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jeudi 3 août 2023

Opération Lady Marlène de Robert Lamoureux (1974) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

 

Né le 4 janvier 1920 et décédé quatre-vingt onze années plus tard le 29 octobre 2011, Robert Lamoureux fut tour à tour acteur, réalisateur, scénariste et même poète ou parolier. Il laissa derrière lui un très important héritage artistique, écrivant des poèmes et des chansons, montant sur les planches de théâtre, écrivant diverses pièces, jouant des dizaines de rôles au cinéma, participant à l'élaboration d'une vingtaine de scénarii et réalisant lui-même sept longs-métrages dont la célèbre trilogie La septième compagnie. Robert Lamoureux consacra d'ailleurs sa carrière de réalisateur exclusivement à la comédie. Même lorsqu'il commence à s'attaquer au premier volet de sa fameuse trilogie intitulé Mais où est donc passée la septième compagnie ? dont l'action se situe en juin 1940 lors de la débâcle. Lors de sa sortie en salle, le film approche les quatre millions d'entrée et s'avère donc l'un des plus grand succès de l'année 1973 en obtenant la troisième place du classement des films français. Robert Lamoureux s'écarte alors un temps de la comédie de guerre puisque l'année suivante sort sur les écrans de cinéma son quatrième long-métrage, Impossible pas français. En 1975, deux films réalisés par le cinéaste sortent en salle à cinq mois d'intervalle. Deux œuvres prenant comme cadre la seconde guerre mondiale. Après le succès de Mais où est donc passée la septième compagnie ? deux ans auparavant, on aurait pu penser que la prochaine comédie de guerre de Robert Lamoureux ferait directement suite aux événements situés dans le premier volet de ce qui deviendrait bientôt une trilogie et pourtant... Alors que On a retrouvé la septième compagnie allait bien sortir en cette fin d'année 1975, c'est une toute histoire qu'allait décider de nous raconter pour commencer le réalisateur. Abandonnant ses mythiques protagonistes au profit de tous nouveaux personnages, Robert Lamoureux se lance donc dans le projet Opération Lady Marlène. Un choix délicat, étonnant même, puisque l'on pouvait supposer qu'il profiterait immédiatement du succès de Mais où est donc passée la septième compagnie ? pour lui donner une suite. Il faudra donc patienter quelques mois et profiter d'ici là de cette rocambolesque mais néanmoins courageuse aventure mettant principalement en scène Michel Serrault dans le rôle de Paulo et Bernard Ménez dans celui de Clovis...


Deux français qui chacun à leur manière font de la résistance face à l'envahisseur allemand. L'un pratique le marché noir et fourni à celles et ceux qui normalement ne peuvent se le permettre de quoi se nourrir. Profitant ainsi des alertes durant lesquelles les français se cachent dans les caves pour s'introduire chez eux et leur dérober des victuailles. L'autre est un ancien soldat au service du commandant Moulinot (Pierre Tornade qui, une fois encore, reprend du service et gagne un grade en comparaison de celui dont il bénéficiait dans Mais où est donc passée la septième compagnie ?). Ne supportant ni la présence allemande, ni les collaborateurs, il a la gifle facile et la distribue à quiconque a le malheur d'être du côté de l'envahisseur. Les deux hommes, qui jusque là ne se connaissaient pas se rencontrent dans le métro parisien lors d'un accrochage entre Clovis et un ''collabo''. Dès lors, ils ne vont plus se quitter et vont même être chargés d'une mission par un général interprété par Robert Lamoureux lui-même : l'opération Lady Marlene... À vrai dire, Opération Lady Marlène n'est pas vraiment une comédie de guerre puisque si même le récit est intégré au temps de l'occupation et que l'on y voit régulièrement des soldats allemands, contrairement à la trilogie et la plupart des films du genre l'on n'y assiste jamais vraiment à de quelconques affrontements entre français et allemands. Le long-métrage a majoritairement été tourné dans la capitale. L'on y découvre notamment le Champ de Mars, la Tour Eiffel, la Basilique du Sacré-cœur, la rue de Rivoli, les Stations de Métro Gambetta et Porte des Lilas ou bien même les toits de Paris ou ses égouts... Si l'on devait comparer Opération Lady Marlène et le premier volet de la trilogie La septième compagnie, la perte de qualité est notable. On assiste aux péripéties de nos deux héros sans véritable entrain. Peu amusant, le duo fonctionne nettement moins bien que le trio précédemment formé par Pierre Mondy, Aldo Maccione et Jean Lefebvre. Et pourtant, dans le genre comédie de guerre franchouillarde, le cinquième long-métrage de Robert Lamoureux se situe très nettement au dessus de la plupart de ses représentants. Même Bernard Ménez dont la présence à l'écran est généralement synonyme de ''nanar'' voire de ''navet'' fait le taf ! Bref, une comédie qui se laisse regarder... une fois, mais certainement pas deux. Notons tout de même l'étonnante présence dans le rôle de Georgette de l'actrice autrichienne, Sybil Danning (Meteor de Ronald Neame en 1979 ou Hurlements 2 de Philippe Mora en 1985)...

mercredi 3 janvier 2018

Erotissimo de Gérard Pirès (1969)- ★★★★★★☆☆☆☆



Un an après la grande révolte de Mai 68 durant laquelle des grèves de grande ampleur et des manifestations ont eu lieu sort sur les écrans de cinéma français le premier long-métrage du cinéaste Gérard Pirès, Erotissimo. En vedette, la belle Annie Girardot, Jean Yanne, et Francis Blanche. En entame, les événements de Mai 68. Le film s'inscrit donc directement à l'issue des émeutes et propose une vision très moderne de l'émancipation de la femme à travers l'exploitation de son potentiel érotique par la presse et la publicité. Alors que Philippe (Jean Yanne) est contrôlé par l'inspecteur des finances Butor (Francis Blanche), ce riche PDG d'une entreprise spécialisée dans les accessoires pour bébés délaisse peu à peu son épouse (Annie Girardot), accaparé qu'il est par ce polyvalent qui va, dès lors, éplucher la totalité de ses comptes professionnels et personnels. Sur le ton de l'humour, Erotissimo décline le scénario écrit à six mains par Nicole de Buron, Gérard Pirès et Pierre Sisser sur un mode tout à fait étonnant. En roue libre, le long-métrage ressemble à un collage plus ou moins cohérent de scènes aux multiples aspirations. Du couple qui se délite sous le poids des responsabilités du président directeur général d'une entreprise, jusqu'au questionnement de son épouse qui se demande devant la distance prise par son mari si elle est encore à la hauteur.

Arrive alors à point nommé la réponse à ses turpitudes : la femme moderne se doit d'être sexy. Et même si dehors, certains haranguent les épouses délaissées et refusent l'image de ces femmes soumises au dictât du mâle et des médias, Annie va tout faire pour se reconquérir Philippe.Nouvelle coiffure, passage obligé chez l'esthéticienne, nouvelles robes. Le ravalement de façade une fois accompli, c'est avec désespoir qu'au retour de Philippe, Annie constate que rien n'a changé. Obsédé par le contrôle fiscal dont il est l'objet, le mari ignore sa femme. Aiguillée par une amie dont les avis sont plus ou moins avisés, Annie ne sait plus quoi faire pour attirer l'attention de Philippe. A moins qu'un amant...

Erotissimo, presque cinquante ans après sa sortie, continuera de demeurer un objet filmique non identifié. Ou presque puisque derrière un humour pas toujours immédiat, Gérard Pirès dresse le portrait d'un couple miné par les responsabilités de l'époux. La vie professionnelle prenant le dessus sur la vie privée, ça n'est certes pas nouveau, mais à revoir ce film datant de 1969, année très érotique sublimée en son temps par un certain Serge Gainsbourg qui apparaît justement à la sortie d'un cinéma porno, le style contemporain de l'époque paraît avoir bien vieilli. Les chemises à fleurs ont disparu. Du moins, celles à la mode en cette période très près-Woodstock, festival qui accueillera un demi million d'adeptes de musique folk et rock deux mois après la sortie du long-métrage de Gérard Pirès. Une œuvre contestataire qu'aurait pu finalement réaliser lui-même Jean Yanne, surtout qu'il réalisera lui-même quelques brûlots contestataires particulièrement jouissifs dont le scandaleux (pour l'époque), Tout le Monde il est Beau, Tout le Monde il est Gentil.
Erotissimo est aussi l'occasion aujourd'hui pour l'amateur, de retrouver des gueules bien connues du grand et du petit écrans : Rufus dans le rôle du comptable de Jean Yanne, l'acteur italien Venantino Venantini dans celui de (l'amant) Sylvio, les animateurs Jacques Martin et Fabrice, les chanteurs Nicole Croisille, Jacques Higelin et Serge Gainsbourg, donc, ou encore Daniel Prevost et jacques Balutin.

Le montage est parfois ultra-nerveux. Les situations sont souvent pittoresques. Annie Girardot est magnifique (le film est l'occasion de la voir porter une grande panoplie de robes), Jean Yanne toujours aussi savoureusement bougon, Francis Blanche délicieusement retors. Une œuvre sur le couple, ses déchirements (ici traités sur un ton beaucoup moins triste que n'aurait pu le laisser supposer le sujet), les médias, la société. Un long-métrage incongru, atypique, contemporain en son temps, mais aujourd'hui, quelque peu anachronique. A voir pour son originalité et ses interprètes...

samedi 9 septembre 2017

Nos Amies les Bêtes : Fritz the Cat de Ralph Bakshi (1972) - ★★★★★★★☆☆☆



Imaginez un monde dans lequel vivent en une seule fratrie, des individus de toutes espèces. Chats, chiens, corbeaux, chevaux, lapins, rats, avec, cependant, quelques coutumes les différenciant. Un univers marginal, dans un quartier new-yorkais où la consommation d'herbe et de sexe sont la norme et où la colère commence à se faire sentir chez les noirs, opprimés par une police. Grondant, enflant comme un ballon de baudruche prêt à exploser, il ne manque plus qu'un leader pour que la guerre soit déclarée. Et ce leader, cet agitateur ivre de découvertes, d'expériences inédites, c'est Fritz. Non, vous ne rêvez pas, il s'agit bien d'un chat. De gouttière s'il vous plaît. Pas vraiment blanc, ni tout à fait noir. En fait, juste la couleur qu'il faut pour n'avoir pas à se confondre avec telle ou telle communauté et pourtant, il choisira son camp. Celui des oppressés. De cette communauté que les flics, des porcs aux yeux et aux dents jaunes chassant les consommateurs de sexe et d'herbe dans les rues d'un New-York bientôt en proie aux flammes et à la violence.
Fritz the Cat est une œuvre anticonformiste écrite et réalisée par Ralph Bakshi surtout connu dans le domaine de l'animation. Il s'inspire ici du personnage créé par l'auteur de bande dessinée Robert Crumb au tout début des années soixante-dix. Pauvre, le réalisateur veut marquer le coup et transgresser le genre en s'opposant à l’œuvre d'un Walt Disney ayant envahi les chaumières. Ennuyeux, ce dernier ? En tout cas, Ralph Bakshi veut goutter à autre chose. Oser comme le personnage qu'il va mettre en scène, des expériences inédites, quitte à se mettre un paquet de monde sur le dos. Il choisit donc d'adapter Fritz the Cat de Robert Crumb. Mais pour cela, il faut l'autorisation de son auteur. C'est donc en compagnie du producteur Steve Krantz et de l'auteur de la bande dessinée que Ralph Bakshi fait la tournée des bars de New-York. Contrairement à toute attente, Crumb accepte que le réalisateur adapte son œuvre au cinéma mais refuse cependant de signer le moindre contrat. Bakshi s'en mordra les doigts, clamant alors que Crumb est un vrai pourri. Un escroc. Qui gueule contre le réalisateur de Fritz the Cat pour avoir fait le film. Cependant, l'épouse de Crumb ayant des droits sur les contrats de son époux et ayant signé celui concernant le projet d'adaptation, Ralph Bashki est autorisé à tourner Fritz the Cat à son compte.

Un monument de contre-culture dans lequel les juifs, les noirs, les blancs, les flics, la religion, l'autorité et les politiques en prennent pour leur grade. S'inscrivant dans un contexte brûlant. Celui des nombreuses émeutes qui se sont déroulées dans les années soixante et notamment celle qui est survenue à partir du 2 juillet 1964 après qu'un jeune noir ait été tué par un flic qui n'était pas en service dans le quartier de Harlem. Ralph Bakshi s'amuse ensuite de cette trop grande hypocrisie dégénérant déjà à l'époque, ces jeunes donzelles invoquant leur ouverture d'esprits, faussement éprises par la cause des noirs mais qui devant l'accès à certains interdits traqués par la police vont exploser leurs valeurs et se fourvoyer dans le stupre et la consommation d'alcool. Une partie fine à quatre, organisée par un Fritz en rut, dans la salle de bain d'un tripot, propriété d'un ami rat (d'où l'idyllique vision d'un univers ou même les pires ennemis au monde peuvent vivre ensemble dans une certaine quiétude), se transformant en une orgie interraciale incontrôlée et enfumée où planer se vit au sens propre. Reproduisant à l'identique certains pâtés de maisons de Harlem, Ralph Bashki propose un spectacle foisonnant d'idées, tours à tours psychédéliques, funky, irrévérencieuses, survoltées, et toujours sur un ton familier. Un langage ordurier à ne pas mettre devant toutes les oreilles pour une œuvre qui s'adressait d'ailleurs davantage aux adultes qu'aux enfants. Immature, Fritz, l'obsédé sexuel, le consommateur d'herbe néophyte, l poète urbain, ce révolutionnaire s'amuse et se joue des événements, prenant la fuite dès que cela se gâte. C'est lourd, vulgaire, pas toujours très sain pour l'esprit, mais bon dieux, que cela fait du bien. D'autant plus que Fritz the Cat est parfois parcouru de visions franchement remarquables et excellemment doublé en français. Notamment par Rogel Carel dont la responsabilité fut de donner vie au personnage principal. A noter également la présence de Jacques Balutin dans le doublage du policier Sammy. A voir, pour ne pas mourir bête !
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