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vendredi 15 novembre 2019

Thanatomorphose d'Eric Falardeau (2012) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Sur le long chemin qui sinue jusqu'à cette ultime confrontation avec ''l’innommable'' dont j'évite de croiser le regard depuis dix-sept ans (Dans ma Peau de Marina De Van), petit, et même, grand détour par le Canada avec l’œuvre du canadien Eric Falardeau qui tout d'abord et à travers La Petite Mort filme en l'espace de trois minutes le meurtre d'une femme de telle manière qu'il donne l'impression qu'entre la victime et son bourreau, il s'agit davantage d'un acte sexuel que d'un meurtre. Ou comment détourner une expression relative à l'orgasme en la prenant au sens propre. Purgatory expose quant à lui un individu qui après son suicide est envoyé au purgatoire. Là-même où pour se purifier de ses péchés, face à une Faucheuse ''bienveillante'', il s'entaillera les membres, s'ouvrira le ventre, ira même jusqu'à se dévorer lui-même. Mais tout ceci est-il bien réel ? Ce qui l'est en revanche, c'est l'aspect gore et crapoteux de ce court de 16 minutes environ. Ayez surtout le cœur bien accroché ! Après les bruns scatologiques et les rouges sang du précédent, Cam Shot joue comme dans le premier court d'Eric Falardeau avec les mots. Car du Cam shot au.... Cumshot, la distance est courte. Une plantureuse femme vêtue de cuir façon S.M ''branle'' un type hors-champ, lequel éjacule de la pellicule. D'où, une fois encore, ce malin plaisir que prend l'auteur à détourner les mots. Avec Coming Home, Eric Falardeau maîtrise un peu mieux son outil. Deux hommes, sur une route de campagne enneigée. Ils s'arrêtent en chemin puis le premier demande au second de l'assommer. Ce dernier s'exécute puis pratique un étrange rituel. N'essayez pas de trouver un sens à ces dix-neuf minutes, car probablement qu'il n'y en a pas. Eric Falardeau joue une fois de plus avec la sensibilité du spectateur. Paupière arrachée. Peau des mains grattée jusqu'au sang. Des actes ''sublimés'' par la blancheur du décor.

Mais tout ceci reste encore très amateur et ressemble encore à un projet de fin d'études cinématographiques. Pas mal du tout les sept minutes que dure le prochain court-métrage intitulé Le Cycle. Joli travail sur le visuel, le canadien usant et abusant des filtres pour une collections de diapositives en mouvement. Toujours aussi peu prolixe en terme de dialogues, Le Cycle bénéficie cependant d'un scénario qui aurait pu donner lieu à un court-métrage un peu plus long lui permettant d'étoffer le principe de répétition qui est au cœur de l'intrigue. On termine avec Élégie Nocturne avant d'aborder le cœur de cet article. Un court d'une dizaine de minutes réalisé trois ans après le premier long-métrage d' Eric Falardeau et qui fait montre de l'évolution du réalisateur en terme de mise en scène. Visuellement très propre et radicalement différent des précédents courts-métrages, le canadien s'offre une virée post Body Double toute en bichromie mais toutes proportions gardées bien évidemment. Si quelques bonnes idées émaillent l'ensemble des travaux de courts du réalisateur canadien, ceux-là laissent cependant craindre un Thanatomorphose chancelant en matière d'écriture et de mise en scène malgré certains échos favorables entraperçus dans la presse spécialisée. Mais voyons cela tout de suite...

En regard du résultat presque général de ses courts-métrages, on peut considérer le seul long-métrage du canadien à ce jour comme une potentielle réussite. Thanatomorphose, s'il n'est finalement pas aussi abjecte que certains le disent, mieux vaut être averti avant de se lancer dans cette aventure au scénario malheureusement aussi minuscule qu'une cellule cancéreuse. Eric Falardeau fait en effet l'économie d'un script en ne proposant qu'une histoire qui ne repose sur rien d'autre que la lente et douloureuses dégradation physique de son héroïne interprétée par une Kayden Rose qui a tout de même le courage de passer le plus clair de son temps à poil, son corps étant peu à peu recouvert des stigmates d'une maladie dont le spectateur ne saura rien sur ses origines.

Thanatomorphose est l'un de ces Body Horror qui fleurissent parfois sur le terrain fertile de l'horreur. Proche de La Mouche de David Cropnenberg dans sa conception de la dégradation physique, le canadien poussant le vice jusqu'à faire de son héroïne Laura la collectionneuse des parties de son organisme qui régulièrement se détachent de son corps, Thanatomorphose n'en a cependant ni les qualités narratives, ni l'émotion, ni le talent de la mise en scène. Proche également de Contracted d'Eric England (et de sa piètre séquelle Contracted: Phase II signée Josh Forbes), le film du canadien repose donc uniquement sur la performance de son actrice principale et sur les effets-spéciaux particulièrement repoussants qui titilleront sans aucun doute les spectateurs les plus sensibles. Long d'une centaine de minutes, Thanatomorphose demeure une expérience intéressante mais sans doute pas aussi dure que l'éprouvant Dans ma Peau cité plus haut. Tout au plus pourrons-nous y voir le symbole de la corruption physique de son héroïne péchant par le sexe (car en effet, sa condition physique semble se dégrader à mesure qu'elle entretient des rapports intimes avec les hommes). Devant la stérilité du récit, Eric Falardeau impose quelques idées relativement douteuses, comme lorsque Laura, déjà dans un état de dégradation physique très avancé, pratique une fellation sur un ami à elle. La séquence évoque alors de sordides pratiques sexuelles telle que la nécrophilie. D'une manière générale, on est donc ici plus proche d'un Jörg Buttgereit signant en 1987 le cultissime (mais surestimé) Nekromantik que du Cronenberg évoqué au dessus...

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