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vendredi 19 mai 2023

Blood on her Name de Matthew Pope (2019) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Tout commence dans un garage grisâtre, tâché d'huile de moteur et sur le sol duquel gît le corps d'un homme, la tête ensanglantée, entouré d'une mare de sang qui rappelle le liquide qui quelques secondes auparavant s'échappait d'un bidon d'huile. À ses côtés, une femme, le visage meurtri, les yeux hagards, désemparée. Elle prononce un prénom : Ryan ! Mais personne ne lui répond. Elle se saisit d'une clé anglaise, celle qui vient de mettre un terme à l'existence de l'homme qui à quelques centimètres demeure inerte, les yeux encore grands ouverts. Que faire ? Deux options se présentent. Appeler les urgences ou faire disparaître le corps. Dehors, il pleut. Le rideau du garage, relevé, donne sur l'extérieur où la pluie s'est mise à tomber. Leigh Tiller (l'actrice Bethany Anne Lind) s'approche, hésitante, puis baisse le rideau.. On comprend alors que la jeune femme a choisi la seconde option. Entourant le corps d'une bâche en plastique, Leigh place le corps dans sa voiture et l'emporte jusqu'au bord d'un étang, l'installe dans une barque, choisi de le faire disparaître dans les profondeurs lorsque la sonnerie du téléphone de la victime retentit... Nous n'en saurons pas plus puisque Blood on her Name de Matthew Pope passe de cette séquence nocturne sous tension au lendemain matin. Leigh, alors, se dévêtit, pleure sous la douche puis prend son petit déjeuner. On découvre que Leigh est la mère d'un fils (Jared Ivers dans le rôle de Ryan) dont le père est en taule et qui lui-même a eu des soucis avec la justice puisqu'il doit honorer de sa présence des rendez-vous réguliers auprès d'un agent de probation. Écrit par le réalisateur lui-même ainsi que par Don M. Thompson, Blood on her Name envisage le meurtre sous l'angle de la légitime défense. Mais ce qui paraît tout d'abord vraisemblable s'accompagne de détails troublants. Pourquoi Leigh choisit de cacher l'existence d'une vidéo qui pourrait corroborer le fait qu'elle aurait été agressée par un junkie ? Il y a en revanche des mensonges qui se justifient très clairement. Mentir sur le fait que l'homme s'est enfui est une manière de ne pas inquiéter davantage Ryan qui fut donc témoin de la présence de l'inconnu avant de fuir sur les conseils de sa mère...


Blood on her Name est un thriller dont l'un des principaux intérêts repose sur le portrait de cette jeune femme qui élève seule son fils. Fragile mais possédant suffisamment de caractère pour savoir comment gérer la situation. Du moins est-ce le sentiment qu'offre son personnage durant un temps. Le long-métrage de Matthew Pope s'inscrit dans le registre du néo-noir et traîne sa légion de personnages ambigus qui dans une grande majorité paraissent vivre sur le tribu d'un lourd passé. La plupart d'entre eux est typé ''redneck'', de même que le personnage de Richard Tiller (excellent Will Patton), père de Leigh et shérif de son état qui après avoir quitté l'uniforme se trimballe dans sa vieille baraque un t-shirt souillés ! Ambiance poisseuse délivrée par une colorimétrie généralement terne accentuée par un pourcentage de pluviométrie élevé et par cette relative descente aux enfers que vit l'héroïne, le réalisateur et son scénariste n'oublient pas d'injecter au récit quelques éléments participant à cette tension sourde qui mine l'héroïne. De ces petits détails que l'on rencontre dans ce genre de production, telle ce collier que Leigh a égaré et qu'elle craint avoir laissé auprès du cadavre de l'homme qu'elle a tué en tout début de récit. Bethany Anne Lind livre une belle performance, entre violence refoulée, crises de panique, effusions, tandis qu'autour d'elle tout part en vrille. Véritable symptôme du crime non prémédité, Blood on her Name détaille avec une jubilation contenue une accumulation d'erreurs qui confirment bien que le métier de Leigh est garagiste et non pas meurtrière ! En forme de cerise sur le gâteau, Matthew Pope nous offre au bout d'une heure de long-métrage un twist relativement inattendu. Blood on her Name fait partie de cette vague de films dont le curseur du pessimisme est poussé jusque dans ses derniers retranchements. Sans atteindre les cimes de Série noire d'Alain Corneau, Bad Lieutenant d'Abel Ferrara, MR 73 d'Olivier Marchal ou de 7h58 ce samedi-là de Sidney Lumet, Blood on her Name reste une sympathique alternative et un premier film encourageant...

 

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