Attention, cet article contient des spoilers !
Voyager dans le temps... un rêve pour beaucoup d'entre nous. Un
espoir pour certains et une utopie pour les autres. Si certains
rêvent sans doute de remonter le temps dans l'espoir de réparer les
erreurs du passé, le héros de La Machine à
explorer le temps a
choisi, lui, d'aller faire un tour dans le futur. En démarrant son
intrigue le tout dernier jour de l'année 1899, le cinéaste,
producteur et scénariste hongrois George Pal s'est permis une
reconstitution désuète de notre histoire. Émaillé, des deux plus
grands conflits mondiaux qu'à connu notre civilisation, le voyage de
George (l'acteur Rod Taylor) n'est pas de tout repos. Fuyant un futur
proche traumatisant, il va aller bien plus loin que dans notre ère
et stopper sa fabuleuse machine en 802 701, soit, plus de huit-cent
mille ans après J.C.
Inspiré
du roman de H.G. Wells, auteur, entre autres, des mythiques L'Île
du docteur Moreau,
L'Homme invisible,
et de La Guerre des mondes,
La Machine à explorer le
temps propose
une vision du futur de l'humanité assez pessimiste puisque l'on y
découvre à la suite des événement situés au vingtième siècle,
un sort réservé à l'homme proche de celui des héros de La
Planète des Singes
que le cinéaste américain Franklin J. Schaffner ne réalisera
pourtant que huit ans plus tard. La
Machine à explorer le temps peut
s'envisager sous différentes façons. D'un côté, on peut supposer
la vision de l'auteur comme un choix tout à fait inenvisageable,
l'homme étant irrémédiablement poussé vers le progrès et donc,
l'évolution de son espèce. De l'autre, on peut tout aussi bien
supposer qu'un élément ait pu déclencher toute une succession
d'événements ayant eu pour conséquence l’appauvrissement
intellectuel de l'homme ainsi que son asservissement.
Bien
que La Machine à
explorer le temps soit
reconnu comme un authentique chef-d’œuvre de la science-fiction, le
scénario évacue dans sa totalité toute la trame qui aurait pu
expliquer les conséquences menant à cet état d'individu décérébré,
vidé de toute substance morale et intellectuelle. C'est ainsi que le
spectateur est mis à contribution. Ça n'est plus, alors, à George
Pal d'expliquer en détail les raisons de ce que l'on peut tout de
même considérer comme une véritable catastrophe pour l'humanité,
mais au spectateur lui-même de se faire une opinion sur ses actes
passés, présents et futurs, et sur les conséquences qui peuvent en
découler. C'est certainement la raison pour laquelle les deux
grandes guerres sont évoquées. Il ne faut pas oublier que le film
date de 1960 et que par conséquent, il est à l'époque facile
d'imaginer que d'autres conflits puissent se produire.
Si
La Machine à explorer
le temps demeure
encore de nos jours l'un des plus grands films sur le voyage dans le
temps, ça n'est pas un hasard. George pal a investi tout son
savoir-faire et le talent de toute une équipe technique vouée au
succès de son œuvre. Cela peut faire rire de nos jours, mais le
budget de 750 000 alloué au long-métrage à l'époque permis au
cinéaste de donner forme à son projet d'adaptation du roman
éponyme. Les effets-spéciaux sont remarquable, avec un soucis du
détail exemplaire lors de la reconstitution de l'époque originelle
de son héros. Une fin de dix-neuvième siècle remarquablement
rendue grâce à l'extraordinaire travail sur les décors de la
demeure du héros, magnifique ouvrage réalisé par le décorateur
Henry Grace. Ensuite, il y a l'interprétation des actrices et
acteurs. Si une grande partie du film repose sur les épaules de Rod
Taylor, ceux qui l'accompagnent de près ou de (très) loin dans
cette aventure ne sont jamais anecdotiques. Alan Young qui multiplie
les personnages (David Filby, James Filby, etc...), l'actrice Yvette
Mimieux (qui ne cessera de tourner pour le cinéma jusqu'en 1981 et
sera l'une des stars présentes sur les tournages de Alerte
à la Bombe
de John Guillermin ou bien Le
Trou Noir
de Gary Nelson). Admirablement mis en scène, La
Machine à explorer le temps
a
su conserver le charme de son époque. Il est amusant de noter que
les individus croisés lors du très lointain voyage de George dans
le futur rappellent très sensiblement ceux de l'angoissant Village
des Damnés
que Wolf Rilla réalisa la même année. Outre le fait que La
Machine à explorer le temps soit
admirablement interprété et mis en scène, la technique mise en
œuvre pour que l'illusion soit parfaite lors du déplacement
temporelle de George est imparable : l'utilisation d'un
mannequin dans une boutique de vêtements. Le témoin aveugle et muet
d'une histoire en marche vers son avenir...
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