Il existe parfois des
cinéastes qui osent faire prendre des risques à tout un pan du
septième art. Pour ceux qui n'auraient jamais abordé la thématique
du voyage dans le temps, qu'il s'agisse de boucle ou de paradoxe
temporels, débuter leur carrière de cinéphile par ce
Paradox signé Michael Hurst dont la filmographie est
essentiellement émaillée de participations à différentes séries
télévisées, aurait pu se révéler l'erreur à ne pas connaître.
Paradox met
tout d'abord en lumière la célèbre expression Avoir
les yeux plus gros que le ventre.
Car apparemment, entre les ambitions premières de son auteur et le
résultat final, il y a un fossé que l'équipe technique du film
n'est pas parvenue à franchir. Comment résoudre alors l'épineux
problème du budget restreint lorsque l'on n'a pas les moyens de
donner vie à la folle source d'inspiration née d'un scénario
lui-même écrit par Michael Hurst ? Peut-être en demandant aux
interprètes de redoubler d'effort dans leur implication du projet.
Il y a foule derrière le genre évoqué ici et Paradox
n'est
qu'un minuscule outsider. Inutile d'espérer y déceler quoi que ce
soit d'original par rapport à la concurrence. Tout ce que recèle
d'intéressant ce petit film aux allures de téléfilm du dimanche
après-midi tient uniquement dans l'énergie employée par les
interprètes ainsi que dans le montage assez vif effectué par Robert
Meyer Burnett. Au delà de ça, il n'est jamais évident de faire
revivre à plusieurs reprises les mêmes événements à ses
personnages, surtout lorsque la concurrence a donné naissance, il y
a déjà de nombreuses années, au petit chef-d’œuvre qu'est Un
Jour sans Fin de
Harold Ramis.
Il
s'agit donc ici de voyage dans le temps. Ni d'un voyage en un temps
reculé, ni vers un futur très lointain. Juste une heure plus tard.
Une toute petite heure durant laquelle un violent affrontement va
avoir lieu. Une série de meurtres à laquelle notre voyageur
temporel Jim échappera puisque l'heure séparant son départ
(vingt-trois heures) de son arrivée (minuit) lui aura permis d'éviter
d'être confronté au mystérieux tueur qui s'en est pris aux membres
de son équipe. A côté de cela, une escouade comparable à notre
RAID va tenter d'investir les lieux et de stopper les scientifiques
qui, la mode l'exige, est surtout constituée de membres ne dépassant
pas la trentaine. Mais pas seulement puisque Gale et Mr Landau (un
hommage au Martin de Cosmos 1999
?) font partie de l'aventure.
Reconnaissons-le
tout de suite, Paradox est
d'un point de vue artistique, particulièrement laid. Le cadre ultra
étriqué du laboratoire (qui, permettez-moi de le dire ressemble
davantage à une ancienne usine désaffectée) force l'équipe du
tournage (interprètes compris) à redoubler d'inventivité. Comme je
l'ai entendu de la bouche même de ma compagne avec laquelle j'ai
regardé ce long-métrage qui peine à atteindre les quatre-vingt dix
minutes, il faut avoir une maîtrise du sujet particulier précis
pour ne pas tomber dans le puzzle temporel incompréhensible. Si
d'une certaine manière Michael Hurst parvient de ce point de vue là
à s'en sortir sans trop de bobos, le récit est assez désolant. Si
Paradox explore
bien toutes les différentes facettes du sujet, le manque de moyens
est tel que les yeux nous piquent devant les navrants effets-spéciaux dus au trio Aidan Keith-Hynes, Ross J. Helton, Megan Melrose. Si
l'arche sous laquelle se placent les voyageurs demeure d'une facture
honnête, les effets pyrotechniques sont eux, absolument indigestes
et nous renvoient à l'époque des premiers essais en matières
d'images de synthèse.
Ne
reste plus à espérer que l'interprétation soit à la hauteur. Et
comme écrit plus haut, c'est bien entendu là dessus que repose tout
l'intérêt de Paradox.
Et même si l'on pourra d'abord reprocher au black de service
(l'acteur Malik Yoba) de se mouvoir comme s'il paradait sur un podium
de mode (apparence qui ne colle pas très bien avec l'image que l'on
se fait d'un chef de projet scientifique de cette ampleur), même si
l'on ne comprendra pas toujours pourquoi le personnage campé par
Adam Huss change aussi littéralement de comportement (passant du
personnage attachant à un être incapable de refouler sa violence),
on appréciera l'interprétation de l'actrice Zoë Bell, véritable
moteur de l'intrigue, tellement motivée qu'à elle seule elle donne
au film l'impulsion nécessaire pour que l'on ne s'y ennuie pas.
Concernant le sujet abordé, celui du paradoxe temporel, sachant que
d'autres s'y sont essayé avec beaucoup plus de moyens et de talents,
Paradox demeure
trop faible pour que l'on ait envie de le revoir une seconde fois. A
regarder un jour de pluie, ou un soir d'hiver...
Tu as oublié le langage des personnages, ponctué sans cesse de toutes les déclinaisons du mot "fuck"... surprenant dans la bouche de scientifiques...
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