelques livrées véritablement exaltantes s'avèrent bien moins connues du grand public. Ou du moins, abordent-elles le thème sous des apparences beaucoup plus complexes que le simple phénomène réunissant deux frères ou deux sœurs qui physiquement s'avèrent en tous points semblables. Comment notamment oublier la double performance de Jemery Irons dans le sublime Faux-Semblants de David Cronenberg en 1988 ? Longtemps avant lui vint au monde l'une des œuvres les plus extraordinaires et les plus troublantes sur le sujet de la gémellité sous le titre de L'autre. Une œuvre aussi ensorcelante que profonde signée en 1972 par le réalisateur américain Robert Mulligan. Un long-métrage qui trouva longtemps après un digne successeur avec Goodnight Mommy des cinéastes autrichiens Severin Fiala et Veronika Franz. Une œuvre dans laquelle l'on sentait percer cette approche parfois très froide typique d'un cinéma duquel émerge notamment l’œuvre toute entière de leur confrère Michael Haneke. Un long-métrage qui marquera profondément une partie du public. Celle-là même adhérant totalement à un autre type de cinéma horrifique que celui se complaisant uniquement dans les débordements sanglants ou les jump scares inefficients. Un film sinon parfait, déployant du moins tout une certaine idée de l'horreur psychologique, montant dans les étages de l'effroi de manière compulsive et rigoriste. Comme un long cauchemar dont seuls les deux auteurs connaissaient l'issue et demeuraient les seuls à décider lorsqu'il prendrait fin : c'est à dire, lorsque surviendrait le générique de fin. Comment imaginer qu'un jour quelqu'un oserait émettre l'idée d'un remake de ce film qui ne souffrait que de très peu de défauts ? Il n'y a guère que nos voisins d'Outre-Atlantique pour braver l'impossible : oser reprendre des concepts ayant déjà accueilli en leur sein une technique de mise en scène qui leur accorde le statut de chef-d’œuvre inégalables. Et comme on le verra très souvent (à titre d'exemple, revoyez-donc le chef-d’œuvre de Hideo Nakata Dark Water signé en 2002 et son infâme remake réalisé trois ans plus tard par Walter Salles pour vous en convaincre), reprendre un concept venu de l'étranger pour s'en faire sien n'est pas chose aisée. Lorsque celle-ci n'est pas purement et simplement inenvisageable...


C'est donc à nouveau un réalisateur américain qui à son tour reprend le scénario d'un film qui ailleurs connut un certain retentissement. Matt Sobel qui jusqu'à maintenant n'avait tourné qu'un long-métrage (le drame Take Me to the River en 2015), deux courts-métrages et deux épisodes de la mini-série horrifique Brand New Cherry Flavor s'intéresse donc au sujet mis en scène huit ans auparavant par les deux autrichiens. Pour celles et ceux qui ne se souviendraient pas du récit original ou qui auraient fait l'impasse sur le petit chef-d’œuvre de Severin Fiala et Veronika Franz, petit rappel des faits : Goodnight Mommy version 2014 mettait en scène les frères jumeaux Elias et Lukas dans leur maison familiale lors du retour au bercail de leur mère, laquelle réapparaissait le visage entièrement bandé à la suite d'une opération de chirurgie faciale. Très vite, les deux garçons allaient observer chez leur mère un étrange comportement au point qu'ils finiraient par se demander si sous les bandages allait se cacher celle qui leur donna la vie ! Matt Sobel et le scénariste Kyle Warren reprennent le concept d'origine et déploient de manière nettement plus grossière que leurs homologues autrichiens le terreau de suspicion qui insidieusement mais irrémédiablement allait gripper les rapports entre les deux jumeaux et leur mère. Créant ainsi un climat anxiogène qui malheureusement a bien du mal à s'installer dans cette nouvelle mouture, bien trop pressée de plonger ses protagonistes (et par là-même, les spectateurs) dans un climat de méfiance et de terreur. La mère, interprétée par Naomi Watts (déjà notamment vue dans un autre remake : Le cercle de Gore Verbinski en 2002, adaptation d'un autre classique du japonais Hideo Nakata) montre un peu trop rapidement des signes de menace, laissant avec trop d'empressement planer le doute sur son identité. Si la direction d'acteurs et le scénario semblent vouloir laisser davantage de place au personnage de la mère, son intégration nettement plus importante que dans l’œuvre originale nuit justement au climat d'angoisse que générait son absence d'une partie des séquences tournée alors. Autre sensation qui manque cruellement au remake de 2022 : le malaise. Morbide à plus d'une occasion, l'original avait ce don de laisser le spectateur dans l'inconfort total tandis que le film de Matt Sobel se montre souvent d'un classicisme déconcertant. Un huis-clos qui permettra surtout à celles et ceux qui seraient passés à côté de réévaluer les indéniables qualités de l’œuvre datant de 2014. Inutile de préciser qu'à choisir il sera hautement conseillé aux curieux de (re)découvrir en priorité le long-métrage de Severin Fiala et Veronika Franz plutôt que ce remake dramatiquement impersonnel... À noter que Goodnight Mommy version 2022 vient d'être directement mis à disposition des abonnés Amazon Prime...

 

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