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samedi 9 septembre 2017

Nos Amies les Bêtes : Fritz the Cat de Ralph Bakshi (1972) - ★★★★★★★☆☆☆



Imaginez un monde dans lequel vivent en une seule fratrie, des individus de toutes espèces. Chats, chiens, corbeaux, chevaux, lapins, rats, avec, cependant, quelques coutumes les différenciant. Un univers marginal, dans un quartier new-yorkais où la consommation d'herbe et de sexe sont la norme et où la colère commence à se faire sentir chez les noirs, opprimés par une police. Grondant, enflant comme un ballon de baudruche prêt à exploser, il ne manque plus qu'un leader pour que la guerre soit déclarée. Et ce leader, cet agitateur ivre de découvertes, d'expériences inédites, c'est Fritz. Non, vous ne rêvez pas, il s'agit bien d'un chat. De gouttière s'il vous plaît. Pas vraiment blanc, ni tout à fait noir. En fait, juste la couleur qu'il faut pour n'avoir pas à se confondre avec telle ou telle communauté et pourtant, il choisira son camp. Celui des oppressés. De cette communauté que les flics, des porcs aux yeux et aux dents jaunes chassant les consommateurs de sexe et d'herbe dans les rues d'un New-York bientôt en proie aux flammes et à la violence.
Fritz the Cat est une œuvre anticonformiste écrite et réalisée par Ralph Bakshi surtout connu dans le domaine de l'animation. Il s'inspire ici du personnage créé par l'auteur de bande dessinée Robert Crumb au tout début des années soixante-dix. Pauvre, le réalisateur veut marquer le coup et transgresser le genre en s'opposant à l’œuvre d'un Walt Disney ayant envahi les chaumières. Ennuyeux, ce dernier ? En tout cas, Ralph Bakshi veut goutter à autre chose. Oser comme le personnage qu'il va mettre en scène, des expériences inédites, quitte à se mettre un paquet de monde sur le dos. Il choisit donc d'adapter Fritz the Cat de Robert Crumb. Mais pour cela, il faut l'autorisation de son auteur. C'est donc en compagnie du producteur Steve Krantz et de l'auteur de la bande dessinée que Ralph Bakshi fait la tournée des bars de New-York. Contrairement à toute attente, Crumb accepte que le réalisateur adapte son œuvre au cinéma mais refuse cependant de signer le moindre contrat. Bakshi s'en mordra les doigts, clamant alors que Crumb est un vrai pourri. Un escroc. Qui gueule contre le réalisateur de Fritz the Cat pour avoir fait le film. Cependant, l'épouse de Crumb ayant des droits sur les contrats de son époux et ayant signé celui concernant le projet d'adaptation, Ralph Bashki est autorisé à tourner Fritz the Cat à son compte.

Un monument de contre-culture dans lequel les juifs, les noirs, les blancs, les flics, la religion, l'autorité et les politiques en prennent pour leur grade. S'inscrivant dans un contexte brûlant. Celui des nombreuses émeutes qui se sont déroulées dans les années soixante et notamment celle qui est survenue à partir du 2 juillet 1964 après qu'un jeune noir ait été tué par un flic qui n'était pas en service dans le quartier de Harlem. Ralph Bakshi s'amuse ensuite de cette trop grande hypocrisie dégénérant déjà à l'époque, ces jeunes donzelles invoquant leur ouverture d'esprits, faussement éprises par la cause des noirs mais qui devant l'accès à certains interdits traqués par la police vont exploser leurs valeurs et se fourvoyer dans le stupre et la consommation d'alcool. Une partie fine à quatre, organisée par un Fritz en rut, dans la salle de bain d'un tripot, propriété d'un ami rat (d'où l'idyllique vision d'un univers ou même les pires ennemis au monde peuvent vivre ensemble dans une certaine quiétude), se transformant en une orgie interraciale incontrôlée et enfumée où planer se vit au sens propre. Reproduisant à l'identique certains pâtés de maisons de Harlem, Ralph Bashki propose un spectacle foisonnant d'idées, tours à tours psychédéliques, funky, irrévérencieuses, survoltées, et toujours sur un ton familier. Un langage ordurier à ne pas mettre devant toutes les oreilles pour une œuvre qui s'adressait d'ailleurs davantage aux adultes qu'aux enfants. Immature, Fritz, l'obsédé sexuel, le consommateur d'herbe néophyte, l poète urbain, ce révolutionnaire s'amuse et se joue des événements, prenant la fuite dès que cela se gâte. C'est lourd, vulgaire, pas toujours très sain pour l'esprit, mais bon dieux, que cela fait du bien. D'autant plus que Fritz the Cat est parfois parcouru de visions franchement remarquables et excellemment doublé en français. Notamment par Rogel Carel dont la responsabilité fut de donner vie au personnage principal. A noter également la présence de Jacques Balutin dans le doublage du policier Sammy. A voir, pour ne pas mourir bête !

1 commentaire:

  1. Je pensais à ce film il n'y a pas si longtemps, j'étais ado quand je l'ai vu. J'ai ensuite eu l'occasion de voir "Sausage Party" que ma fille de sept ans avait eu l'idée saugrenue d'emprunter à la médiathèque où les produits de supermarché remplacent les animaux de New York : un truc vulgaire et grossier, à ras des pâquerettes dont le seul péché de lourdeur est de jouer démagogiquement sur la question religieuse (Dieu comme illusion consolatrice : ce n'est pas l'idée qui me déplaît, loin de là, c'est juste qu'elle est devenue banale, malgré le regain d'intérêts par ces fous qui mettent aujourd'hui le monde à feu et à sang)... Je ne sais pas si c'est le film (d'animations) en lui-même qui m'a fait rire ou si c'est le fait que ma fille de sept ans ait été attiré par ce DVD (sans rien y comprendre) : un peu des deux sans doute. Ca fait sans doute du bien car cela fait un petit temps déjà que je me dis que les dessins animés ont perdu de leur folie (genre Shrek) pour devenir aussi sirupeux et convenu que n'importe quelle comédie dite romantique (surtout quand elle est vêlée par les studios hollywoodiens) (les moues des personnages de dessins animés qui miment à la perfection les moues artificielles-réalistes des acteurs en chair et en os (c'est d'ailleurs ce que j'avais reproché au stop-motion Anomalysa.

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