Entre L'Exorciste
de William Friedkin en 1973 et The Assent
en 2020, le septième art s'est emparé à de nombreuses reprises du
thème de la possession. Souvent de manière anecdotique et plus
rarement de façon réellement concluante. Presque cinquante ans
après le chef-d’œuvre de William Friedkin, le réalisateur Pearry
Reginald Teo réalise un ersatz qui à force de vouloir se démarquer
de son illustre modèle ne ressemble à rien d'autre qu'à une
bouillie mal ''cuisinée'' qu'une partie des spectateurs risque de
vomir à la sortie de la projection. Avec le look de gothique qu'il
arbore parfois, on aurait pu s'attendre à ce que l'univers de Pearry
Reginald Teo soit plus dark qu'il n'en a réellement l'air. Quelques
détails dans les décors et les éclairages témoignent de la
volonté du réalisateur d'offrir aux spectateurs un divertissement
plus sombre que la moyenne, mais c'est à se demander si The
Assent n'a
pas d'abord été conçu pour l'unique plaisir de son auteur et des
fans que l'on pourrait lui prêter. Car son dernier long-métrage
possède la prétention de ces œuvres parées d'effets-visuels
repoussants dont l'esthétique nous renvoie à l'époque bénie où
l’œil humain était encore capable de distinguer le vrai du faux.
Je vous laisse juger sur pièce du spectacle car malgré tout, force
est de reconnaître que si l'on peut parfois critiquer une certaine
surenchère numérique (ces satanés CGI qui bouffent tout!),
celle-ci vaudra toujours mieux que les épouvantables
''effets-spéciaux'' disponibles à l'époque des premiers
caméscopes ! En bref, The Assent
est moche, et n'allez surtout pas croire que c'est par provocation ou
par contradiction que je l'affirme (ben ouais, allez lire certaines
critiques qui encensent curieusement l'objet)...
Après,
on reconnaîtra au long-métrage sa pleine conscience de vouloir se
démarquer de son ultime référence en évoquant dans un contexte ou
exorcisme et possession sont au cœur de l'intrigue, le père Lambert
(l'acteur Peter Jason) et le frère Michael (Douglas Spain), le choix
d'y inclure un cas de schizophrénie, malheureusement accessoire.
D'autant plus que le britannique Robert Kazinsky, sans doute en
raison d'une piteuse direction d'acteurs, s'avère relativement
navrant. Peu aidé, encore une fois, par une approche esthétique de
''supermarché'', l'interprète principal déroule une incarnation
redondante qui n'élude malheureusement pas le soucis qui entoure
l'écriture. Évitant cependant de trop embrouiller l'esprit des
spectateurs (quoique!), Pearry Reginald Teo se lance dans une séance
explicative puérile que n'aide pas non plus l'interprétation
absolument pathétique de l'actrice franco-thaïlandaise Florence
Faivre. Ajoutant à son personnage quelques détails qui feront
d'abord sourire avant de nous faire frémir. Je pense évidemment
à... la cataracte (?!?) qu'elle arbore au bout des deux tiers du
long-métrage. Effet minimaliste ne laissant plus aucun doute quant à
sa filiation avec le phénomène de possession en présence.
À
vrai dire, en piochant une partie des références en la matière (le
fils du héros vomi de grandes gerbes comme le fit avec infiniment
plus d'impact la jeune Linda Blair dans l’œuvre de William
Friedkin), il est pratiquement impossible d'ignorer L'Exorciste
alors même qu'il s'avère nécessaire d'y faire abstraction pour ne
pas être sans cesse renvoyé au mythe de Pazuzu.
Pearry Reginald Teo propose un film au rabais et accumule les
propositions de manière hasardeuses et chaotique. Le réalisateur
choisit une approche de l'exorcisme plutôt discrète mais d'une
manière générale, en totale inadéquation avec la volonté de
marquer les esprits. À trop vouloir ''donner'' à son public le
spectacle horrifique pour lequel celui-ci a fait le déplacement, The
Assent
finit par une plus ressembler qu'à un fan-film indigeste. Il en
oublierait presque d'y apporter cette touche essentielle de
psychologie qui fait des grands films d' épouvante,
d'authentiques moments d'effroi. J'exagère ! Disons que cette
touche y est bien présente, mais asphyxiée par une accumulation de
propositions pas toutes judicieuses. Que l'on partage cet avis ou
non, faut-il lui préférer The Hole in the
Ground de
Lee Cronin même si, il est vrai, les sujets se distinguent par une
approche relativement différente ? Oui, mille fois, oui ...!
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