Né le 4 janvier 1920 et
décédé quatre-vingt onze années plus tard le 29 octobre 2011,
Robert Lamoureux fut tour à tour acteur, réalisateur, scénariste
et même poète ou parolier. Il laissa derrière lui un très
important héritage artistique, écrivant des poèmes et des
chansons, montant sur les planches de théâtre, écrivant diverses
pièces, jouant des dizaines de rôles au cinéma, participant à
l'élaboration d'une vingtaine de scénarii et réalisant lui-même
sept longs-métrages dont la célèbre trilogie La septième
compagnie.
Robert Lamoureux consacra d'ailleurs sa carrière de réalisateur
exclusivement à la comédie. Même lorsqu'il commence à s'attaquer
au premier volet de sa fameuse trilogie intitulé Mais
où est donc passée la septième compagnie ? dont
l'action se situe en juin 1940 lors de la débâcle. Lors de sa
sortie en salle, le film approche les quatre millions d'entrée et
s'avère donc l'un des plus grand succès de l'année 1973 en
obtenant la troisième place du classement des films français.
Robert Lamoureux s'écarte alors un temps de la comédie de guerre
puisque l'année suivante sort sur les écrans de cinéma son
quatrième long-métrage, Impossible pas
français.
En 1975, deux films réalisés par le cinéaste sortent en salle à
cinq mois d'intervalle. Deux œuvres prenant comme cadre la seconde
guerre mondiale. Après le succès de Mais où
est donc passée la septième compagnie ?
deux ans auparavant, on aurait pu penser que la prochaine comédie de
guerre de Robert Lamoureux ferait directement suite aux événements
situés dans le premier volet de ce qui deviendrait bientôt une
trilogie et pourtant... Alors que On a retrouvé
la septième compagnie
allait bien sortir en cette fin d'année 1975, c'est une toute
histoire qu'allait décider de nous raconter pour commencer le
réalisateur. Abandonnant ses mythiques protagonistes au profit de
tous nouveaux personnages, Robert Lamoureux se lance donc dans le
projet Opération Lady Marlène.
Un choix délicat, étonnant même, puisque l'on pouvait supposer
qu'il profiterait immédiatement du succès de Mais
où est donc passée la septième compagnie ? pour
lui donner une suite. Il faudra donc patienter quelques mois et
profiter d'ici là de cette rocambolesque mais néanmoins courageuse
aventure mettant principalement en scène Michel Serrault dans le
rôle de Paulo et Bernard Ménez dans celui de Clovis...
Deux
français qui chacun à leur manière font de la résistance face à
l'envahisseur allemand. L'un pratique le marché noir et fourni à
celles et ceux qui normalement ne peuvent se le permettre de quoi se
nourrir. Profitant ainsi des alertes durant lesquelles les français
se cachent dans les caves pour s'introduire chez eux et leur dérober
des victuailles. L'autre est un ancien soldat au service du
commandant Moulinot (Pierre Tornade qui, une fois encore, reprend du
service et gagne un grade en comparaison de celui dont il bénéficiait
dans Mais où est donc passée la septième
compagnie ?).
Ne supportant ni la présence allemande, ni les collaborateurs, il a
la gifle facile et la distribue à quiconque a le malheur d'être du
côté de l'envahisseur. Les deux hommes, qui jusque là ne se
connaissaient pas se rencontrent dans le métro parisien lors d'un
accrochage entre Clovis et un ''collabo''. Dès lors, ils ne vont
plus se quitter et vont même être chargés d'une mission par un
général interprété par Robert Lamoureux lui-même :
l'opération Lady Marlene... À vrai dire,
Opération Lady Marlène
n'est pas vraiment une comédie de guerre puisque si même le récit
est intégré au temps de l'occupation et que l'on y voit
régulièrement des soldats allemands, contrairement à la trilogie
et la plupart des films du genre l'on n'y assiste jamais vraiment à
de quelconques affrontements entre français et allemands. Le
long-métrage a majoritairement été tourné dans la capitale. L'on
y découvre notamment le Champ de Mars, la Tour Eiffel, la Basilique
du Sacré-cœur, la rue de Rivoli, les Stations de Métro Gambetta et
Porte des Lilas ou bien même les toits de Paris ou ses égouts... Si
l'on devait comparer Opération Lady Marlène
et le premier volet de la trilogie La septième
compagnie,
la perte de qualité est notable. On assiste aux péripéties de nos
deux héros sans véritable entrain. Peu amusant, le duo fonctionne
nettement moins bien que le trio précédemment formé par Pierre
Mondy, Aldo Maccione et Jean Lefebvre. Et pourtant, dans le genre
comédie de guerre franchouillarde, le cinquième long-métrage de
Robert Lamoureux se situe très nettement au dessus de la plupart de
ses représentants. Même Bernard Ménez dont la présence à l'écran
est généralement synonyme de ''nanar'' voire de ''navet'' fait le
taf ! Bref, une comédie qui se laisse regarder... une fois,
mais certainement pas deux. Notons tout de même l'étonnante
présence dans le rôle de Georgette de l'actrice autrichienne, Sybil
Danning (Meteor
de Ronald Neame en 1979 ou Hurlements 2 de
Philippe Mora en 1985)...
Difficile de regarder de tels films, au-delà de leur qualité (ou pas), sans avoir un petit pincement au cœur devant les changements sociétaux, néfastes pour la plupart selon moi, survenus ces 50 dernières années... Certes, je sais bien que l'antienne du "c'était mieux avant" peut avoir quelque chose de désespérant et/ou annihilant mais tout de même...
RépondreSupprimer