Tout commence dans un
garage grisâtre, tâché d'huile de moteur et sur le sol duquel gît
le corps d'un homme, la tête ensanglantée, entouré d'une mare de
sang qui rappelle le liquide qui quelques secondes auparavant
s'échappait d'un bidon d'huile. À ses côtés, une femme, le visage
meurtri, les yeux hagards, désemparée. Elle prononce un prénom :
Ryan ! Mais personne ne lui répond. Elle se saisit d'une clé
anglaise, celle qui vient de mettre un terme à l'existence de
l'homme qui à quelques centimètres demeure inerte, les yeux encore
grands ouverts. Que faire ? Deux options se présentent. Appeler
les urgences ou faire disparaître le corps. Dehors, il pleut. Le
rideau du garage, relevé, donne sur l'extérieur où la pluie s'est
mise à tomber. Leigh Tiller (l'actrice Bethany Anne Lind)
s'approche, hésitante, puis baisse le rideau.. On comprend alors que
la jeune femme a choisi la seconde option. Entourant le corps d'une
bâche en plastique, Leigh place le corps dans sa voiture et
l'emporte jusqu'au bord d'un étang, l'installe dans une barque,
choisi de le faire disparaître dans les profondeurs lorsque la
sonnerie du téléphone de la victime retentit... Nous n'en saurons
pas plus puisque Blood on her Name
de Matthew Pope passe de cette séquence nocturne sous tension au
lendemain matin. Leigh, alors, se dévêtit, pleure sous la douche
puis prend son petit déjeuner. On découvre que Leigh est la mère
d'un fils (Jared Ivers dans le rôle de Ryan) dont le père est en
taule et qui lui-même a eu des soucis avec la justice puisqu'il doit
honorer de sa présence des rendez-vous réguliers auprès d'un agent
de probation. Écrit par le réalisateur lui-même ainsi que par Don
M. Thompson, Blood on her Name
envisage le meurtre sous l'angle de la légitime défense. Mais ce
qui paraît tout d'abord vraisemblable s'accompagne de détails
troublants. Pourquoi Leigh choisit de cacher l'existence d'une vidéo
qui pourrait corroborer le fait qu'elle aurait été agressée par un
junkie ? Il y a en revanche des mensonges qui se justifient très
clairement. Mentir sur le fait que l'homme s'est enfui est une
manière de ne pas inquiéter davantage Ryan qui fut donc témoin de
la présence de l'inconnu avant de fuir sur les conseils de sa
mère...
Blood on her Name
est
un thriller dont l'un des principaux intérêts repose sur le
portrait de cette jeune femme qui élève seule son fils. Fragile
mais possédant suffisamment de caractère pour savoir comment gérer
la situation. Du moins est-ce le sentiment qu'offre son personnage
durant un temps. Le long-métrage de Matthew Pope s'inscrit dans le
registre du néo-noir et traîne sa légion de personnages ambigus
qui dans une grande majorité paraissent vivre sur le tribu d'un
lourd passé. La plupart d'entre eux est typé ''redneck'', de même
que le personnage de Richard Tiller (excellent Will Patton), père de
Leigh et shérif de son état qui après avoir quitté l'uniforme se
trimballe dans sa vieille baraque un t-shirt souillés !
Ambiance poisseuse délivrée par une colorimétrie généralement
terne accentuée par un pourcentage de pluviométrie élevé et par
cette relative descente aux enfers que vit l'héroïne, le
réalisateur et son scénariste n'oublient pas d'injecter au récit
quelques éléments participant à cette tension sourde qui mine
l'héroïne. De ces petits détails que l'on rencontre dans ce genre
de production, telle ce collier que Leigh a égaré et qu'elle craint
avoir laissé auprès du cadavre de l'homme qu'elle a tué en tout
début de récit. Bethany Anne Lind livre une belle performance,
entre violence refoulée, crises de panique, effusions, tandis
qu'autour d'elle tout part en vrille. Véritable symptôme du crime
non prémédité, Blood on her Name détaille
avec une jubilation contenue une accumulation d'erreurs qui
confirment bien que le métier de Leigh est garagiste et non pas
meurtrière ! En forme de cerise sur le gâteau, Matthew Pope
nous offre au bout d'une heure de long-métrage un twist relativement
inattendu. Blood on her Name fait
partie de cette vague de films dont le curseur du pessimisme est
poussé jusque dans ses derniers retranchements. Sans atteindre les
cimes de Série noire
d'Alain Corneau, Bad Lieutenant
d'Abel Ferrara, MR 73
d'Olivier Marchal ou de 7h58 ce samedi-là
de Sidney Lumet, Blood on her Name
reste une sympathique alternative et un premier film encourageant...
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