Un film chinois. Un
événement pas si courant que cela sur Cinémart pour qu'il soit
marqué d'une pierre blanche. Japonais, oui. Sud-coréen,
certainement. Mais pas chinois. Allez savoir pourquoi. De tristes
expériences sans doute, ou peut-être des sujets qui jusqu'à
maintenant n'étaient pas parvenus à me toucher. Jusqu'à cette
histoire peu commune d'un couple formé d'un homme et d'une femme qui
chacun à leur manière, semblent avoir développé diverses
obsessions. Des troubles obsessionnels compulsifs comme on les décrit
de nos jours. Surtout lui, en fait. Nettoyant, frottant, récurant à
longueur de journée objets et surfaces de leur luxueuse demeure, il
semble avoir également développé une obsession pour le rangement.
Chaque chose à sa place. Tout petit, il a vécu une situation
dramatique ayant fait exploser la cellule familiale. Une erreur de
jeunesse dont il paie encore aujourd'hui les pots cassés. Troublé
par de nombreux cauchemars mettant en scène son grand frère, le
héros de Zhuo Mi Cang met depuis des années tout en
œuvre pour retrouver sa trace. C'est ainsi qu'un jour, lui, sa
femme, et leur fillette se rendent dans un quartier pauvre de la
ville. Un immeuble totalement dégradé dans lequel ne vivent que
quelques rares individus va être bientôt détruit. C'est là que
vit le frère du personnage principal. Un homme louche, qui harcèle
ses voisins. Et notamment une jeune femme et sa fille borgne. Vivant
seules, elles s'apprêtent à rejoindre l'époux de la première qui
s'est depuis peu, installé en Australie. La mère et la fille
espèrent ainsi pouvoir changer de vie et quitter ce taudis. Mais
jusque là, elles font ce qu'il faut pour éviter leur voisin qui
n'est autre que le frère recherché. Le contact entre la famille
aisée et cette mère et sa fille, muette de surcroît, va
bouleverser le quotidien de chacun. Sans parler du curieux individu
qui traîne dans les parages, affublé d'un casque et d'une tenue de
motard. Un homme qui sème la mort derrière lui...
Si le sujet vous dit quelque chose, cela peut être pour plusieurs
raisons. Sans doute parce que Zhuo Mi Cang est le
remake d'un long-métrage réalisé en 2013 par le sud-coréen Huh
Jung et intitulé sum-bakk-og-jil.
Ou bien alors, plus prêt de chez nous, parce qu'il évoque quelque
part, l'un de nos plus grands polars, réalisé en 1986 par Joël
Santoni, Mort un dimanche de pluie,
lui-même adaptation cinématographique du roman éponyme de Joan
Aiken. Si d'un point de vue strictement scénaristique le film du
chinois Liu Jie (qui n'en est pas à son premier coup d'essai)
n'atteint en revanche, par les sommets de ce dernier, lequel n'est de
toute manière, pas une source d'inspiration officielle. Si durant
une bonne moitié du film Zhuo
Mi Cang se
révèle plutôt intéressant, dans la mesure où le cinéaste laisse
grande ouverte une large palette d'interrogations (quel est cet
individu qui caché sous un casque de motard tue en employant sans
cesse la même méthode. Que peuvent cacher les cauchemars récurant
du héros et quel est donc ce secret qui l'a poussé à taire
l'existence de son frère à son épouse?). Liu Jie ne fait pas que
s'inspirer du film de Huh Jung, à travers le personnage du tueur
masqué, c'est le giallo qui est mis à l'honneur dans les exactions
de l'assassin.
La
question demeure : que vaut donc ce dernier-né datant de
l'année passée ? Ce thriller asiatique. Cette adaptation
chinoise. Ce melting-pot de tout un tas d'intrigue dont il arrivera
sans doute avec beaucoup de mal à faire la différence. Et bien, en
réalité, pas grand chose. Perclus de maladresses (surtout durant la
seconde moitié) Zhuo
Mi Cang manque
de maîtrise. Ce qui n'a très certainement pas été en sa faveur,
mais qui ne remet pas en cause ses quelques qualités dans sa version
d'origine, ce sont les doublages français. Une véritable
catastrophe. Si ceux des parents les épargnent, ceux des deux
gamines se révèlent insupportables et gâchent une partie du
potentiel de l’œuvre de Liu Jie. Quant au récit, il accumule
parfois les situations grotesques en raison d'une interprétation
outrée pas suffisamment nuancée. Dommage...
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