Anna et Joy, deux gamines
de six ans, sont enlevées dans la région de Boston. D'abord soupçonné,
Alex Jones est arrêté, puis libéré au bout de quarante-huit
heures de garde à vue faute de preuves et d'aveu de la part du
suspect. Pourtant, pour Keller Dover, le père d'Anna, le jeune
attardé demeure le responsable de la disparition de son enfant et de
Joy, la fille de leurs voisins Nancy et Franklin Birch. Il suit la
trace d'Alex et remonte jusqu'à la demeure de sa mère, Holly. Il
kidnappe le suspect et l'enferme dans lune des nombreuses pièces
insalubres d'une maison abandonnée. Afin de connaître très
précisément l'endroit où ont été séquestrées les filles,
Keller emploie la manière forte et n'hésite pas à torturer Alex.
Forçant Franklin à participer aux interrogatoire, obtenir des
réponses de la part de l'adolescent devient une véritable
obsession.
Convaincu qu'Alex est
innocent, l'inspecteur Loki se lance sur les traces du véritable
coupable. Un soir, alors que le village tout entier est réuni afin
de célébrer une veillée à la mémoire des deux fillettes, Loki
aperçoit un étrange individu qui prend la fuite lorsqu'il se rend
compte qu'il et épié par l'inspecteur.
Le temps passe, et six
jours après l'enlèvement, Anna et Joy sont toujours introuvables.
L'inspecteur Loki patauge et quand aux familles des deux enfants
elles attendent toujours avec autant d'angoisse qu'elles soient
retrouvées...
Contrairement à ce que
pourrait laisser supposer le nom du réalisateur, le film de Deni
Villeneuve n'est pas originaire de notre contrée mais nous vient
tout droit d'Amérique, et plus précisément du Canada. Prisoners
fait partie de ces quelques films qui chaque année font passer une
foule d'autres productions pour des œuvrettes sans consistance. Des
scénarios convenus qui n'apportent rien de bien transcendant dans la
liste déjà immense des films à suspens, des thriller.
Pour assurer les deux
principaux rôles, Denis Villeneuve s'alloue les services de deux
pointures. Tout d'abord Hugh Jackman, dont les favoris du très poilu
(et donc très viril) Wolverine ont dû faire frémir
de nombreuses jouvencelles. Ensuite, Jake Gyllenhaal, dont le nom
presque imprononçable rappellera de merveilleux souvenirs à toutes
celles et ceux qui ont réussi à pénétrer le vertigineux univers
de Donnie Darko de Richard Kelly. D'un côté, un père
de famille blindé par l'alcool qui s'enfonce peu à peu dans un
comportement presque aussi révoltant que celui du kidnappeur. La
question ici étant de savoir si l'on peut se faire justice
soit-même, la réponse étant évidemment toujours OUI malgré
l'hypocrisie de ceux qui tentent à vouloir nous faire croire qu'il
faut permettre aux autorités de bien faire leur travail.
Ce qui fait ici parfois
défaut. En effet, le visage angélique de l'inspecteur Loki semble
être le reflet de son incapacité à résoudre cette affaire sordide
qui touche non seulement les deux familles des victimes mais la ville
elle-même puisqu'on y croire finalement que très peu d'âmes, comme
si la vie s'était arrêtée le soir où les deux fillettes ont été
enlevée.
L'ambiance et les images
retranscrivent parfaitement cette attente. Le rythme pesant, aidé
par une photographie et une lumière qui appuient d'une manière
particulièrement sombre l'univers dans lequel piétinent les
personnages, crée un sentiment d'angoisse parfaitement maîtrisé.
Prisoners ne
se contente pas de promener ses personnages avec pour seul but de
nous éclaircir en fin de bobine sur l'identité du véritable
coupable. S'il dure un peu plus de deux heure et demi, c'est aussi
parce qu'il prend le temps d'installer son intrigue et ses
personnages. La lente mutation qui s'opère entre eux est
parfaitement orchestrée par le cinéaste Denis Villeneuve. D'un côté
l'inspecteur et de l'autre, le père de famille. Le clash est alors
évident et désigne l’éternel affrontement entre les hommes.
Noir,
Prisoners
l'est. Aussi puissant que les œuvres d'un certain William Friedkin,
le film exploite toutes les ficelles du thriller avec tant
d’homogénéité qu'il en devient d'une fluidité bouleversante.
Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal sont impressionnants. Les seconds
rôles aussi. Prisoners
marque une étape cruciale dans le domaine du Thriller, prouvant
qu'il est encore possible de réaliser des œuvres sans pour autant
en faire des tonnes en matières de visuel. Ici, on a presque parfois
l'impression qu'il ne se passe rien. Et c'est peut-être ce qui a
dérangé les quelques personnes qui n'ont pas aimé le film.
Pourtant, en se donnant la peine de faire un effort même si l'on
n'est pas un fervent admirateur de ce genre de cinéma, Prisoners
possède un immense pouvoir d'attraction que ses deux heures et demi
ne doivent surtout pas effrayer les moins patients d'entre nous. Un
chef-d’œuvre...
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