''D'après les
archives AUTHENTIQUES du père Gabriele Amorth, exorciste en chef du
Vatican''. Ben, on se doute bien
que si le film s'inspire d'archives, c'est qu'elles sont forcément
authentiques, non ? Ce qui en gros revient à dire que
L'exorciste du Vatican
s'inspire de faits réels. Un concept vieux comme le monde et qui ne
repose désormais plus que sur une certaine idée du marketing. Le
problème avec ce genre d'affirmation, c'est qu'elle va devoir
directement entrer en conflit avec ce que le long-métrage aura
formellement l'obligation d'offrir aux spectateurs. Surtout ceux
friands d'horreur et de fantastique. William Friedkin nous avait déjà
fait le coup avec la toute mignonne Regan qui descendait les
escaliers de la demeure familiale telle une horrible araignée à
quatre pattes (!?!), certes, mais dont la tête opérait également
une rotation à trois-cent soixante degrés. On imagine mal que celle
du jeune Robbie Mannheim qui servit à l'époque de source
d'inspiration ait connue un tel sort ! Aussi faible qu'un addict
au chocolat devant la vitrine d'une boutique Jeff
de Bruges,
j'ai craqué. J'y suis allé. Tout d'abord sur les conseils
habituellement judicieux d'un ami, m'enfermant dans une salle obscure
avec, tout de même un gros doute provoqué par une bande-annonce qui
m'avait plutôt fait rire par l'absurdité de certaines séquences
qui y étaient mises en scène ! Ensuite, parce que le Diable est
tout de même plus exaltant que Dieu lui-même. Non ? En tête
d'affiche, l'acteur Russell Crowe possède en outre un tel charisme
que l'on pouvait un instant croire qu'il pourrait nous faire oublier
la formidable incarnation de Max Von Sydow dans le chef-d’œuvre ô
combien traumatisant que réalisa William Friedkin un demi-siècle
auparavant...
Autant
être très clair sur un point : L'exorciste
du Vatican
manque cruellement d'émotion. Le réalisateur Julius Avery, auteur
en 2018 du surestimé Overlord
notamment produit par J.J.Abrams
semble totalement se désolidariser de ses personnages. D'un
classicisme absolu, on retrouve le sujet de la mère de famille (Alex
Essoe dans le rôle de Julia) dont l'époux est décédé, contrainte
de se coltiner une adolescente mal dans sa peau (Laurel Marsden dans
celui d'Amy) et un fils (l'acteur Peter DeSouza-Feighoney dans la
peau d'Henry) qui n'a pas dit un mot depuis la mort de son père.
Tout cela n'est développé qu'en l'espace de deux ou trois phrases.
Le réalisateur ne s'embarrasse pas de la moindre caractérisation et
jette cette famille directement au cœur de ce récit où le Diable
va bien évidemment profiter des faiblesses du gamin pour le
posséder. Grouillant d'ellipses, le long-métrage reprend peu ou
prou la plupart des séquences de L'exorciste.
La comparaison est pourtant rude. Alors que William Friedkin prenait
son temps afin que le spectateur s'imprègne de ses personnages et
finisse par y être attaché, ici, c'est tout l'inverse qui se
produit. Si la famille met quelques temps à apparaître à l'image,
il faudra moins de vingt-quatre heure pour qu'elle s'installe dans
une ancienne abbaye (une présence en un lieu particulièrement
lugubre qui selon la mère, justifie sont besoin de ''souffler''!),
que surviennent d'étranges bruits, que l'on constate que sa fille
mériterait des gifles matin, midi et soir, que le gamin se retrouve
possédé, qu'il subisse des examens médicaux ou qu'un prêtre tente
d'intervenir ! Et moins de vingt-quatre heures, cela veut dire
ici en temps réel, moins de six minutes. Le fait que le film
s'inspire de faits-réels devient totalement superficiel...
Oser,
ça n'est pas contrairement à ce que tentent de nous faire croire la
plupart des longs-métrages de ce type, de multiplier les Jump
Scares,
les visions d'horreur, les scène gore, les éléments fantastiques
ou les effets-spéciaux. Le vrai risque, le seul qui aurait été
bénéfique au long-métrage, aurait été justement de faire dans la
sobriété. Afin que le fond et la forme se rejoignent et non pas que
l'on tente de nous faire avaler toutes ces pilules selon lesquelles,
ce qui apparaît à l'écran s'est réellement produit ! Parmi
les remarques les plus navrantes que l'on puisse faire au sujet du
film se situe celle concernant cette volonté à peine voilée de
reproduire le long-métrage de William Friedkin à la sauce 2023.
C'en devient pathétique. L'exorciste du Vatican
reprend parfois mot pour mot les échanges qui eurent lieu entre
Regan et le père Gabriele Amorth, reproduit certaines séquences
emblématiques comme les stigmates corporels (les inscriptions sur le
torse, les griffures sur les bras ou le visage), la voix
d'outre-tombe du possédé, etc, etc, etc... Sauf qu'ici tout est
revu à la baisse et n'est même pas capable d'être ne serait-ce
qu'au niveau d'une œuvre qui aligne pourtant cette année les
quarante-neuf ans d'existence ! Notons tout de même quelques
séquences plutôt sympathiques, comme la visite de catacombes ainsi
qu'un design général et une photographie plutôt convaincants. Par
contre, il va falloir s'accrocher si l'on ne veut pas rire aux éclats
face à certains dialogues proférés en outre par le démon. Le
doublage est sidérant et l'on regrette finalement que le film n'ait
pas été entièrement projeté en langue latine comme lors de
certains échanges. Inutile d'espérer ressentir le grand frisson.
Certains passages s'avèrent tellement grotesques que l'on reste,
pantois et sourire au lèvres, totalement indifférent aux événements
qui se déroulent devant nos yeux. Daniel Zovatto incarne un père
Esquibel au charisme de ''Tata''
et à mille lieues du père Damien Karras qu'interprétait à
l’époque Jason Miller. Ne parlons même pas de Russell Crowe dont
l'absence d'expressivité laisse à penser qu'il fut atteint d'une
paralysie faciale durant le tournage ! Bref, on ne conseillera
L'exorciste du Vatican ni
aux spectateurs qui ont de la bouteille dans le domaine, ni aux
novices qui voudraient se faire la main pour la première fois sur ce
genre de sujet... Une film totalement bâclé !
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