Note : La mouture
visionnée ici est basée sur une version polonaise sous-titrée en
français sur laquelle a été superposée en direct la voix d'une traductrice
russe. Il se peut donc que la vision de l’œuvre ait été quelque
peu altérée par cette déconcertante combinaison...
En 1793, un étrange
personnage pénètre un cloître polonais afin d'en libérer le
prisonnier Jakub avant que l'armée prussienne ne débarque.
Curieusement, l'étranger semble connaître d'avance les événements
qui vont survenir dans les minutes qui viennent. En effet, l'ennemi
ne tarde pas à arriver et c'est à un massacre auquel assistent les
nonnes, l'une d'entre elles étant sauvée in-extremis par
l'étranger. Fuyant l'horreur sur le dos d'un cheval, Jakub et la
nonne se réfugient dans la forêt où les retrouve l'étrange.
Jakub ne sait rien de cet
homme qui l'a sauvé, sauf qu'il semble être doté d'omniscience.
Alors, Jakub accepte de faire tout ce que lui conseille cet étrange
guide. Il retrouve sa fiancée mais pour découvrir qu'elle va
bientôt épouser un autre homme. Il retourne dans la demeure
familiale mais trouve son père mort, depuis deux semaines, d'une
balle dans la tête. Sa sœur, bouleversée, doit épouser un homme.
Jakub, toujours grâce à l'étranger qui lui a sauvé la vie,
découvre que sa mère est toujours en vie et qu'elle vent ses
charmes pour subvenir à son existence.
Partout où se rend
Jakub, c'est la décadence et la déchéance. La Pologne dépérit...
Un an après La
Troisième Partie de la Nuit, Andrzej Zulawski tourne Le
Diable.
Une œuvre qui d'un point de vue sensoriel en met plein la vue et les
oreilles. Ce n'est certes pas ce film qui réconciliera les
anti-Zulawski avec le cinéaste mais il faut l'avouer, son œuvre
possède une force visuelle et auditive bluffante qui mettra sans
doute mal à l'aise ceux qui ne sont pas coutumiers de ce genre de
mise en scène.
Tout
dans Le Diable
transpire la folie. Il n'y a pas un plan où ne se libèrent une
certaine cacophonie verbale et la danse vertigineuse d'actrices et
d'acteurs sous l'effet d'une transe organisée par on ne sait quel
procédé. Andrzej Zulawski semble, comme à ce qui deviendra son
habitude, filmer dans l'urgence. Pas un instant de repos. Juste une
volonté de donner le vertige aux spectateurs avec une caméra qui
tourne aussi bien sur elle-même qu'autour des personnages.
Les
acteurs semblent au moins autant en transe que ceux du très étrange
Coeur de Verre
de Werner Herzog et certains passage sont dignes des plus
impressionnantes scènes de l'extraordinaire Les
Diables
de Ken Russel.
N'en
déplaise à ceux que rebute ce genre de cinéma, il exerce malgré
toute l'horreur qu'il peut générer dans l'esprit des plus émotifs
en matière de mise en scène et de montage, une certaine attraction.
Des moqueries sans doute aussi pour tous ceux qui traduiront par des
termes comme « pitreries » ou « singeries »,
les agissement en perpétuelle agitation des actrices et acteurs du
film.
Malgorazata
Braunek (sœur de Jakub) rappellera aux fans de Zulawski la
traumatisante Iwona Petry du non moins terrifiant Chamanka
réalisé en 1996. Quand à cet étranger dont on ne sait finalement
pas grand chose, il personnifie le malin, qui de son instrument
libéré du cloître dans lequel il était enfermé, va semer mort et
désolation. La bande-son (signée par...?) , elle mélange, elle,
expérimentations sonores et krautrock pour un résultat assez
déconcertant. Une belle réussite...
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