Escape from
Pretoria
est le troisième long-métrage du réalisateur britannique Francis
Annan après la comédie musicale Get Away
en 2009 et le drame Woyzeck
en 2010. Dix ans après, il revient sur grand écran avec un biopic
consacré aux militants anti-Apartheid (terme afrikaans relatif à la
politique ségrégationniste sud africaine ayant eu lieu entre 1948
et 1991, année de son abolition) Tim Jenkin et Stephen Lee qui après
avoir été enfermés dans la prison locale de Pretoria (ville
d'Afrique australe et capitale administrative de l'Afrique du Sud)
durant quatre-cent quatre jours parvinrent en compagnie d'un autre
détenu, Alex Moumbaris (dont le nom est ici remplacé par celui de
Leonard Fontaine qu'incarne à l'écran l'acteur Mark Leonard
Winter), à s'en évader et à prendre la fuite pour Johannesburg.
Francis Annan ne s'attache pas tant à décrire l'activisme de ses
protagonistes que lors du prologue qui montre ces humanistes user de
bombes à tracts inoffensifs avant d'être arrêtés le 3 mars 1978
aux environs de trois heures du matin. Le britannique s'intéresse en
fait davantage à leur incarcération ainsi qu'à l'opération qui a
consisté pour ces deux hommes à fabriquer des clés de chaque
serrure de la prison afin de s'en évader.
Aidés
par plusieurs autres détenus parmi lesquels plusieurs refuseront de
prendre la fuite à leurs côtés, Tim et Stephen sont d'abord
témoins de la cruauté de certains gardiens (dont Mongo
qu'interprète l'australien Nathan Page). Immédiatement protégés
par des activistes de même nature dont le légendaire Denis Goldberg
(interprété par le britannique Ian Hart) qui fut très tôt l'un
des plus actifs contre l'Apartheid mais se retrouva par la suite
enfermé durant vingt-deux ans, les deux hommes n'ont au final, pas
de réels soucis à se faire vis à vis des autres prisonniers (pour
certains, des meurtriers), des gardiens et de leur directeur. Escape
from Pretoria
n'en est pas moins prenant et reste très loin d'une promenade de
santé pour le britannique Daniel Radcliffe et l'australien Daniel
Webber qui campent respectivement Tim Jenkin et Stephen Lee. Entre la
cours où peuvent se dégourdir les jambes les prisonniers, la
cantine, l'atelier de fabnrication et les cellules, le film est
entièrement consacré à la tentative d'évasion des deux hommes et
de leur compagnon d'infortune. Le long-métrage ne repose finalement
que sur un mince scénario mais son auteur et l'implication de ses
interprètes font de Escape from Pretoria un
thriller carcéral plutôt efficace.
Daniel
Radcliffe se démarque une fois encore en incarnant un Tim Jenkin
loin des gros bras qui pullulent généralement dans ce genre de
contexte et révèle la fragilité de son personnage qui dans
certaines circonstances a bien du mal à cacher son stress. Quelques
séquences d'apparence anodine (les clés tombées au sol, le gardien
ventripotent inspectant couloirs et cellules) cultivent l'ambiance
pesante d'un film plus rude psychologiquement (Leonard, contraint
d'écourter le parloir, l'inspection de la chambre de Tim) que
physiquement (l'humiliation du prisonnier noir dans les cuisines du
réfectoire). Et c'est sans surprise que c'est le sourire jusqu'aux
oreilles que l'on assiste à la fuite de nos trois hommes à bord
d'un taxi conduit par un homme de couleur, évasion accompagnée par
le score du compositeur australien David Hirschfelder. Une séquence
qui symbolise à elle seule le propos de Escape
from Pretoria...
Une œuvre humaniste qui reste une très belle surprise...
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