Un collectionneur d'art,
un vieil homme amateur de ''littérature'' érotique, une inspectrice
de police, un sculpteur de nus, un éleveurs d'oiseaux, une femme
s'adonnant à la magie noire ou un nettoyeur de cadavres. Voilà
quelques exemples de locataires vivant dans un immeuble cossu de la
capitale française. Une faune bigarrée qui rappellera sans doute à
certains spectateurs celle de l'excellent Delicatessen
que Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro réaliseront neuf ans plus tard,
au point que l'on se demande si les deux hommes ne se sont pas
quelque peu inspirés du second long-métrage du réalisateur Marc
Lobet pour constituer les étranges locataires de l'immeuble où se
déroulera l'intrigue de leur film de science-fiction dystopique et
post-apocalyptique. L’œuvre de Marc Lobet, elle, penche plutôt du
côté du thriller même si ses curieux personnages et l'étonnante
partition musicale que l'on entend en arrière-plan donnent à
Meurtres à domicile
de drôles d'allures de film fantasmagorique. Alors que Max Queyrat
(Bernard Giraudeau) a convié la plupart des habitants de l'immeuble
a la première représentation de la pièce de Shakespeare Othello
dans laquelle il tient le premier rôle, quelqu'un a profité de leur
absence pour tuer l'un des locataires resté sur place. Chargée par
son supérieur d'enquêter sur la mort de l'homme, Aurélia Maudru
(Anny Duperey) réalise rapidement que plusieurs de ses voisins
eurent un mobile pour tuer le vieil homme retrouvé poignardé dans
sa bibliothèque. Et parmi eux, Madame Vianna (Marie-Ange Dutheil)
sur laquelle sera retrouvée une forte somme d'argent ayant appartenu
à la victime, Raoul Queyrat (Iswig Stéphane) que sa jeune compagne
Pauline (Eva Ionesco) semble vouloir protéger, laquelle posa
elle-même pour l'un des magazines érotiques dont entra en
possession le mort. Ou encore le propriétaire de l'immeuble, Julius
Zepernick (Daniel Emilfork), intéressé par une vieille mappe-monde
appartenant à la victime qui ne voulait pas lui vendre et qui
pourtant trône désormais dans son appartement...
Autant
dire que Meurtres à domicile
ouvre la voie à une enquête difficile qui malheureusement pour le
spectateur, ne sortira pas vraiment des sentiers battus et qui, mise
à part les curieux ''phénomènes'' qui pullulent au sein de cet
immeuble bourgeois, reste d'un classicisme relativement décevant.
Bien qu'il ait apparemment bénéficié d'une sortie nationale en
octobre 1982, ce long-métrage adapté du roman Hôtel
meublé
de l'écrivain belge Thomas Owen par le réalisateur lui-même ainsi
que par Jean Van Hamme déroule une intrigue classique. Une enquête
policière finalement à peine digne de n'importe quelle série
télévisée hexagonale. À côté de son inspectrice Aurélia Maudru
qu'interprète pourtant avec une certaine vigueur l'actrice Annt
Duperey, le commissaire Maigret version Bruno Cremer s'en sort
nettement mieux. Sur un ton ironique et absurde, l’œuvre de Marc
Lobet se situe presque entièrement dans l'immeuble, offrant ainsi à
Meurtres à domicile
son contexte de huis-clos que dérangent à peine quelques séquences
tournées en extérieur. Si l'identité du tueur n'est pas connue dès
le début du récit, un peu de jugeote et de réflexion permettront à
comprendre très rapidement lequel des locataires est directement
impliqué dans l'assassinat du vieil homme. Long-métrage
franco-belge, on sent bien les origines de Meurtres
à domicile dont
l'humour à froid est une habitude chez nos voisins. Malgré une
galerie de portraits intéressante, la sauce ne prend pas vraiment.
La faute non pas à l'interprétation (un très beau parterre
d'intervenants au demeurant) mais plutôt à un scénario qui se
contente du minimum syndical et nuit donc très fortement à
l'intérêt général d'un film lorgnant du côté d'Agatha Christie
mais sans jamais en avoir la richesse narrative...
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