Un soir, alors qu'il
s'apprête à rentrer chez lui à bord de sa voiture, l'inspecteur
Lucien Sabatier voit surgir Aline Kaminker qui s'installe d'emblée
sur le siège passager et lui sert un récit que le flic a du mal à
croire. S'arrêtant près d'une berge, Lucien saute la jeune femme
sur le capot de sa voiture avant de la ramener chez elle. [Fondu au
noir suivi d'une ellipse]. On découvre que la jeune femme en
question est une adolescente âgée de dix-sept ans, qu'elle est
orpheline et qu'elle a porté plainte contre l'inspecteur de police.
Résultat des courses : Lucien est condamné à de la prison
ferme et n'en ressortira que six ans plus tard lors d'une séquence
qui met en scène un co-détenu en la personne de Jean Benguigui qui
endosse ainsi le rôle de Rony. En l'espace d'une toute petite
quinzaine de minutes, Isabelle Huppert pourtant âgée à l'époque
d'une trentaine d'années semble avoir sauté d'une pellicule à
l'autre. Passant ainsi de son rôle de Jacqueline, cette gamine qui
découvrait l'amour entre les bras de Gérard Depardieu et Patrick
Dewaere dans Les Valseuses
de Bertrand Blier, à celui d'Aline, cette autre adolescente
provocante qui donne tout son sens au titre de ce long-métrage
réalisé dix ans plus tard par l'actrice et réalisatrice Christine
Pascal, La garce.
Une œuvre dont Isabelle Huppert qui a déjà démarré sa très
brillante carrière depuis plus de dix ans auparavant va partager
avec l'acteur Richard Berry qui la même année aura déjà fait de
la prison dans le rôle de Bruno Winckler dans le très efficace
L'addition de
Denis Amar...
On
connaissait surtout Christine Pascal en tant qu'actrice et beaucoup
moins en tant que réalisatrice. Elle signe avec La
garce
un thriller diabolique au sein duquel trois êtres nagent en pleine
machination. Isabelle Huppert y apparaît bien comme la garce du
titre, jouant de ses charmes pour manipuler les hommes tandis que
Richard Berry tente de la retrouver alors qu'il est devenu depuis
détective privé. Un jeu de séduction s'opère, cachant uns
stratégie machiavélique de la part d'un troisième intervenant en
la personne de Max Halimi qu'interprète l'acteur italien Vittorio
Mezzogiorno. Pas de doute possible, on est bien face à un thriller
au scénario implacablement mis en scène par une Christine Pascal
qui s'est elle-même occupée de l'écriture en compagnie d'André
Marc Delocque-Fourcaud, Laurent Heynemann et Pierre Fabre. Il
fallait bien au moins quatre paires de mains pour imaginer un tel
script pour lequel on se demande souvent qui manipule qui. Pendant
que Christine Pascal tente de nous faire croire que La
garce
va subitement bifurquer vers une œuvre passionnelle entre Isabelle
Huppert/Aline Kaminker et Richard Berry/Lucien Sabatier, la
réalisatrice prépare doucement et sûrement l'un de ces scénarii
alambiqués que seuls les cinéastes de talent sont capables de
rendre clairs à l'image...
Vol
d'identité, double meurtre, manipulation, il y avait de quoi se
perdre dans les limbes d'un scénario trop confus pour être
parfaitement lisible à l'écran mais c'est le contraire qui se
produit. Grâce aux talents conjugués de ses principaux interprètes
et de la mise en scène de Christine Pascal. Une histoire d'amour et
de passion déviante et criminogène. Un labyrinthe de sentiments,
souvent contrariés, ce qui pourra au demeurant agacer, certaines
passions s'avérant abusivement volatiles. Isabelle Huppert irradie
l'écran de sa présence, aussi peu séduisant que puisse paraître
parfois le comportement de son personnage. Richard Berry apparaît
comme démuni et parfois lointain bien qu'étant en grande majorité
visible dans la plupart des séquences. Quant au personnage
interprété par Vittorio Mezzogiorno, le peu d'effort apporté à sa
caractérisation nuit à l'intérêt de sa présence à l'image. La
garce
est un drôle de long-métrage qui se partage entre divers points de
vue pourtant très clairs à identifier. Seule la beauté et le
charme d'Isabelle Huppert parviendront cependant à retenir
l'attention du spectateur jusqu'au terme du récit. Car bien que la
mise en scène réussisse à mener à bien le projet malgré toute sa
complexité, on demeure avec le sentiment d'être passé à côté de
quelques chose de grand...
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