Inutile de jeter un œil
sur la fiche technique de Lucky
pour se douter que le réalisateur et scénariste belge Olivier Van
Hoofstadt se cache derrière. À dire vrai, avec son dernier
long-métrage, le cinéaste propose une sorte de mixture entre son
insurpassable comédie culte Dikkenek
de 2006 et le film d'action Go Fast
qu'il réalisa deux ans plus tard. En réalité, Olivier Van
Hoofstadt n'emprunte à ce dernier que quelques rares éléments mais
balance à la gueule des spectateurs une comédie absurde et
délirante mais malheureusement pas tout aussi convaincante que son
premier long-métrage. Ce qui n'empêche pas Lucky
d'être relativement ambitieux en se penchant sur le cas de Willy et
de son pote Tony. Le premier a perdu son chien et vient d'être
licencié. Effet boule de neige : il risque de surcroît de
perdre son logement. Tony est père d'un jeune adolescent mais
divorcé de son ex, il lui doit plusieurs mois de pension
alimentaire. Étant comme son meilleur ami sans le sou, les deux
hommes sont dans la galère. Un jour, une idée lumineuse brille dans
l'esprit de Willy. Lors d'une exhibition canine lui vient celle de
voler un chien de détection appartenant à la brigade des
stupéfiants. Persuadé de pouvoir grâce à son aide détecter des
planques de drogue dans leur quartier, Willy appelle son nouveau
compagnon Lucky. Mais alors que les deux amis s'attendaient à tomber
sur de petites marchandises de cannabis, il mettent à jour plus
d'une tonne de résine enfermée dans un garage. C'est là
qu'intervient Caroline Jamar, flic ripoux et ambitieuse qui espère
prendre prochainement la place du commissaire Daran qui a prévu de
bientôt prendre sa retraite. Mais afin de l'appuyer pour qu'elle
puisse passer commissaire, Daran exige la somme de trois-cent mille
euros...
Ambitieux,
le dernier long-métrage d'Olivier Van Hoofstadt l'est, puisque
constitué d'un casting aussi hétéroclite qu'impressionnant dans le
nombre de vedettes. C'est ainsi que l'on retrouve au générique de
Lucky
l'acteur Michael Youn qui depuis le début de l'année a tourné dans
deux films dont Divorce Club
qu'il a lui-même réalisé. Un rôle à la hauteur du personnage qui
l'a rendu célèbre entre la fin du vingtième siècle et le début
du suivant. Abandonnant pour un temps les rôles plus sérieux qu'on
lui a vu interpréter ces dernières années il incarne dans le cas
présent le rôle de Tony, un pauvre benêt travaillant dans un
garage pour le compte de Monsieur Roger (l'irrésistible et éternel
Daniel Prévost) qui a bien du mal à ''intégrer'' tout ce qu'on lui
dit. Alban Ivanov, qui depuis le milieu de la décennie précédente
fait décidément partie du paysage français (pas moins de dix
longs-métrages en quatre ans dont Le Grand Bain
de Gilles Lellouche en 2018, Hors Normes
de Olivier Nakache et Éric Toledano en 2019 ou encore
Une Belle Équipe
de Mohamed Hamidi cette année) incarne quant à lui le rôle un peu
plus modeste de Willy. L'actrice et humoriste Florence Foresti
interprète le personnage de Caroline Jamar tandis que Sarah Suco
(Les Invisibles
de Louis-Julien Petit), qui au même titre qu'Alban Ivanov s'avère
très présente sur grand écran depuis quelques années.
Si
les gags de Lucky ne
décollent pas toujours et s'avèrent amusants sans être
véritablement drôles, Olivier Van Hoofstadt peut tout de même
également compter sur quelques secondes rôles et incarnations
relativement réjouissantes. On pense bien évidemment à Daniel
Prévost dont le visage, idée fort amusante, s'étale sur le côté
de sa camionnette, à François Berléand qui campe le personnage de
Daran, ce commissaire aussi corrompu que Caroline Jamar, à l'acteur
franco-suisse Yoann Blanc qui excelle dans le rôle de l'inspecteur
de l'IGS obsédé par la gente féminine (les photos que renferme son
portable en sont une preuve flagrante) et notamment par Jamar qu'il
tente de faire ''tomber'', à l'excellente Corinne Masiero (que Sarah
Suco croisa d'ailleurs sur le tournage des
Invisibles)
dans son rôle de bisexuelle sadomasochiste, ou encore le toujours
impayable Estéban que l'on retrouve dans la peau de Narcos, le nom
de son personnage ne laissant alors pas la place à la moindre
ambiguïté. Lucky
est surtout parcouru d'une foule de petits détails amusants (le
patron du bar proxénète) qui viennent ponctuer une comédie ayant
malheureusement parfois du mal à convaincre. L'humour belge y
transpire cependant à chaque réplique et c'est aux amateurs de
comédies (légèrement) trash que le film semble dédié. Ne boudons
pas notre plaisir et notre bonheur...
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