Il y a de fortes chances
pour que parmi ceux qui seraient amenés à découvrir aujourd'hui
Audrey Rose,
l'antépénultième long-métrage cinématographique de Robert Wise,
une certaine partie d'entre eux soient déçus. Comme cela s'est déjà
produit parmi ceux qui s'attendaient très certainement à tomber sur
une alternative au chef-d’œuvre de William Friedkin, L'exorciste.
À dire vrai, les deux longs-métrages n'entretiennent que de très
lointains rapports. Deux œuvres versant dans le fantastique, l'une
évoquant le sujet de la possession diabolique et la seconde, un cas
de réincarnation. Et ça n'est pas parce que Robert Wise réalisa
quatorze ans auparavant l'un des grands classiques de l'épouvante
avec La maison du Diable
en 1963 qu'il faut s'attendre à frémir devant
Audrey Rose.
Et pourtant... il n'est pas interdit d'éprouver un certain effroi
devant les agitations nocturnes dont est la proie la jeune Ivy depuis
quelques jours. Un comportement qui coïncide avec l'arrivée
prochaine de son anniversaire mais aussi et surtout l'arrivée dans
les parages d'un individu qui inquiète très fortement ses parents
Janice et Bill Templeton. Il faut bien comprendre qu'ici, on est
moins dans un cas d’emprise mentale que d'un cas révélant la
possibilité de la réincarnation. Plutôt que d'en rajouter dans
l'outrance visuelle, Robert Wise réalise une œuvre juste, tempérant
son propos entre trois formes d'attitude. D'abord celle de l'étranger
en question, qu'interprète l'acteur britannique Anthony Hopkins
quatorze années avant d'incarner le glaçant Hannibal Lecter du
Silence des agneaux
de Jonathan Demme en 1991...
Convaincu
du bien fondé de son opinion qui voit en la jeune Ivy la
réincarnation de sa propre fille Audrey Rose morte il y a des années
dans un grave accident de voiture aux côtés de son épouse, Elliot
Hoover s'oppose à un père de famille (l'acteur John Beck) qui
rejette en bloc l'idée qu'une jeune fille décédée puisse être
réincarnée dans le corps de la sienne. Et puis, il y a la mère,
Janice Templeton (l'actrice Marsha Mason) qui après avoir banni le
concept fini par l'accepter à force d'avoir été confrontée à des
éléments de preuve apparemment indiscutables. Pas un film
d'horreur, ni un film d'épouvante, mais sans doute une œuvre
fantastique même si le sujet est traité avec sobriété et avec la
volonté certaine d'apporter des éléments de réponse à celles et
ceux qui pourraient avoir des questions sur le sujet de la
réincarnation. Touchant et parfaitement maîtrisé par le
réalisateur sur la base d'un roman dont est à l'origine l'écrivain
Frank De Felitta, Audrey Rose
est en tous points exemplaire. L’œuvre tente à prouver qu'il est
parfois inutile de faire appel au moindre effet spécial et que seule
l'interprétation peut réussir à convaincre le spectateur que l'on
tient entre les mains un véritable joyau. Capable d’œuvrer dans
des genres aussi différents que la science-fiction, l'épouvante, le
fantastique, la comédie musicale, le drame ou le policier, Robert
Wise signe, oui, un classique du genre, n'en déplaise à ceux qui le
rejetèrent ou se laissèrent séduire par la trompeuse évocation
du long-métrage de William Friedkin inscrite sur l'affiche
officielle...
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