Après avoir tourné une vague de comédies dans les années
soixante, quelques westerns, gialli et films policiers
particulièrement violents dans les années soixante-dix et plusieurs
films gore entrés au panthéon du cinéma d'horreur dans les années
quatre-vingt, Lucio Fulci, apparemment à bout de souffle a produit
quelques nanars totalement indigestes dont un film de science-fiction
(2072, les mercenaires du futur) et un autre
d'heroic-fantasy (Conquest). Un cinéaste touche à
tout qui avait même en son temps offert au public quelques
propositions de longs-métrages familiaux (Croc-Blanc et
sa suite). En 1986, le cinéaste italien change de registre et tourne
le softcore Il Miele del Diavolo (Le
Miel du Diable)
dont on a fort logiquement envie de se méfier. Peut-être s'agit-il
là d'une dernière tentative pour l'auteur des classiques que sont
L'Enfer des Zombies,
Frayeurs
ou L’Au-Delà
de marquer les esprits avant de chuter au plus profond de l'ennui
avec une succession de nanars dont l'écho résonne sans doute encore
dans l'esprit de ceux qui ont eu le malheur de les voir ?Bien que Il Miele
del Diavolo soit
inférieur aux titres cités plus haut et ce, à bien des égards, il
demeure pourtant une assez bonne surprise si l'on tient compte du
fait que l'on pouvait s'attendre à pire.
Surtout
que le début laisse présager du pire. Un studio d'enregistrement,
un saxophoniste, une belle brune et un ingénieur du son un peu
jaloux de l’idylle que partagent les deux premiers. Une bande-son
affreuse et envahissante, et une première scène érotique qui, si
elle a le mérite d'être originale (le musicien, Gaetano provoque un
orgasme chez Jessica en soufflant dans son instrument dont le
« pavillon »
est logé entre les cuisses de la belle italienne) ne provoque en
rien le moindre émoi chez le spectateur. Heureusement, l'actrice
Corinne Cléry est plutôt mignonne et les rapports qu'entretient son
personnage avec celui qu'incarne l'acteur Stefano Madia donne envie
d'en savoir un peu plus. Des rapports d'amour et de haine.
« Attrape-moisi
tu peux »
aurait pu s'appeler cette première partie gentiment sadomasochiste
durant laquelle s'enchaînent les scènes de nudité relativement
timides. Mais cette sauvage idylle est entrecoupée de passages
mettant en vedette un autre couple, lui, presque totalement banal en
comparaison de celui forme par Jessica Gaetano. Presque puisque le
Dr. Wendell Simpson et son épouse Carole n'entretiennent plus aucun
rapport sexuel, le chirurgien préférant fréquenter des
prostituées.
Un
jour, Gaetano tombe par terre et se cogne contre un rocher.
Apparemment la blessure est bénigne mais alors qu'il répète en
studio, il perd connaissance. A l'hopital, c'est le Dr. Simpson qui
est chargé d'intervenir mais alors que résonne encore en lui les
menaces de divorces de sa femme, l'opération à crâne ouvert de
Gaetano se passe mal et le jeune homme meurt. Accusé par Jessica
d'être responsable de la mort de celui qu'elle aime, le chirurgien
est dès lors harcelé au téléphone par la jeune femme. Jusqu'au
jour où elle décide de l'enlever et de le séquestrer chez elle...
Dès
lors, Lucio Fulci tente une approche plus psychologique de ses
personnages. Si l’érotisme est toujours présent avec une Blanca
Marsillach qui passe le plus clair de son temps les seins et les
fesses à l'air, son personnage fait preuve d'une grande perversité
lorsqu'il s'agit de torturer sa victime. Contrairement à toute
attente, il n'y a pratiquement pas une seule goutte de sang à part
quelques éraflures faites au visage du Dr. Simpson. Le cinéaste
choisit d'établir un rapport trouble entre la geôlière et sa proie
en instaurant une intimité et une proximité dont les frontières
sont de plus en plus ténues. Au final, Il Miele
del Diavolo est
plutôt une bonne surprise si l'on fait table rase du passé de son
auteur qui nous avait habitués à mieux. Tout au plus pourra-t-on
reprocher aux interprètes de manquer de vigueur et à la musique
d'être un peu trop présente. Pas le meilleur de Fulci donc, mais
certainement pas non plus, le pire...
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