Cinq amis, un fauteuil
roulant, un véhicule familial, la campagne américaine, une
station-essence gérée par un mec louche, ça vous rappelle quelque
chose ? Oui, bon, je sais à quel grand classique du cinéma
d'épouvante vous vous raccrocher. Mais vous faîtes fausse route. Si
j'ajoute une maison 'perdue' dans les bois, à l'intérieur de
laquelle on trouve au hasard, des symboles religieux, un vieux
grimoire, et qu'il va bientôt s'y dérouler des événements
relevant de la démonologie ? OUI ! Cette fois-ci vous
m'avez l'air d'avoir enfin saisi où je voulais en venir. La
comparaison entre ce Bornless Ones d'Alexander Babaev
dont il est question dans cet article et le classique indémodable de
Sam Raimi, Evil Dead, est forcément inévitable. Ça
n'est d'ailleurs pas la première fois que le spectateur est
confronté à ce genre de situation où, en opportuniste, un cinéaste
tente d'apporter sa pierre à un édifice dont la construction est
depuis longtemps terminée. Dans le remake officiel réalisé en 2013
par le cinéaste uruguayen Fede Alvarez, le bonhomme y intégrait un
personnage féminin que son frère et leurs amis allaient tenter de
convaincre d'arrêter la drogue. Sans une once d'originalité,
Alexander Babaev va quand à lui chercher du côté du Amityville:
The Awakening du scénariste et réalisateur Franck Khalfoun
en intégrant parmi ses personnages, celui d'un quadraplégique qui,
comme chez le français, sera la première victime d'une entité
démoniaque.
L'une des différences
essentielles avec le film de Sam Raimi est qu'ici, les démons
apparaissent sous une forme concrète. Bornless Ones
s'apparente alors à un 'home
invasion'
fantastique dans lequel les envahisseurs apparaissent sous la forme
de créatures semi-vaporeuses se déplaçant à très grande vitesse
et dont la principale nécessité semble être de trouver un hôte.
Et quoi de mieux que ces quatre adolescents (si l'on ne compte pas le
handicapé, lui-même déjà possédé) pour intégrer le monde réel
dans lequel nous vivons ?
Il
faudra attendre quarante-cinq longues minutes pour que l'intrigue
s'accélère et que la maison que l'une des deux jeunes femmes du
groupe a acquit plus tôt dans la journée soit le théâtre
d'événements paranormaux. Le film reprend l'idée des voix
déformées mais sur un ton tellement ridicule que l'on passe plus de
temps à sourire qu'à trembler. Cette donnée semble d'ailleurs
absente et même les quelques 'jump
scares' disséminés
ça et là ne sont d'aucune efficacité. Si l'affiche semble
promettre de grand élans gore (on y constatera la grande
ressemblance entre la blonde héroïne et le personnage d'Emily
incarné par l'actrice Cinzia Monreale dans le classique gore de
Lucio Fulci, L’Au-Delà),
le résultat à l'écran va fort heureusement dans ce sens.
Éviscération, aiguille enfoncée dans l’œil, lame plantée dans
la mâchoire, etc...
Mais
entre les quelques tristes moments d'hystérie, Bornless
Ones manque
cruellement de rythme. En comparaison avec le film de Sam Raimi, le
long-métrage de Alexander Babaev est assez plat, sans imagination...
on regretterait presque que les personnages ne soient pas aussi
stupides qu'à l'accoutumée, leur souffrance n'en auraient été que
plus appréciable pour le spectateur avide de violence et
d'hémoglobine. D'une autre façon, leur comportement en rassurera
certains, fatigués de constater que la jeunesse d'aujourd'hui n'est
plus qu'une infâme bouillie de chair sans esprit ne pensant qu'à
boire et à baiser. Bornless Ones demeure
au final une œuvre anecdotique qui ne parvient pas à faire de
l'ombre au film culte de Sam Raimi, que cela pu être la volonté de
son auteur ou pas d'ailleurs. A regarder si l'occasion se présente
tout à fait par hasard, sinon, passez votre chemin...
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