Et la lumière fut... un
jour de juin 1987 (aux États-Unis) et d’août (en France). La
naissance d'un mythe de la science-fiction. L'une des plus belles
créatures du bestiaire fantastique à avoir vu le jour sur grand
écran. Le predator était né. Un chasseur venu de sa lointaine
planète pour chasser sur le sol de la notre, un gibier humain. La
découverte aussi d'un cinéaste brillant qui n'en était pas à son
premier film mais qui en l'espace de quelques années allait être
considéré comme l'un des rois de l'actioner avant de, doucement
mais irrémédiablement, tomber dans l'oubli. John McTiernan !
Predator,
un chef-d’œuvre absolu du cinéma d'action viril s'accouplant à
la science-fiction et au survival. La rencontre entre le premier
volet de la franchise Rambo
de Ted Kotcheff et Terreur extraterrestre
de Greydon Clark réalisé en 1980, lequel apparaîtra forcément
comme l'ancêtre du long-métrage que réalisera donc l'américain
sept ans plus tard. Puis vint se greffer au premier Predator
une première suite en 1990 sobrement intitulée Predator
2 réalisé
par Stephen Hopkins et situant son action non plus dans une forêt
dense de l'Amérique Centrale mais à Los Angeles où s'y livrent les
cartels à ce moment là, une guerre sans partage. Vingt ans plus
tard, le mythe réapparaît sur grand écran avec le Predators
de Nimrod Antal. Pas une trop mauvaise surprise mais relativement
pâle en comparaison de l’œuvre originale. En 2018, Shane Black
tourne un reboot navrant sous le titre The
Predator.
Quant à l'année 2022, elle va très bientôt accoucher d'un nouveau
long-métrage basé sur l'univers du Predator sous le titre Prey.
L'action se situera non plus dans le présent mais au dix-huitième
siècle au cœur d'une tribu d'indiens comanches. Laissons de côté
les crossovers Alien vs Predator 1
et 2
et ignorons la série de
fan films qui
ont vu le jour depuis quelques années (Predator:
Dark Ages,
Predator: Celtic Days,
etc...) pour nous pencher sur un long-métrage qui n'a apparemment
rien de vraiment commun avec la franchise Predator !
Primal Rage: The Legend of Oh-Mah
de Patrick Magee. Attention, on ne parle pas là du célèbre acteur
nord-irlandais qui interpréta notamment l'une des victimes de
Malcolm McDowell/Alexandre ''Alex'' DeLarge dans Orange
Mécanique
de Stanley Kubrick en 1971 mais d'un homme dont le métier principal
semble être la conception d'effets-spéciaux. Comme il le démontrera
d'ailleurs sur le tournage de ce qui demeure jusqu'à maintenant son
unique long-métrage en tant que réalisateur...
Tout
commence de manière relativement classique. La jeune et jolie Ashley
Carr (Casey Gagliardi) vient chercher son mari Maxwell à sa sortie
de prison où il vient de purger une peine pour avoir notamment
renversé un piéton alors qu'il était au volant de son véhicule.
L'établissement se situant aux abords d'une petite ville de
l'Amérique profonde, notre couple va tout d'abord croiser la route
d'un groupe de bouseux locaux adeptes du braconnage avant d'être
victime d'un accident de voiture et d'un jet de pierre qui va les
contraindre physiquement à se retrouver au beau milieu d'une
tempétueuse rivière. Une fois revenus sur la berge, Max et son
épouse décident de faire du feu afin de sécher leurs vêtements.
Sachant qu'ils sont les parents d'un enfant de trois ans qui a passé
la journée à la maternelle, on trouvera d'emblée curieux que sa
mère ne soit pas plus inquiète que cela que d'avoir à passer la
nuit qui vient sur la berge d'une rivière, à moitié à poil, alors
que son tout jeune enfant s'est sans doute retrouvé sans personne
pour l'accueillir à la sortie de l'établissement scolaire !
Comme le spectateur aura souvent l'occasion de le constater, les
incohérences scénaristiques sont ici légion. Remontant la piste
menant en théorie jusqu'à leur voiture abandonnée sur le bas côté
à la suite de leur accident, Ashley et Max vont retrouver sur leur
chemin, les abrutis qu'ils avaient croisé plus tôt. Une petite
dizaine d'individus chauffés à blanc et visiblement peu enclins à
venir en aide à un ex-détenu. Ces séquences tardives et
s'éternisant sur la durée sont pour le réalisateur l'occasion de
nous offrir quelques moments de tension palpable. Enfin un point
positif à accorder à Primal Rage.
Car la suite ne va pas forcément donner raison au film. En effet,
rôde dans les parages, une drôle de bestiole de type Bigfoot, dotée
d'un masque et d'une armure en bois ainsi que d'un arc et de flèches
dont cette créature d'apparence très ''animale'' ne se sert pas
comme un manche ! La guerre intestine qui oppose
le couple de la ville aux bouseux de la campagne s'efface alors au
profit d'un ''chacun pour soi'' dont les conséquences sont terribles
puisque à l'issue d'un massacre (relativement jouissif) perpétré
sur nos chasseurs, parmi eux les survivants ne se compteront même
plus sur les doigts d'une seule main. Attiré par l'odeur alléchée
des urines matinales d'Ashley (véridique), on sent déjà pointer
les objectifs du Bigfoot
qui plutôt que d'en faire de la chair à saucisse préfère
l'emporter dans son repaire pour une toute autre raison...
Et
Max, dans tout ça ? Si vous saviez très chers amis, la
rencontre qu'il s'apprête à faire... Vous souvenez-vous notamment
de Darkness,
la superbe créature du Legend
de Rildey Scott sorti en 1985 ? Et oui, non content de compter
dans ses rangs l'une des plus célèbres créatures légendaire du
Canada, Primal Rage
peut désormais compter sur la présence d'un personnage à
l'apparence diabolique. Qu'il s'agisse d'un suppôt de Satan ou d'une
sorcière, on se demande ce que cette entité vient foutre dans un
récit qui semble n'avoir jamais de limites et ouvre son imaginaire
au point d'invoquer un shérif d'origine indienne qui, après que les
spectateurs se soient rendus compte de son inaptitude à résoudre
divers cas de disparition dans la région, va faire appel à un
chaman et va consommer du peyotl afin d'invoquer les esprits. Ne
croyez surtout pas que se mélange dans le plus grand des désordres
les résumés de trois films bien distincts. Non, il s'agit bien là
d'un seul et même long-métrage ! Viol interracial (pour le
coup, j'vois pas quel nom donner au fait que la pauvre Ashley se
fasse prendre face contre sol par le Bigfoot), séance de chamanisme,
intervention chirurgicale pratiquée sur Max par (sait-on jamais)
''la sorcière de Blair Witch'' (là encore...), Primal
Rage
c'est du sous-Predator
virant au grand n'importe quoi. Et le pire, c'est que l'on ne décolle
pas la rétine de l'écran. Pourquoi ? Simplement parce que si
Patrick Magee est un piètre metteur en scène et scénariste, les
effets-spéciaux de sa propre conception raviront les amateurs
d'horreur mécanique. Ici, pas d'effets numériques. Rien que du
latex, à l'ancienne, avec pour conséquences quelques maquillage
faciaux, décapitations, égorgements ou têtes écrasées du plus
bel effet. Le plus drôle, sans doute, dans cette affaire, c'est
l'attitude des protagonistes, en l'occurrence celle d'Ashley et de
Max, qui ne semblent pas trouver étrange la présence de telles
créatures dans la région ! Au final, ça se regarde même si
certains passages traînent en longueur, surtout dans la première
partie. Malheureusement pour lui et contrairement au Bigfoot,
Primal Rage
n'entrera pourtant sans doute pas dans la légende...
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