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samedi 11 septembre 2021

Effraction de Daniel Duval (1983) - ★★★★★★★☆☆☆


Pour ce second article du cycle consacré aux thrillers français, j'ai choisi d'aborder Effraction. Une œuvre méconnue qui mérite cependant d'être célébrée pour ses qualités. Et parmi ces dernières, l'interprétation de ses trois principaux acteurs dont deux au moins se retrouvent ici dans une situation contraire à celle à laquelle on pourrait s'attendre. Bruno Cremer, pour commencer. Son charisme, ses un mètre quatre-vingt trois et son gros timbre de voix ne l'empêchent pas ici d'incarner le rôle de l'une des deux victimes qui vont avoir maille à partir avec Jacques Villeret et ses dix-sept centimètres de moins. Petit, trapu, mais nerveux en sociopathe à la gâchette facile. La seule des trois que l'on s'attend à voir dans le rôle qui lui est confié reste encore la superbe Marlène Jobert, plus séduisante que jamais. Avec Bruno Cremer, ils forment un couple dont la passion amoureuse pourtant fort récente (ils viennent de se rencontrer dans un aéroport) crève l'écran. Une soif d'amour qui les poussera jusqu'aux portes d'un hôtel qu'ils regretteront sans doute ensuite toute leur existence d'avoir franchi. Car c'est là qu'est venu se réfugier pour une nuit Valentin Tralande qu'interprète donc Jacques Villeret, qui à la suite d'un hold-up meurtrier (affolé, il va tué plus tôt dans la journée tous ses complices ainsi que les clients et les employés de la banque qu'il a braquée) n'est pas encore tout à fait en cavale puisque la police n'a toujours pas idée de son identité...


En route, il croise divers individus qui échappent de peu à la mort (on notera notamment la furtive apparition du chanteur Florent Pagny dans le rôle de l'une de ses victimes contraintes de l'aider à fuir)... Rencontre avec une prostituée, passage dans un bar à l'ambiance morose... quelques séquences sans réelle interaction avec les événements mais qui sont d'une manière générale entrecoupées par des scénettes mettant en avant le couple Marlène Jobert/Kristine-Bruno Cremer/Pierre dans leur ''cavale'' amoureuse, entre un petit restaurant de campagne et l'hôtel en question dont le principal intérêt est tout d'abord de clore cette première partie d'une durée avoisinant les trente-cinq minutes lors desquelles le réalisateur Daniel Duval utilise ce temps afin de caractériser ses personnages. Et cela fonctionne plutôt bien puisque alors que Jacques Villeret déploie tout son talent pour faire de son personnage un individu particulièrement inquiétant, Marlène Jobert et Bruno Cremer se révèlent tout les deux fort attachants. Une fois cette première partie achevée, Effraction prend une tournure beaucoup plus dramatique quoique fort divertissante.


Après un acte d'une noirceur moite, le long-métrage de Daniel Duval mue en une cavale sans réelle issue, le criminel poursuivant sa fuite aveugle accompagné de ses deux otages Kristine et Pierre tandis que les autorités déploient voitures de gendarmerie et hélicoptères afin de retrouver le meurtrier au cœur d'un décor parfois grandiose (les impressionnantes gorges de Vésubie situées dans le département des Alpes-Maritimes)... Se terminant de manière fort violente, le sentiment d'angoisse lié au sort qui pourrait être accordé à Kristine et Pierre est prégnant. N'abusant jamais du moindre artifice stérile, Daniel Duval signe une œuvre efficace, entre drame et thriller sur fond de course-poursuite entre un criminel notoire et les autorités. Notons également la présence à l'écran de Jean-Pierre Dravel et Robert Darame dans les rôles respectifs du commissaire et de son adjoint ou de Magali Leris dans celui de la prostituée. Daniel Duval parvient à saisir le moindre regard et à transformer chaque individu qu'est amené à croiser Valentin Tralande en un témoin hypothétique de sa cavale. Signalons également la musique entêtante signée du pianiste de jazz français Maurice Vander qui parcourt le long-métrage de son ouverture jusqu'à sa conclusion. Effraction est donc une excellente surprise, interprété par trois acteurs solides et surtout, un film qui mérite d'être redécouvert presque quarante ans après sa sortie sur les écrans français...

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